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Le phénoménal Malmédien de 48 ans est l’un des derniers pilotes aussi à l’aise sur piste qu’en rallye.

Inutile de lui demander combien de voitures différentes il a déjà pilotées, il est incapable de répondre. Ce genre de statistiques ne le passionne guère, pas plus qu’il ne veut savoir à combien de courses il a participé. Inutile alors d’évoquer le nombre de ses victoires. Et si on l’interroge sur l’épreuve la plus importante pour lui, il rétorque avec un large sourire :  » La prochaine !  »

Marc Duez est ainsi. Un phénomène à plus d’un titre. L’homme d’abord : bien éduqué, propre sur lui, intelligent, celui que ses amis appellent Le grand est aussi à l’aise face au PDG d’une grande société qu’accoudé à un comptoir avec sa garde rapprochée. Il a toujours le mot pour rire et sait mieux que quiconque dérider l’atmosphère. Simplement, il adapte ses blagues à son auditoire… Avec lui, une marque ou un sponsor joue gagnant à coup sûr, d’autant qu’il est connu aux quatre coins de la planète automobile.

L’homme, toujours : avec son épouse Florence, il a adopté un petit Sud-Américain aux yeux aussi noirs que la chevelure. Si le bambin a un prénom, Yan, tout le monde dans le paddock l’appelle Montoya comme le pilote colombien. C’est le surnom que lui a donné son père dès son arrivée en Europe et il lui est resté.

L’homme encore : Marc a connu une très sévère alerte cardiaque en 2003. Opéré en urgence à Monaco, il avoue lui-même être passé tout près… Il en ressort plus fort mentalement et évoque l’épisode avec humour :  » Il fallait songer à un entretien de la mécanique, les toubibs l’ont bien fait mais il était plus que temps…  »

Un phénomène, disions-nous. C’est vrai aussi au plan sportif tant Marc Duez reste le porte-drapeau d’une espèce en voie de disparition, les champions de l’éclectisme aussi à l’aise sur piste qu’en rallye.

Peut-être serait-il allé plus loin s’il avait opté clairement pour une discipline. Mais ce n’est pas le genre de la maison. De lui, Thierry Tassin a dit un jour :  » Si on organisait une course au volant de vieilles Ford Taunus sur les avenues du Bois de la Cambre, Duez serait imbattable…  » Allusion très claire aux étonnantes facultés d’adaptation de l’Ardennais volant (il est né à Verviers il y a 48 ans mais a passé toute sa jeunesse au Mont Rigi, au-dessus de Malmedy).

S’il débute son parcours au volant de petites monoplaces û il fut lauréat du volant Pilette û c’est pourtant sur les routes enneigées des Boucles de Spa que Marc signe son premier résultat marquant. Personne ne le connaît mais il persuade Ove Anderson, le patron du Team Toyota Europe, de lui confier une Celica officielle pour l’édition 1978 du rallye spadois. Il s’y classe cinquième dans des conditions délicates ce qui incite Gilbert Staepelaere, la référence belge de l’époque, à le tester sur l’Escort de Ford-Belgique dans quelques épreuves.

 » La M3 : bruit fabuleux, en travers partout, le public adorait… et j’en remettais  »

S’il continue de s’aligner en circuit, son avenir semble plus prometteur dans les compétitions routières. Il brille sur une Porsche 911 avant d’hériter en 1983 d’une Audi Quattro, l’arme absolue. Trois ans plus tard, il porte les couleurs MG. Pas de chance pour lui, Malcolm Wilson est aussi dans la man£uvre :  » Contre un Anglais dans un team anglais, je n’avais pas une chance…  » Qu’à cela ne tienne, le Duze (encore un surnom) joue la carte BMW et déchaîne les passions lors de quelques rallyes mondiaux en 1989 :  » La M3 faisait un bruit fabuleux et elle était en travers partout, le public adorait… et j’en remettais un peu « .

C’est le début d’une longue association avec le pétrolier belge Fina qui va lui ouvrir les portes du team Toyota dont il devient le metteur au point attitré :  » J’ai pris le volant de voitures dont jamais personne n’a entendu parler et suis progressivement devenu plus essayeur que pilote « . On le retrouvera dans le même rôle quelques années plus tard chez Seat.

Parallèlement, Marc poursuit une belle carrière de pistard :  » Je crois être le seul à avoir été sous contrat pour deux usines du calibre de Toyota et BMW durant la même saison « . Il doit pourtant attendre 1997 pour gagner enfin sa course, les 24 Heures de Spa où il avait déjà fini quatre fois au deuxième rang. Il l’emportera encore en 1998 puis en 2001 lors de la première édition réservée aux GT.

Il doit être le champion du monde des doubles tours d’horloge : Spa, Le Mans, Daytona, Nürburgring, Zolder, il a tout connu et tout essayé, jusqu’aux 24 H de Chamonix (sur glace), de Spa en 2 CV (avec une victoire à la clé) et les 25 H VW Fun Cup. Tout récemment, il a brillé à Francorchamps au volant de la Corvette qu’il partageait avec le Hollandais Jos Menten et on devrait le retrouver à Zolder dans deux semaines sur une voiture de pointe. Il ne néglige pas le rallye pour autant puisqu’il pilote régulièrement une Porsche dans nos épreuves nationales. Et à l’applaudimètre, il gagne chaque fois haut la main !

Eric Faure

 » J’ai souvent pris LE VOLANT DE VOITURES dont jamais personne n’avait entendu parler « 

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