TOUT BIEN RÉFLÉCHI

Alors qu’on le croyait en partance pour Israël, le deuxième buteur du championnat a finalement débarqué au Parc Astrid.

Le mois de juillet était déjà bien entamé lorsque le transfert de Mémé Tchité (22 ans) du Standard à Anderlecht fut entériné. Le départ de Sclessin de cet attaquant rapide et percutant était dans l’air depuis un certain temps, mais on ne s’attendait pas vraiment à ce qu’il prenne la direction du Parc Astrid. Le Sporting avait-il vraiment besoin de ce joueur pour lequel il a déboursé 1,5 million d’euros, alors qu’il disposait déjà dans son effectif d’éléments aux caractéristiques relativement similaires, comme Serhat Akin – il est vrai blessé – et Mbo Mpenza ? A-t-il, comme certains le prétendent, voulu déforcer son plus sérieux concurrent de la saison dernière ? En fait, Anderlecht a toujours été intéressé par les bons joueurs. Et, avec Mbark Boussoufa et Mémé Tchité, il a attiré chez lui le Footballeur Pro de l’Année et le deuxième buteur du défunt championnat. Depuis son arrivée, en 2003, au Standard, Tchité a disputé 57matches et inscrit 21 buts en championnat.

L’ancien Standardman a fait la connaissance de ses nouveaux partenaires en Autriche, alors que ceux-ci se trouvaient déjà en plein stage de préparation. Il joué son premier match amical à Verviers, face aux néo-promus allemands d’Alemannia Aix-la-Chapelle qui donnèrent la leçon aux Bruxellois. Le processus d’intégration, dans le groupe et dans le système de jeu, vient à peine d’être enclenché…

D’abord l’aspect sportif

Comment se déroule votre intégration ?

Mémé Tchité : Normalement, elle suit son cours. Je m’adapte progressivement. Il y a quelques différences avec le mode de fonctionnement du Standard, mais elles ne sont pas aussi sensibles qu’on pourrait l’imaginer.

Le style de jeu du Sporting est différent également. Pensez-vous qu’il vous conviendra ?

On verra. Pour l’instant, il est trop tôt pour l’affirmer. J’essaierai de me plier aux directives de l’entraîneur et je ne perdrai pas de vue que l’essentiel, c’est l’équipe, pas une individualité. Cela dit, comme tout footballeur, j’aspire à me retrouver sur le terrain. Je suis venu pour jouer, quelle que soit la concurrence.

Qu’est-ce qui vous a guidé vers Anderlecht ?

L’aspect sportif, principalement. Et les perspectives d’avenir que m’offraient ce club. J’ai longuement réfléchi, j’ai pesé le pour et le contre, et j’en suis arrivé à la conclusion qu’un transfert vers le Sporting constituait la meilleure solution. Au Standard, il me restait un an de contrat. Rester une année supplémentaire, ce n’était peut-être pas l’idéal. A partir de là, il fallait faire le meilleur choix possible : Israël ? Anderlecht ?

Prolonger au Standard n’était pas possible ?

Je ne sais pas. Mais, en fin de saison dernière, je me suis blessé au genou. Je me suis fait soigner et j’ai fait ce que j’étais en mesure de faire, compte tenu de mon état physique. Puis, des possibilités se sont présentées, et voilà.

La première possibilité, c’était le Beitar Jérusalem ?

Exactement. Mais ce n’était pas la seule.

On peut savoir quelles étaient les autres ?

Je préfère garder cela pour moi. Quelle importance cela a-t-il, puisque je n’y ai pas donné suite. Disons que le Beitar Jérusalem était la possibilité la plus concrète. Pour d’autres, il fallait atten-dre un peu.

Passer du Standard en Israël, aurait-ce été une promotion sportive ?

Peut-être pas, mais cela en aurait été une au niveau de la durée du contrat. Mais, à partir du moment où Anderlecht s’est présenté, la question ne s’est plus posée.

Pas une star

La fin de championnat ratée du Standard, et les attaques de certains supporters à l’égard de Dominique D’Onofrio après la perte du titre, ont-elles aussi influencé votre décision ?

Non, cela n’a rien à voir. Qu’on ait terminé deuxième et pas premier, cela fait partie du football. Ce n’était pas encore la bonne année pour que le Standard, c’est tout. Quant aux attaques qui ont visé D’Onofrio : c’est regrettable mais elles ne sont pas à la base de mon départ. En 2005, déjà, plusieurs clubs s’étaient intéressés à moi, mais puisque, à l’époque, il me restait encore deux ans de contrat, je n’avais aucune raison de me précipiter. J’étais très bien à Sclessin et je pouvais voir venir. Cette fois, la situation était différente.

Vous semblez très préoccupé par le fait de ne pas arriver en fin de contrat. Avez-vous besoin d’être rassuré sur votre avenir ?

Je n’aime pas me prendre la tête et être obligé de me tracasser pour mon avenir. Imaginez qu’il ne me reste plus qu’un an de contrat et que je me blesse au cours de cette saison : qui voudra encore de moi, dans un an ?

Avez-vous un plan de carrière ?

Ma trajectoire, ce n’est pas moi qui la dessinerai, de toute façon. Je crois en dieu et je pense que c’est dieu qui décidera de mon destin.

Ces deux dernières années, dieu vous a plutôt bien guidé : il y a un an, vous n’étiez pas une priorité pour le Standard et votre nom avait déjà été cité avec insistance au Brussels. Mais vous avez choisi de rester et vous avez crevé l’écran. Aujourd’hui, vous vous retrouvez à Anderlecht : incroyable, non ?

Je ne me plains pas. Mais ma belle saison avec le Standard ne m’a pas surpris. J’ai eu la chance d’être longtemps épargné par les blessures et j’ai travaillé comme il le fallait. Mon travail a été récompensé. Quant à savoir pourquoi Anderlecht s’est présenté : ce n’est pas à moi qu’il faut poser la question. Parce que j’ai inscrit 16 buts la saison dernière ? Je laisse à chacun le soin de se faire une opinion. Je ne suis pas une star, simplement un joueur comme un autre.

Au Standard, vous étiez l’attaquant n°1 sur lequel toute l’équipe comptait pour inscrire des buts. A Anderlecht, vous ne serez qu’un attaquant parmi cinq ou six autres.

Cela ne m’ennuie pas. Je suis un footballeur et je dois me plier aux règles d’un sport collectif. Et si, un jour, je me retrouve sur le banc, je devrai l’accepter. Je fais partie d’une équipe et je suis venu pour apporter ma pierre à l’édifice.

Le titre, objectif n°1

Pensez-vous devenir le meilleur buteur du championnat ?

Je suis incapable de répondre à cette question. On saura en mai qui sera le meilleur buteur du championnat.

Mais c’est votre objectif ?

Mon objectif, c’est surtout de remporter le titre.

Ce serait le premier titre de votre carrière ?

Non, j’avais déjà été champion avec mon club de Prince Louis, au Burundi. J’avais aussi été meilleur buteur, meilleur joueur et révélation de l’année. Mais c’était en Afrique, ce n’est pas pareil.

Participer à la Ligue des Champions, c’est aussi un rêve qui se réalise ?

Poser la question, c’est y répondre. C’est le rêve de tout footballeur. Il y a deux ans, j’avais participé à la Coupe de l’UEFA. Mais la Ligue des Champions, c’est encore un niveau supérieur.

Y a-t-il un club particulier que vous rêvez d’affronter, un stade dans lequel vous brûlez d’envie de jouer ?

Peu m’importe l’adversaire. Je regarde surtout ma propre équipe. J’aimerais gagner le plus de matches possibles, aller un peu plus loin que le Sporting l’a fait ces dernières années.

Lorsqu’un joueur passe du Standard chez le grand rival anderlechtois, cela ne laisse jamais les supporters indifférents.

Certains supporters comprendront ma décision, d’autres pas. Lorsque je retournerai à Sclessin avec le maillot mauve, certains auront peut-être une réaction hostile à mon égard, mais pour l’instant, je ne m’en préoccupe pas.

Etant donné le départ de Tosin Dosunmu pour l’étranger, vous avez disputé la Supercoupe et le premier match de championnat avec le ballon doré dans le dos. Quel sentiment cela vous a-t-il procuré ?

Cela ne m’a fait ni chaud, ni froid. J’ai surtout revêtu le maillot d’Anderlecht, c’était l’essentiel. Après cela, qu’il y avait un ballon doré ou pas dans le dos, c’était un détail.

Pensez-vous toujours prendre la nationalité belge ?

Oui, je l’envisage de plus en plus sérieusement. Etre Belge, cela peut être très intéressant, et pas uniquement pour revêtir le maillot des Diables Rouges. D’ailleurs, ce n’est pas parce que je serai Belge que, du jour au lendemain, René Vandereycken va me convoquer.

Est-ce aussi l’une des raisons qui vous a incité à rester en Belgique, plutôt que de partir en Israël ou ailleurs ?

Ce n’était pas la raison principale, mais lorsque j’ai affirmé que j’ai longuement pesé le pour et le contre avant de prendre ma décision, on peut penser que c’est un élément dont j’ai également tenu compte, en effet. Mais bon : puisque je réside déjà en Belgique depuis trois ans, j’aurais parfaitement pu demander la naturalisation belge et partir en Israël malgré tout.

DANIEL DEVOS

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