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Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon

J’attendais ça depuis longtemps. Me permettre d’utiliser le titre du dernier livre de Jean-Paul Dubois. L’opportunité se présente. Rendre hommage à ce romancier qui embellit ma vie depuis plus de trente ans. Un auteur qui vous claque la vie telle qu’elle est. Crûment, cyniquement, justement. Cette vie qui vient de nous claquer quelques superbes reprises de volée pleine lucarne. Ces lucarnes en forme de trous noirs dans lesquels notre monde disparaît.

Le transfert de Lionel Messi est une fois de plus la preuve devenue irréfutable que le foot est devenu comme le reste de la vie. Une vaste égoïsterie où les riches font ce qu’ils veulent, imposent leur capitalisme de voyous, contournent les règles pour ne vouer culte qu’au Dieu Pognon. Quoique du côté de Paris, en passant par l’antichambre qatarie, Dieu se prononce Messi. Maintenant qu’il est en France, son nom prend encore plus d’évidence.

Cela dit, avec l’Argentin, on met des patins sur nos gros sabots. Messi met tout le monde d’accord. Avec lui, on a envie de parler foot. Un mec qui parvient à tirer des larmes de joie à des egos nommés Neymar, Sergio Ramos et cie est au-dessus de tout. Sa venue les fait rêver autant que les supporters parisiens. Désormais, ces stars seront des starlettes. Contentes de l’être. Vivre dans l’ombre de Messi, c’est rester dans la lumière divine.

En Espagne, par contre, on rentre dans la nuit noire. Messi quitte le Barca, mais aussi la Liga. Ce championnat déjà plombé par les dettes abyssales de ses grands clubs va perdre de sa valeur. Chapeau aux dirigeants espagnols d’avoir eu le courage de cette décision. Tous les clubs vont en souffrir.

Tout le contraire de la Ligue 1. Un championnat lui aussi très proche de la faillite et qui voit avec l’arrivée d’un seul être son ciel s’éclaircir. Les présidents de l’élite française font la fête depuis une semaine. Les droits TV qu’ils réclamaient étaient démesurément prétentieux. Avec Leo, ils deviennent crédibles.

Le Qatar dirige le foot mondial. Ce petit État était entré dans ce sport par une porte nommée Barça. Il n’hésite pas maintenant à le piller pour s’offrir un portail doré qui ouvre la grande parade qui mène à la Coupe du monde. On reparlera d’autres fois de cette indécence.

Mais maintenant, prenons de la hauteur, de la largeur et de l’épaisseur. Parlons de Rom’… Qui nous confirme que tous les chemins (ra)mènent à Londres. Capitale anglaise redevenue capitale de l’Europe du foot en juin dernier en remportant la Ligue des Champions. Romelu revient dans un club qu’il avait découvert et quitté sur la pointe des pieds.

Il revient dans un championnat qu’il avait piétiné de sa puissance avant de le quitter sur la pointe de sa frustration. Celle liée à José Mourinho, celui qui l’avait déjà poussé vers la sortie à Chelsea et qu’il avait rejoint contraint et contrarié du côté de Manchester United. Alors que Lukaku voulait déjà signer à Chelsea. Il revient en Premier League en seigneur, en buteur, que dis-je, en empereur. Ce transfert semble arranger tout le monde, sauf bien sur ceux qui étaient l’essentiel, mais qui sont devenus accessoires. Les supporters. Intéristes, en l’occurrence.

Pour le reste, les patrons chinois récupèrent plus de cent millions d’euros. Romelu, orphelin d’ Antonio Conte quitte un championnat dans lequel il n’a déjà plus rien à prouver. Pour venir mettre les choses au point avec Chelsea. Notre compatriote revient dix ans plus tard à Stamford Bridge pour dix fois plus d’argent. Le travail paye.

Et donc, il n’est plus le même joueur. Il a élargi sa palette de talent, ce qui va permettre à Thomas Tuchel d’élargir sa palette de jeu. Car il est bien évident que Romelu n’arrive pas pour remplacer Olivier Giroud… sur le banc. Non, Chelsea va jouer avec un vrai 9. Qui, quand il se nomme Lukaku, est bien plus que ça.

Mais ça aussi, on en reparlera.

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