Tous les chevaux se dopent-ils?

Comment Me Laurent Denis va-t-il organiser la défense de Jean-François Gillet? « Nous ne contesterons pas le résultat du test effectué. Le rapport du CONI (le comité olympique italien) a été analysé par le Professeur Xavier Sturbois qui est membre du comité olympique international et par le Docteur Damien Garitte, médecin de l’équipe nationale belge. Le premier a constaté que le rapport était conforme et avait été rendu en bonne et due forme. Mais l’histoire physiologique de Jean-François Gillet atteste que le joueur est sain. Par exemple, il n’a pas pris de poids au cours des quatre dernières années et sa musculature n’a pas évolué de manière fracassante. Le Dr. Garitte fournira une attestation prouvant que Jean-François Gillet n’a aucun antécédent et ne prend aucun produit interdit. Qu’a-t-il pu se passer pour que l’on ait trouvé des traces de nandrolone dans son urine? La nandrolone a pu être produite naturellement par le corps, bien que le taux soit relativement élevé.

Nous allons soumettre le joueur à d’autres tests, qui seront effectués par des laboratoires agréés et reconnus par les instances sportives, notamment le test capillaire et le prélèvement sanguin qui pourraient apporter des précisions. Comment le corps a-t-il pu produire de la nandrolone? Plusieurs hypothèses existent.

D’abord, le fait que Jean-François Gillet a été soumis, depuis qu’il est en Italie, à des entraînements très intensifs dans un climat qui n’est pas le sien pourrait expliquer un taux plus élevé que la normale. Il peut avoir développé un stress physique hors du commun. Par ailleurs, il a souffert d’une grippe intestinale durant la semaine qui précédait le match incriminé. Il était fort déshydraté et a ingurgité de l’eau sucrée, ainsi que d’autres médicaments que lui a administré le médecin du club. Actuellement, il y a un doute sur les médicaments qui lui ont été donnés, mais nous attendons que l’on nous fournisse d’autres précisions à ce sujet car nous ne voulons pas, pour l’instant, nous retourner contre le club de Bari ».

Que va-t-il se passer maintenant? « La première étape est l’audition de ce jeudi 3 mai devant la commission anti-doping », poursuit Me Laurent Denis. « Je n’y assisterai pas parce que l’audience sera basée sur des faits médicaux plutôt que sur le droit. Mon client, assisté par Maîtres Contamessa et D’Alselio, y développera la thèse d’une production naturelle, complétée du cas de la maladie qui a précédé le match. Un avis sera rendu endéans les cinq à dix jours, puis il sera appelé devant la commission disciplinaire de la fédération italienne. Ce n’est que si la sanction disciplinaire lui était infligée était trop lourde que nous nous retournerions éventuellement contre le club de Bari. Le Professeur Xavier Sturbois a coutume de dire: -Les chevaux dopés sont déclassés, mais tous les chevaux se dopent-ils? Nous pourrions aller devant la justice ordinaire, car la loi italienne est différente du règlement de la fédération italienne. La loi italienne pose d’autres conditions qui ne sont pas remplies dans le cas de Jean-François Gillet ».

Actuellement, le gardien de l’équipe nationale Espoirs est suspendu préventivement. « Cette suspension sera prise en compte lors de l’application de la suspension définitive. Imaginons, par exemple, qu’il soit suspendu durant six mois. Cela équivaudra à six mois, moins ce qu’il a déjà purgé à titre préventif ».

A ce propos: suspendre quelqu’un préventivement, n’est-ce pas contraire à la présomption d’innocence? « Si, tout à fait, et c’est un argument que je me réserve si nous devions aller jusqu’en justice ordinaire », affirme Me Laurent Denis. « Je peux comprendre qu’une sanction de quinze jours, par exemple, puisse servir à protéger la santé du joueur et présenter un intérêt qui soit supérieur au débat contradictoire, mais cette sanction ne doit pas dépasser les quinze jours ».

Le fait qu’autant de joueurs du championnat d’Italie soient actuellement contrôlés positifs à la nandrolone suscite-t-elle une réflexion? « Ce que je vais dire peut paraître choquant, mais j’estime qu’un sportif de haut niveau ne peut pas fournir à répétition des efforts très intenses sans des soins adéquats. Le débat concerne le niveau auquel il faut fixer la norme. En Allemagne, le taux admis est de 7. En Italie, il est de 2 pour les hommes et de 5 pour les femmes. Il faudrait arriver à une uniformité ». (D. Devos)

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