Tous derrière les Diables !

Depuis la victoire sur les Pays-Bas, la fièvre rouge s’est emparée de la Belgique. La demande de tickets pour le prochain match de qualification est plus élevée que jamais, comme si cette rencontre face à nos voisins, certes très belle mais amicale tout de même, avait exorcisé les frustrations accumulées au long de ces dernières années. Car cela fait cinq ans qu’on parle de génération en or. En 2007, les Espoirs avaient atteint les demi-finales du Championnat d’Europe aux Pays-Bas. Et un an plus tard, à Pékin, l’équipe olympique s’était à nouveau hissée dans le dernier carré. Dans l’euphorie, on avait sans doute oublié qu’il ne s’agissait cependant que de tournois de jeunes et qu’il fallait donc tout relativiser.

Depuis l’été 2008, pas mal d’eau a coulé sous les ponts. Soixante-neuf joueurs ont été alignés en équipe nationale. Dont trente-cinq nouveaux. Mais les résultats sont restés en deçà des espérances. On n’a cessé de s’étonner de tous ces joueurs qui brillaient à l’étranger mais n’arrivaient pas à prendre leurs responsabilités chez les Diables. Sans doute parce que, dans leurs clubs respectifs, ils n’étaient que des serviteurs et non des piliers. Aucun d’entre eux ne semblait avoir les dispositions d’un leader, cette génération semblait constituée de gamins gâtés aux égos surdimensionnés. Il fallait un connaisseur comme Dick Advocaat pour les ramener sur terre mais en matière de résultats, rien ne changea.

Ce match face aux Pays-Bas a-t-il tout changé ? Il ne fait aucun doute que cette équipe regorge de talent. Elle en a peut-être même trop ou, en tout cas, elle possède trop de joueurs du même type. Lors des deux premiers matches sous la direction de Marc Wilmots, face au Monténégro et en Angleterre, on avait surtout pointé un manque de profondeur. Les joueurs avaient trop tendance à décrocher au lieu de chercher les espaces. C’était peut-être dû, également, au style de jeu de l’adversaire mais ce n’est pas une excuse suffisante.

Face aux Pays-Bas, l’équipe a soudain retrouvé l’équilibre, elle a réussi à allier finesse technique et engagement physique, vitesse et vision de jeu, course et esprit d’équipe. Certains ont parlé de prestation de niveau mondial et, pour la première fois depuis longtemps, on a eu l’impression que tout le pays était derrière les Diables. Marc Wilmots calme le jeu et on ne peut que lui donner raison, même s’il semble un peu se forcer. Le sélectionneur est heureux de voir que le bloc sur lequel il insiste est présent et que sa philosophie, toute simple, est adoptée : chacun doit tirer à la même corde et au même moment. Mais il sait aussi qu’il faudra conserver l’unité du groupe. Par le passé, trop de joueurs ont joué les stars et leur comportement puéril a nui à la progression de l’équipe. On va voir si, malgré les louanges, ils parviennent à rester au service de l’équipe.

Car les deux prochains matches vont déterminer l’avenir des Diables Rouges. Vendredi, aux Pays de Galles, ils seront accueillis par un adversaire solide qui possède quelques excellents joueurs mais dont les défenseurs pratiquent toujours un football à l’anglaise d’un autre temps. Les Croates, eux, sont plus raffinés et les deux rencontres n’auront que peu de points communs.

Marc Wilmots, qui ne veut pas s’accrocher à un seul système, doit faire les bons choix. Pour lui aussi, les choses sérieuses débutent maintenant. Il lui faudra également camoufler les lacunes : l’absence de bons défenseurs latéraux et d’un attaquant de pointe de classe internationale. Aux autres postes, il a l’embarras du choix, même s’il lui faudra du tact et de la psychologie pour écarter des joueurs qui se pensent titulaires à part entière.

Avec quatre ans de retard, on va enfin savoir si l’avenir de la Belgique est prometteur. Les jeunes talents ont mûri, de nouveaux joueurs sont arrivés, le fait de jouer à l’étranger leur a permis de repousser leurs limites, le dernier mercato a démontré que cette tendance se poursuit. Mais un mauvais départ remettrait tout cela en cause et obligerait l’équipe à se lancer dans une course-poursuite sur la route du Brésil. L’euphorie ferait alors place à la tristesse et le match face aux Pays-Bas n’aurait été qu’une parenthèse.

PAR JACQUES SYS

 » Cette équipe a du talent. Peut-être même trop. « 

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