Toujours prête

La jeune distributrice veut susciter l’intérêt des scouts à l’EURO d’Athènes.

L’équipe nationale féminine de basket qui participera à partir de vendredi au Championnat d’Europe en Grèce s’articule autour de deux figures de proue : Ann Wauters (deux fois Joueuse Européenne de l’Année et un palmarès impressionnant avec Valenciennes) et la jeune distributrice Kathy Wambe (active dans le championnat de France avec Villeneuve-d’Ascq).

Si la première a fait l’impasse, cet été, sur le championnat américain de WNBA auquel elle avait participé à deux reprises avec Cleveland pour tenter l’aventure du championnat sud-coréen avec Samsung Séoul, la seconde est revenue déçue d’une expérience écourtée à Detroit. Contrairement au pivot flandrien, elle a donc participé à toute la préparation pour l’EURO. L’objectif que chacun s’est fixé en point de mire est la qualification pour les Jeux Olympiques de 2004, ce qu’aucun sport collectif belge n’a plus réussi depuis le hockey masculin en 1976 à Montréal. En fait d’objectif, il s’agit plutôt d’un rêve, car avec seulement trois qualifiés européens (plus la Grèce en tant que pays organisateur), la tâche s’annonce particulièrement ardue.

Que pouvons-nous raisonnablement espérer ?

KathyWambe: Il faut être réaliste : ce sera très difficile. Mais le simple fait d’être présent est déjà un bel exploit. Nous avons éliminé des équipes comme l’Italie et la Lituanie. En Grèce, nous n’aurons rien à perdre. Les adversaires auront peut-être tendance à nous sous-estimer. J’entends déjà, par mes amies d’outre-Quiévrain, que les Françaises nous prennent de haut. C’est très bien, on parviendra d’autant mieux à les surprendre. Il ne faut pas se voiler la face : dans notre groupe, la Russie et l’Espagne sont au-dessus du lot. Les matches contre la Hongrie, l’Ukraine et la République Slovaque seront donc cruciaux : ceux-là, on ne pourra pas les perdre. Un premier objectif est déjà de terminer parmi les quatre premiers de notre groupe de six, afin de participer aux quarts de finale. Après, on verra bien.

Hormis le tournoi de Courtrai, remporté voici dix jours contre l’Allemagne, les Pays-Bas et la Suède, les résultats en période de préparation n’ont pas été brillants. N’est-ce pas inquiétant ?

Non. Nous avons affronté des équipes comme l’Australie, vice-championne olympique, et la France, championne d’Europe en 2001. La défaite est logique face à ces formations-là.

Et puis, vous avez joué sans Ann Wauters…

Effectivement. Au tournoi de Lorient, nous avons aussi été battues par la République Slovaque, un concurrent direct à l’EURO, mais j’étais blessée ce jour-là. Nous n’étions pas encore prêtes. Personnellement, cela ne m’a pas dérangé d’avoir effectué la préparation sans Ann. Elle a participé au championnat sud-coréen et je comprends parfaitement son choix. On peut regretter d’avoir travaillé les systèmes de jeu sans notre pièce-maîtresse, mais avec elle, ce n’est pas compliqué : il suffit de lui donner le ballon et elle s’occupe du reste. En outre, elle focalise toujours l’attention de plusieurs adversaires. Cela libérera des options pour les autres joueuses. C’est difficile de déterminer la marge de progression dont dispose encore l’équipe nationale…

Dégoûtée à Detroit

Vous avez été choisie en 2002 par le club de Detroit mais pourquoi n’avez-vous pas encore participé à la NBA féminine ?

L’an passé, je devais être opérée au genou. Cette année, je me suis rendue aux Etats-Unis, mais cela s’est mal passé. Je suis restée à Detroit une semaine et demie : je n’aimais pas du tout. Déjà, comme j’avais disputé la finale de la Coupe de France, je suis arrivée là-bas en retard. Le groupe était formé et je n’ai jamais eu l’impression que les joueuses présentes étaient désireuses de m’accueillir. J’ai essayé de faire un pas vers elles, mais aucune n’a fait un pas vers moi. Je partageais mon appartement avec une autre fille qui ne m’a jamais adressé la parole. Le coach n’était plus celui qui m’avait choisie en 2002. J’avais le sentiment que le nouveau ne me connaissait pas. Aux entraînements, il feignait de m’ignorer. Pour ne rien arranger, Detroit est une ville industrielle dans laquelle je ne me sentais pas à l’aise. Une décision devait être prise le mardi au sujet de mon incorporation à l’équipe. Je n’ai pas attendu jusque-là : le dimanche soir, j’ai sauté dans l’avion du retour. Je ne compte pas rester sur un échec. Je compte bien retourner aux Etats-Unis lorsque j’aurai un peu  » grandi « . Je suis encore trop sensible au contexte dans lequel j’évolue. Lorsque je me sens mal dans ma peau, je ne parviens pas à bien jouer. Je devrais beaucoup moins me tracasser à propos de l’attitude des gens autour de moi, pour me concentrer exclusivement sur mon jeu. Cela viendra probablement avec l’âge.

Votre prochain objectif sera donc de franchir, d’abord, un palier supplémentaire à l’échelle européenne ?

Tout à fait. Je ne tiens pas à m’éterniser à Villeneuve-d’Ascq. C’est un bon club, déjà bien supérieur à ce que j’avais connu en Belgique, mais ce n’est pas le top. J’ai l’ambition d’aller le plus haut possible. J’ai déjà des propositions, mais un bon EURO pourrait encore accroître l’intérêt.

Et rejoindre Ann Wauters à Valenciennes ?

J’ai eu l’occasion de signer là-bas en décembre. Mon agent m’a conseillé de patienter. Mais en juin, Valenciennes n’avait plus besoin de moi. Je peux dire que j’ai été mal conseillée…

Monnayer sa carrière

Pourriez-vous vous adapter en Italie ou en Espagne ?

Je le pense. C’est l’Europe, c’est très différent de la mentalité américaine. Et puis, il faut que je ne tienne pas compte de ces considérations. Une carrière est courte, je dois la monnayer.

C’est une vision des choses très réaliste…

Je suis réaliste. Je ne le nie pas : l’aspect financier est important.

On peut donc bien gagner sa vie dans le basket féminin ?

Tout à fait. Pas en Belgique, évidemment. Mais, lorsqu’on peut évoluer dix ans à un certain niveau à l’étranger, on se retrouve sur le velours. Déjà, en France, c’est très bien. En WNBA, c’est encore mieux. J’ai déjà eu la chance d’avoir été draftée. Je dois absolument saisir l’occasion de repartir là-bas.

Vous semblez considérer un passage par la WNBA comme un sacrifice, plutôt que comme un plaisir…

Oui, parce que je dois me faire violence. Je dois m’endurcir car j’ai été trop habituée à la belle vie. Déjà, ce bref séjour aux Etats-Unis m’a ouvert les yeux. J’ai découvert des filles pour qui le basket représentait tout. Ce n’était pas mon cas. Entendons-nous : le basket est aussi un plaisir. J’adore jouer et j’ai la chance de gagner ma vie en faisant ce que j’aime. Mais, si j’ai la possibilité d’amasser un petit pactole, pourquoi devrais-je m’en priver ? Je n’ai pas envie de me lever tous les jours à 7 heures pour me rendre au bureau lorsque j’aurai terminé ma carrière.

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