Toujours faire le jeu

Le médian défensif et le meneur de jeu avaient été jugés insuffisants pour la D1.

Après avoir survolé le championnat de D2, Lommel se prépare à disputer la finale de la Coupe de Belgique face à Westerlo. C’est la première fois que le club entraîné par Harm van Veldhoven va aussi loin et l’occasion est donc belle de terminer en fanfare une saison fantastique. Quatre hommes sont à la base du retour en force des Campinois: le buteur Ibrahim Tankary, le bon vieux Mirek Waligora mais aussi et surtout le duo de l’Est composé de Richard Culek (27 ans) et Szolt Baranyos (25 ans). L’an dernier, le médian défensif tchèque et le meneur de jeu international hongrois (3 sélections) ont bien l’intention de démontrer qu’on s’est trompé sur leur compte.

Qui êtes-vous?

Richard Culek: Je suis originaire de Liberec et j’ai commencé signé ma première carte d’affiliation au Slovan, un club qui se classe derrière les plus grands. J’y ai parcouru la filière des équipes d’âge puis, après un passage par Besenov, je suis allé au FC Chemnitz, un club allemand de D2. J’avais alors 21 ans et j’ai signé un contrat de deux ans. J’y ai appris à devenir autonome et, bien que je gagnais vingt fois plus qu’avant, je n’ai pas signé là-bas pour l’argent. Mais une blessure au genou m’a fait perdre neuf mois et mon contrat n’a pas été prolongé. Je suis alors rentré à Liberec. La saison dernière, en cours de préparation, j’ai eu l’occasion d’effectuer un test à Lommel mais Jos Daerden a opté pour l’Anglais Mark Ford au poste de médian défensif.

Gaston Peeters, mon manager, m’a pourtant promis qu’on reparlerait de moi et il a maintenu le contact alors que j’évoluais aux Bohemians de Prague. L’été dernier, alors que je n’étais pas libre, il m’a proposé un contrat de deux ans et m’a demandé si j’avais encore envie de venir. Je n’ai pas hésité un seul instant car je suis très aventurier. La Belgique, c’était comparable à l’Allemagne. De plus, financièrement, c’était très intéressant. Je ne savais pourtant pas grand-chose de ce pays, si ce n’est que Roman Vonasek et Jan Koller évoluaient ici et que le niveau était bien plus élevé qu’en Tchèquie. Mais tout s’est bien passé.

Lommel est un club de D2 mais tout y est parfaitement réglé. De plus, les Belges sont très accueillants. C’était beaucoup plus froid à Chemnitz, une ville de l’ex-Allemagne de l’Est où règnaient la haine et les préjugés. Les joueurs africains, par exemple, avaient la vie dure. Le racisme et le nationalisme étaient omniprésents. Je me faisais souvent traité de sale Tchèque et je me sentais bien seul, loin de mes amis et ma famille.

Szolt Baranyos: J’ai été formé à Kispest Honved. J’avais envie d’un nouveau défi et j’ai signé un contrat de trois ans à Lommel mais ma femme et moi avons rapidement eu le mal du pays. Lei Clijsters ne comptait pas sur moi. De plus, le jeu était très rude et nous luttions constamment pour ne pas descendre. J’ai disputé 15 matches, c’était trop peu pour moi car j’ai besoin de beaucoup jouer et de sentir la confiance de l’entraîneur. J’ai donc préféré partir à Ferençvaros. J’y ai disputé presque tous les matches et j’ai participé à la Coupe de l’UEFA. Le club était également mieux structuré. C’est l’équivalent hongrois du Club Brugeois. Mais la direction de Lommel a décidé que je devais revenir car elle avait besoin d’un meneur de jeu.

Quel est votre rôle dans l’équipe?

Richard Culek: Je n’ai jamais joué en Bundesliga mais c’est un championnat basé sur la puissance et la course. Pas mon style. Je suis plutôt un technicien et un joueur qui s’engage. Voici peu, on m’a dit que l’entraîneur était un ancien médian défensif également. C’était sans doute un battant et cela joue peut-être en ma faveur (il grimace). Je suis très dur envers moi-même et je pense que je peux progresser au niveau de la vitesse d’exécution.

Ma tâche principale consiste à aider Szolt ou Wim Mennes. Szolt n’aime pas défendre alors que c’est peut-être ma qualité principale. C’est pourquoi nous travaillons chaque jour notre placement. C’est parfois difficile parce que j’aime bien monter. J’ai inscrit huit buts en championnat et quatre en coupe.

Szolt Baranyos: Je joue surtout sur ma technique et ma vista. Au début, c’était très difficile car j’étais marqué de très près. Aujourd’hui, je bouge davantage et l’équipe joue en partie en fonction de moi. Tout a mieux fonctionné à partir de la dixième journée. Le rythme n’était pas trop élevé et c’est mieux pour moi car j’ai le temps de soigner mes passes tandis que Richard travaille derrière. Je joue dans un fauteuil, quoi.

Comment joue Lommel?

Richard Culek: Nous avons été champions trop facilement. Pourtant, chaque adversaire était motivé et nous nous heurtions souvent à un mur. Heureusement, nous étions affûtés et nous disposions d’un groupe de 20 bons éléments qui sont restés concentrés jusqu’au bout car personne n’était sûr de sa place. Nous étions surtout très forts sur le plan offensif. Nous marquions facilement et les matches étaient souvent joués au repos. Notre défense n’était pratiquement jamais mise sous pression. Je regrette seulement que nous n’ayions jamais pu jouer un presing total.

Notre début de deuxième tour fut également plus difficile. Nous avons connu des problèmes de rythme. Le mauvais temps et l’état des terrains jouaient en notre défaveur. Nous ne nous sommes jamais comportés comme des vedettes. Chacun travaillait l’un pour l’autre. Ici, on n’accepte pas les attitudes de stars.

Szolt Baranyos: Turnhout possédait également une bonne équipe mais nous étions plus réguliers. Heureusement, nous n’avons joué qu’une saison en D2 car nous étions trop forts pour cette série, surtout dans l’axe central: Ibrahim Tankary devant, Richard Culek et moi au milieu, Michel Noben derrière. Nous n’avons jamais joué en fonction de l’adversaire et les dix derniers matches de championnat furent très faciles.

Comment voyez-vous la finale?

Richard Culek: Je ne sais pas si je vais la disputer car j’ai loupé les cinq derniers matches de championnat à cause d’une élongation au mollet. En Tchéquie, j’ai disputé une finale avec Liberec. Nous avions été battus par le Slavia Prague. Je suppose que la plupart des clubs de D1 que nous avons éliminés nous ont sous-estimés ( Ndlr : Alost 0-2, La Louvière 3-0, Lokeren 3-1 et Genk 2-1 et 1-1). Ces matches constituaient un baromètre idéal de notre progression. Même dans ces moments-là, nous sommes restés très offensifs. Nous nous sommes battus mais jamais repliés devant notre but. Tout le monde voulait montrer de quoi il était capable et nous étions tous très motivés. Cette fois encore, nous avons soif de victoire. Nous avons 50% de chances de l’emporter.Si nous perdons, pas de problème: notre saison est déjà réussie.

Szolt Baranyos: J’espère que nous ne payerons pas l’interruption entre la fin du championnat et la finale. Nous avons continué à nous entraîner au même rythme et nous avons disputé quelques matches amicaux. Nous devons y croire. Lommel n’a rien à perdre et nos chances de l’emporter sont égales. Nous pouvons laisser venir mais j’ai constaté, au cours des dernières semaines, que tout le monde avait besoin de repos. Nous ne sommes plus très frais dans la tête mais quand on se dit qu’une victoire pourrait très bien nous permettre d’affronter Barcelone la saison prochaine…

Comment voyez-vous l’avenir?

Richard Culek: Il faudra confirmer. Heureusement, nous ne devrons plus faire le jeu. Si nous continuons de la sorte, nous terminerons au milieu du classement. Je suis sous contrat jusqu’en 2004. Evidemment, il m’arrive de rêver d’une plus grande équipe mais il faut reconnaître ses limites.

Szolt Baranyos: Ce sera difficile. En D1, on joue mieux et plus vite. Il faudra se battre pendant 34 journées. Notre équipe manque peut-être de gabarits mais l’entraîneur le sait. Je suis très content d’avoir pu répondre à l’attente cette saison. Je n’ai plus l’impression d’avoir échoué. Mon contrat prend fin la saison prochaine. On verra…

Frédéric Vanheule

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