Le football était sa seule issue dans la vie : à l’âge de cinq ans, ses parents l’ont poussé dans un avion pour la France.

En 2004, il dispute la finale de la Coupe UEFA avec Marseille et est élu Joueur de l’Année en France. En 2005, il est champion d’Angleterre et remporte la Cup avec Chelsea. En 2006, il renouvelle son titre de champion d’Angleterre avec Chelsea, est élu Footballeur ivoirien et africain de l’année et dispute la finale de la Coupe d’Afrique des Nations avec la Côte d’Ivoire. A 29 ans, Didier Drogba présente déjà un palmarès impressionnant. Il peut encore l’étoffer en 2007 car, malgré les tensions internes, Chelsea est le seul club en mesure de barrer la route du titre à Manchester United. De plus, les Blues sont encore en course pour la Cup et s’apprêtent à disputer les quarts de finale de la Ligue des Champions face à Valence. Drogba est également l’actuel meilleur buteur de la Premier League. Mais qui est cette perle noire ?

Proche des Bleus

Sans son oncle, Michel Goba, la vie de Didier Drogba aurait sans doute pris une tout autre orientation. C’est lui qui a convaincu les parents de laisser leur fils jouer au football. Michel Goba avait bien gagné sa vie grâce à ce sport. Il avait joué à la pointe de l’attaque de quelques clubs français de D2 ainsi que de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire.

Drogba n’a que cinq ans lorsque son père et sa mère l’installent dans un avion pour Brest, où Oncle Michel joue à ce moment. Le petit Didier grandit donc aux côtés et sous la férule d’un footballeur professionnel. En 1986, il rentre en Côte d’Ivoire. Il n’a plus vu ses parents, ses frères et ses s£urs depuis trois ans mais est contaminé à vie par le virus du football. A Abidjan, dans le quartier populaire de Yopougon, il joue avec ses copains sous un maillot de l’Argentine que son oncle Michel lui a offert.

Aujourd’hui, lorsqu’il accorde une interview, il parle toujours avec emphase de ces belles années en Côte d’Ivoire : l’odeur de la purée de bananes que lui préparait sa maman, les bains dans la rivière Agnébi sous les pluies tropicales… Il est Africain avant tout et ne sent jamais aussi bien que lorsqu’il rentre au pays. Son oncle Michel affirme que, lorsqu’il était jeune, Didier était aussi le meilleur danseur du quartier. Le rythme, il l’a dans la peau. En équipe nationale, selon lui, seul Didier Zokora (ex-Genk, aujourd’hui à Tottenham) est plus populaire que lui. A le croire, en sélection, on ne fait que rire et chanter. Et c’est contagieux car, après avoir entendu les Eléphants dans leur vestiaire avant un match amical contre la France, Sylvain Wiltord demande à Drogba s’il ne pourrait pas, lui aussi, porter le maillot de l’équipe nationale ivoirienne.

Il s’en est pourtant fallu de peu pour que ce soit Drogba qui défende l’honneur des Bleus. Lorsqu’il était jeune, il songeait à demander la nationalité française mais, comme on ne l’avait jamais retenu en Espoirs, il laissa tomber cette idée. Tout profit pour la Côte d’Ivoire car, début 2006, Drogba emmène l’équipe vers la finale de la Coupe d’Afrique des Nations, où elle affronte l’Egypte d’ Ahmed Hassan. La décision tombe aux tirs au but (0-0 à l’issue du temps réglementaire), Drogba manque le sien et la Côte d’Ivoire s’incline (4-2).

Quelques mois plus tard, c’est pourtant lui qui inscrit, face à l’Argentine, le tout premier but ivoirien en phase finale d’une Coupe du monde. Les Ivoiriens ne franchissent pas le cap du premier tour mais ils quittent l’Allemagne la tête haute après deux courtes défaites face à l’Argentine et aux Pays-Bas (2-1) ainsi qu’une victoire sur la Serbie-Monténégro (3-2). Suspendu, Drogba ne dispute pas ce match mais fait la fête sur le banc. Il est fier de ses équipiers.

9 x plus cher que Daerden

Mais revenons à sa jeunesse, à Abidjan. En 1989, la Côte d’Ivoire connaît une crise économique importante et les parents de Didier perdent leur emploi. Ils décident donc d’envoyer, une nouvelle fois, le jeune Didier chez son oncle Michel. Une nouvelle fois, il part seul. Il s’affilie à Dunkerque où, à la grande colère de son oncle, on l’aligne au poste d’arrière droit.  » Tu dois jouer devant car, en football, seuls les attaquants comptent « , lui dit-il. Ces mots font leur effet car, quelques semaines plus tard, Tito joue en pointe.

En 1991, ses parents le rejoignent en France. Didier, qui est en principe un des meilleurs de sa classe, redouble pour la première fois son année. Ses parents sont fâchés et le privent de football pendant un an. En 1993, alors qu’il n’a que 15 ans, il signe à Levallois, où il s’entraîne sous les ordres de l’ex-international yougoslave Srebrenko Repcic. Celui-ci voit directement que le jeune Ivoirien a un talent hors du commun. En deux ans, il inscrit 30 buts chez les -17 ans. Cela lui vaut une place en équipe première de ce club qui évolue alors en D2. Mais le coach ne lui fait guère confiance et il croupit sur le banc. Il n’entre qu’une seule fois au jeu pendant 10 minutes : assez pour inscrire un but. En 1998, il passe au Mans, un autre club de D2. Il y joue pendant trois ans et demi, avec des hauts et des bas, se blesse et n’inscrit que 12 buts au total.

Au cours de l’hiver 2001, Guingamp (D1) met toutefois 150.000 euro sur la table pour acquérir les services de ce joueur de 23 ans.

Un bon investissement puisqu’il inscrit 20 buts en un an et demi. Bertrand Marchand, son entraîneur de l’époque, le compare aux meilleurs attaquants.  » Avec sa force de pénétration, sa puissance, son sens du but et sa mentalité, il me fait penser à des gars comme Thierry Henry et Marco Van Basten « , dit-il. L’étoile de Drogba commence à briller.

En 2003, Drogba passe pour six millions d’euros à Marseille, où Daniel Van Buyten est très populaire. Il ne rate pas son entrée et remplace rapidement Big Dan (qui partira d’ailleurs à Manchester City dans le courant de la saison) dans le

c£ur des supporters.

Avec 19 buts en championnat plus 11 en Coupe d’Europe, il est élu Joueur de l’Année en France. Avec Marseille, il dispute également la finale de la Coupe UEFA face à Valence. Un match perdu 2-0 et marqué par l’exclusion justifiée de Fabien Barthez.

L’histoire de Drogba en fait également un produit de marketing intéressant. Airness lui offre ainsi 150.000 euro par saison afin de promouvoir ses chaussures de football.

Bref, tout va très bien pour l’attaquant ivoirien qui jure fidélité à Marseille, le club de son c£ur, avant de se laisser séduire par Roman Abramovitch. Chelsea débourse 36 millions d’euros pour acquérir ses services. C’est neuf fois le prix payé par Bruges à Genk pour Koen Daerden…

Le Plongeur est mort

Après deux saisons convenables, sans plus, Didier Drogba semble avoir atteint sa vitesse de croisière à Chelsea. Il est actuellement avec 18 buts, le meilleur buteur du championnat d’Angleterre. Dans une récente interview, France Football lui demandait s’il avait dû s’adapter à l’Angleterre mais il répondit :  » Non, il m’a surtout fallu deux ans pour oublier Marseille.  »

Ses deux premières saisons n’étaient cependant pas dramatiques. En 2004-2005, il inscrivit dix buts. L’année suivante, il secoua les filets à 12 reprises et délivra 11 assists, soit le meilleur score du championnat dans ce domaine. Cela prouve que Drogba joue avant tout pour l’équipe. Ce n’est pas pour rien que José Mourinho tenait absolument à l’avoir à Chelsea. C’est également l’entraîneur portugais qui insista pour qu’on le fasse resigner jusqu’en 2010. Depuis début 2007, Top Drog, comme les supporters l’appellent, gagne ainsi 9 millions d’euros par an.

Devenir une valeur sûre de Chelsea n’est jamais facile. Les avants Mateja Kezman, Eidur Gudjohnsen et Hernán Crespo en savent quelque chose. Jusqu’il y a peu, les journaux anglais surnommaient Drogba The Diver (le plongeur) et même les supporters de Chelsea n’appréciaient guère son penchant pour les chutes faciles dans le rectangle adverse. Mais cette saison, il a fait taire tous les critiques. Bien que son équipe balbutie parfois, il n’a jamais été aussi fort. Les échecs d’ Andryi Shevchenko, Michael Ballack, JohnObi Mikel et Khalid Boulharouz ont laissé des traces dans le vestiaire. Tout comme les luttes intestines entre Mourinho et le directeur du club, Peter Kenyon.

La ligne d’attaque se compose de deux hommes mais Sheva n’a encore inscrit que quatre buts en championnat. Drogba estime que l’Ukrainien fait preuve de trop d’individualisme.  » Je comprends sa position, je sais qu’il veut justifier son transfert mais à Chelsea plus qu’ailleurs, c’est d’abord le collectif qui compte « , dit l’Ivoirien. Mourinho apprécie…

par steve van herpe – photo : reporters

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