Voici les cinq joueurs qui ont marqué la saison gagnante des Rouches.

La démarche va susciter le débat. Pourquoi tel footballeur et pas tel autre ? D’autres joueurs auraient pu se mêler au top 5 mais ils ont été écartés après mûres réflexions. Ainsi, le back droit brésilien, Marcos, a réalisé un premier tour exceptionnel. Révélation de la saison, il a relégué Frédéric Duprésur le banc, à tel point que l’ancien joueur de Gand a dû filer à Lokeren, à la trêve hivernale. Mais un deuxième tour plus terne, sans doute dû à des pépins physiques, l’a éjecté de notre classement.

Dante aurait pu également figurer dans celui-ci tant la régularité de ses prestations est à souligner. Mais le style du back gauche brésilien ne fait pas encore l’unanimité. Sa nonchalance peut encore lui jouer des tours et il ne fut pas assez décisif, tant défensivement qu’offensivement. Toujours présent mais rarement exceptionnel.

Enfin, il y a sans doute le cas le plus épineux. Longtemps en balance avec le cinquième classé, Axel Witsel a dû attendre le dernier tour de scrutin avant d’échouer aux portes de notre classement. Pourquoi ? Car, il ne possède pas encore l’abattage d’un Marouane Fellaini, ni le charisme et les qualités de leader d’un Steven Defour. Et tant pis si Axel est sans doute l’élément le plus élégant du noyau. Et tant pis pour ses huit buts, souvent décisifs.

1. Marouane Fellaini

Le roc de Sclessin n’avait pas la tâche la plus aisée en début de saison. Il devait confirmer une première saison qui l’avait vu intégrer le onze de base du Standard, susciter les compliments les plus fous et aboutir en équipe nationale. La pression lui collait d’autant plus aux basques que Fellaini entamait la saison après avoir alimenté la saga de l’été, suite à sa rupture de contrat. Il ne pouvait donc pas se manquer et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas failli à la tâche. Il n’a raté que deux matches sur la saison et s’est inscrit comme le véritable métronome de l’entrejeu. Il va au duel avec l’obligation de ressortir avec le ballon. Sa taille lui permet de survoler le trafic aérien tant défensivement qu’offensivement comme en témoignent ses six réalisations. Son but à Westerlo est une parfaite illustration de ses capacités : face à son heading, aucun défenseur ni gardien belge ne peut grand-chose.

Enfin, Fellaini, c’est aussi tout un style. Comme médian défensif, il est très loin des poncifs du genre. Il ne ressemble pas aux chiens enragés que sont les Gennaro Gattuso ou Mathieu Flamini. Ni aux formats de poche comme Didier Deschamps ou Claude Makelele. Lui, il est tout d’un bloc. On vient se fracasser contre lui. Et quand il n’est pas au duel, il n’en est jamais très loin. Il revient alors à grandes enjambées. On a toujours l’impression qu’il est à la peine, tellement sa foulée semble empruntée, mais il est pourtant toujours dans le coup.

Alors que son tempérament était assez volcanique, il a réussi à se calmer. Il n’a ainsi pris aucun carton jaune lors des six premiers matches de championnat. Son entraîneur Michel Preud’homme n’hésita d’ailleurs pas à louer la nouvelle maturité de son poulain : meilleur placement, meilleure rentabilité (trois buts lors des trois premières joutes de championnat), et surtout une meilleure gestion de son énergie (il ne court plus comme un chien fou après tous les ballons). Bref, le nouveau Fellaini était arrivé. Cependant, dans les moments chauds, l’ancien Fellaini revient encore parfois à la surface. Finalement, le géant de Sclessin aura quand même écopé de huit cartons jaunes. Mais pas une exclusion à son actif !

2. Milan Jovanovic

En un tableau, on a compris qui était Milan Jovanovic. Lors du match retour de Coupe de Belgique à Gand, on l’a vu échanger quelques mots avec son compatriote Djordje Svetlicic, se désintéressant complètement du match. Car, Jovanovic, quand il parle à quelqu’un, il est complètement submergé par la conversation, tel un croyant habité par sa foi. C’est le genre de personne qui croit totalement à ce qu’il raconte. Avec lui, pas de superficialité. Rien que de la spontanéité.

Et le Serbe joue comme il parle. A l’instinct. Sans réfléchir. En début de saison, il était intenable. Tout lui réussissait et aucun défenseur n’était en mesure de le contrer dans ses folles chevauchées. Le style de Jovanovic, c’est être lancé en profondeur, s’emparer du cuir et partir vers le but adverse. Quel que soit le nombre d’adversaires encore à passer, il fonce et souvent passe. Son style est fait de percussion et de culot. Et parfois, cela lui joue des mauvais tours. Il oublie ses partenaires. Mais le public ne punit jamais ceux qui osent. Ce n’est donc pas pour rien qu’il est devenu le chouchou de Sclessin.

Autre revers de la médaille : les défenseurs ne le ménagent pas. De vilaines blessures ne l’ont pas quitté tout au long de la saison et c’est sans doute pour cela qu’il n’est pas, à nos yeux, LE joueur de la saison. Trop souvent absent des terrains. Depuis le mois de janvier, il joue sur une jambe. Le staff a décidé de le ménager. Une heure de jeu. Des entraînements individuels. Et pourtant, il continue à être décisif : contre Bruges, au Germinal Beerschot ou à Malines. Il peut d’ailleurs encore prétendre au titre de meilleur buteur de la compétition !

Lui qui avait manifesté son désir de départ au mois d’août (mais que la direction avait convaincu à coup d’argent) a de nouveau remis le couvert ces dernières semaines. Quoi de plus intelligent que de partir de Liège après avoir offert le titre à un club qui en rêvait depuis 25 ans. Si tel est le cas, Jovanovic ferait son entrée en grande pompe parmi les légendes de Sclessin.

3. Mohamed Sarr

Avec le Sénégalais, on est bien loin des chevauchées fantastiques de Jovanovic. On est bien loin du jeu tout en brillance des médians. On est bien loin des prises de risque de Dante ou Oguchi Onyewu. Et pourtant, de l’avis de beaucoup d’observateurs, Sarr est peut-être le joueur le plus précieux du Standard. Vous n’êtes pas convaincus et vous dites que le Standard a pris 7 points sur 9 en son absence en janvier ? D’accord, mais rappelez-vous que les Rouches ont pris l’eau en Coupe de Belgique contre le Cercle (4-1) et contre Gand (4-0), privés les deux fois de leur défenseur sénégalais.

Son placement est excellent. Sa détente est très bonne (même s’il s’efface souvent au profit d’Onyewu, plus imposant dans le trafic aérien). Sa vision du jeu est perfectible. Sa relance est souvent juste et sobre (au contraire d’Onyewu, il n’essaie pas la passe tranchante, ni les longs ballons). Mais, c’est dans son travail défensif qu’il excelle. Ses adversaires vous diront qu’il est intraitable sur l’homme. Là aussi, il est à l’opposé d’Onyewu : l’Américain déménage tout sur son passage alors que le Sénégalais récupère le cuir tout en finesse. Le tout dans le respect des lois du jeu. Cinq cartons jaunes pour un défenseur central, c’est une misère. Et si, par hasard, il laisse filer son attaquant, il peut miser sur sa vitesse. Sans doute le membre le plus rapide (bien que Dante se débrouille pas mal) du quatuor défensif.

Enfin, il dispose d’un mental à toutes épreuves. Il n’a pas hésité, notamment, avant le match de Bruges à affirmer que François Sterchele ne marquerait pas contre lui. Tout cela, il l’a appris à l’école italienne, lors de son passage au Milan AC, à Ancône et à l’Atalanta Bergame.

Son talent n’est pas passé inaperçu puisqu’il fut convié à la grand-messe africaine, en janvier, la Coupe d’Afrique des Nations. Il n’a pas joué et devinez quoi ? Son pays s’est crashé.

4. Dieumerci Mbokani

Au départ, il y a une vengeance. Celle du Standard vis-à-vis d’Anderlecht. Après avoir gaffé la saison d’avant, en vendant pour une miche de pain, son buteur, Mémé Tchitéau rival numéro un anderlechtois, le Standard ne s’est pas fait prier lorsqu’il a senti la bonne occasion en récupérant la brebis égarée congolaise, Dieumerci Mbokani. Celui-ci voulait également se venger des Bruxellois, considérant qu’ils l’avaient tout bonnement abandonné. Il dut cependant attendre le troisième match avant de recevoir sa chance comme titulaire. Et contre le Cercle Bruges, c’est le festival. Ce jour-là, tout lui réussit. Il descend chercher le ballon très bas, crée des brèches pour ses coéquipiers, garde le cuir collé à sa semelle, dribble, offre des caviars et se retrouve encore à la conclusion. Deux buts et on rentre à la maison. Suivront deux autres matches (Roulers et Bruges) avec deux nouvelles réalisations à la clé.

Bref, deux mois phénoménaux. Puis la machine s’enraye. Le congolais commence à planer, revient en retard des matches internationaux en Afrique et voit sa courbe de forme méchamment baisser. Entre le 27 octobre et le 19 janvier, Mbokani ne trouva plus le chemin des filets en championnat. Mais un talent pareil ne saurait être perdu. Mbokani revient à la charge après la trêve. Alors que Jovanovic offre un style de rupture, il nous sort la panoplie complète de l’attaquant moderne. Un peu un Moussa Dembéléavec la finition en plus. C’est un attaquant de décrochage, un point d’appui pour ses coéquipiers. Il est capable de construire le jeu et de chercher des solutions quand la situation est bloquée. Son jeu de tête est également une arme de destruction massive. Enfin, son mental est à la fois sa force et sa faiblesse. Il ne doute de rien. Sa foi peut soulever des montagnes et a déjà clamé haut et fort qu’il était le meilleur attaquant de Belgique. Cependant, à force de croire qu’il est arrivé, il ne se comporte pas spécialement comme un pro. Plus rien ne peut l’atteindre. Et pourtant, il n’a qu’une saison de D1 derrière lui.

Avec lui, le Standard a bel et bien rendu à Anderlecht la monnaie de sa pièce. Reste à voir combien de temps les dirigeants supporteront ses incartades.

5. Steven Defour

Au vu de son deuxième tour, il ne devrait pas prendre place dans le top-5. Cette réflexion valait pour Marcos. Elle devrait être faite pour Defour également. Mais, voilà, qui mieux que ce Malinois de 20 ans symbolise le renouveau du Standard ? Personne. Alors que tout le monde louait les qualités de ce médian après sa première saison à Genk, Defour a d’abord séduit le public de Sclessin par ses dispositions mentales. Un an avant Fellaini, lui aussi avait défrayé la chronique en invoquant la loi de 1978 pour casser son contrat. Lui aussi n’a pas plié face à la pression lorsqu’il retourna à Genk et qu’il fut copieusement sifflé par le public limbourgeois, dans les premières journées de championnat, cuvée 2006-2007.

Un an plus tard, il succédait à Sergio Conceiçao au poste de capitaine. A 19 ans. On lui resservait une nouvelle dose de pression. Car, porter le brassard aussi jeune dans un club volcanique comme le Standard, cela n’est pas une sinécure. Et de nouveau, Defour allait souvent porter toutes les espérances liégeoises. En vrai capitaine, il se faisait l’écho, sur le terrain, des idées de Michel Preud’homme. A chaque arrêt de jeu, on le voyait venir chercher les directives en bord de touche. Son premier tour fut exemplaire. Et son année fut logiquement couronnée du Soulier d’Or, devant le Pharaon Ahmed Hassan. Mais si ses épaules étaient assez costaudes pour porter le fardeau liégeois, alourdi par une disette de 25 ans, elles allaient craquer sur le poids des blessures. Son deuxième tour fut complètement perturbé par des pépins physiques (déchirure à l’arrière de la cuisse, luxation de l’épaule). Ses statistiques de temps de jeu (quatre matches) ne plaident donc pas en sa faveur. Mais, il faut rappeler que l’ancien joueur de Genk n’a jamais aimé les chiffres. Ceux qui font de lui un métronome incapable d’être décisif (un seul but cette saison). Mais c’est mal connaître les qualités du lutin. Battant, il montre l’exemple et sait tout faire sur un terrain (tackler, offrir une passe des 30 mètres, ouvrir une brèche dans la défense et conclure sur un coup franc). N’est-il pas devenu l’homme de l’avant dernière passe ? Et pour ce genre d’assists, il n’y a aucune statistique existante.

par stéphane vande velde

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire