En éliminant Dortmund, Genk s’est mis à rêver d’un rôle en vue en championnat. Analyse d’une réorganisation.

Le Borussia Dortmund a de nouveau subi la loi d’un club belge en compétition européenne. Après Bruges l’an dernier au tour préliminaire de la Ligue des Champions, c’est à présent Genk qui a éliminé le club de Jan Koller en Intertoto. Deux buts d’ Igor De Camargo ont scellé la victoire dans la Ruhr (1-2) et ont effacé la courte défaite (0-1) du match aller dans le Limbourg. Genk a réalisé un petit exploit et les supporters, frustrés ces derniers temps à cause des renforts qui tardent à arriver, sont à nouveau à la fête. Ce soir, le Racing dispute déjà la demi-finale aller contre les Portugais de Rio Ave. Les Limbourgeois ne seront assurés de continuer en Coupe de l’UEFA que s’ils remportent le tour suivant le choc avec les Portugais.

René Vandereycken, qui apprécie les préparations calmes, bien organisées, sans pression, n’hésita pas à affirmer à quelques confrères que pour lui :  » Un quatrième tour n’était pas vraiment nécessaire. J’ai du mal à contrôler cette situation. Il faut donner des minutes de jeu aux joueurs tout en étant limité dans mes possibilités d’effectuer des changements. Je dois garder des garçons sur le banc jusqu’à quelques minutes de la fin par peur d’être réduit à dix « .

Jos Vaessen, le président du Racing Genk, est presque sur la même longueur d’ondes que son coach et déclarait après la victoire à Dortmund qu’un score de 1-1 aurait peut-être mieux servi l’équipe à long terme. Mais il admire la flexibilité tactique que semble avoir retrouvé son équipe :  » Ce qui me réjouit surtout, c’est qu’au cours d’un même match nous soyons capables de passer à un autre système. C’était le but en engageant le nouvel entraîneur, mais il faut dire que son travail a rapidement porté ses fruits « .

En gagnant 1-2 à Dortmund samedi dernier, Genk a débuté en 4-4-2 (Moons – Priske, Matoukou, Claessens, Sigurdsson – Beslija, Wamfor, Soley, Chatelle – De Camargo, Vandenbergh) et fini en 4-3-3 (Moons û Priske, Matoukou, Claessens, Sigurdsson û De Condé, Wamfor, Haroun – Kpaka, Vandenbergh, De Camargo).

Gert Claessens :  » Je pense qu’un nouvel entraîneur était nécessaire pour le groupe. Nous avons entamé la préparation de manière très calme et continuons de la sorte. Au niveau des matches, nous sommes plus rapidement passés à la vitesse supérieure, mais j’estime qu’un joueur a tout intérêt à disputer des matches à enjeu plutôt que des parties de pousse ballon contre des sans-grade. Nous associons à chaque déplacement un mini stage. L’Allemagne était notre troisième étape de la saison « .

L’ex-Brugeois estime normal que l’accent soit mis sur l’organisation :  » Avant de pouvoir attaquer, il faut conquérir le ballon. Justice Wamfor est un type qui voit clair au poste de milieu défensif. Nous avons deux blocs : un défensif de cinq joueurs et un offensif de cinq. Le bloc défensif peut évidemment s’adapter à la situation, un back a le droit de permuter avec un arrière central si nécessaire. Quant au demi défensif, son rôle est de récupérer correctement les ballons perdus par l’adversaire. Contre Dortmund, nous avons par moments fait cela à la perfection, mais il est clair que nous ne sommes pas encore prêts physiquement pour tenir ainsi toute une rencontre. La saison passée, l’équipe cherchait son meilleur niveau depuis deux ans. J’avais l’impression que le groupe n’était pas complémentaire, pas bien composé. Ou alors que les joueurs ne remplissaient pas le rôle qu’on attendait d’eux ou n’en étaient pas capables. C’est toujours un concours de circonstances « .

Mais qui va remplacer Bernd Thijs et Didier Zokora ? Les supporters genkois estiment que le temps presse mais Vandereycken demeure laconique :  » Si vous avez mal aux dents, il est clair que vous téléphonez au dentiste. Mais s’il n’est pas là ou qu’il est occupé, vous attendez un peu, non ? »

Claessens :  » Chaque joueur est remplaçable. J’ai vécu la même situation au Club Brugeois, où l’on disait Franky Van der Elst irremplaçable. Finalement, quelqu’un a quand même bien repris les choses en mains ! C’est inhérent au foot « .

En attendant de nouveaux arrivants, Gert Claessens occupe en tant que gaucher l’un des deux rôles au centre de la défense limbourgeoise. Il relativise ce dépannage :  » Je me sens très bien en ce moment. Au sein du club aussi, ce qui se voyait moins l’an dernier. Je sens que je reçois la pleine confiance et jusqu’à présent je me débrouille bien derrière. La seule inconnue réside dans la durée de cet intérim. Je ne me fixe qu’un objectif : tirer mon épingle du jeu à chaque rencontre. J’aime ce poste et je continue à monter en ligne, c’est dans la nature de mon jeu. La construction est satisfaisante, mais nous devons améliorer encore l’aspect défensif « .

Vers une qualification pour l’UEFA en plus ?

Au milieu du terrain, Vandereycken dispose par contre de davantage de possibilités. Samedi, c’est Dimitri de Condé qui en fit les frais. Il ne monta qu’en fin de match, parce qu’ Haroun et Soley Seyfo avaient absolument besoin de minutes de jeu et que Vandereycken voulait voir ce qu’ils avaient dans les jambes. De Condé a déjà disputé une finale en Intertoto avec le Standard. Est-ce que ce genre de tournoi pèse vraiment au final ?

De Condé :  » Une double confrontation contre Dortmund est plus costaude qu’un match de préparation normal mais la charge est supportable, je trouve que nous ne jouons pas trop de matches. Avec le Standard, l’Intertoto se disputait alors encore en poules avec deux ou trois rencontres par semaine et nous avions payé les pots cassés. Maintenant, ces matches de haut niveau vont peut-être nous permettre de mieux aborder le championnat. Les autres équipes n’ont pas eu cette mise en jambes. Genk doit avoir l’ambition de viser le top 3 et nous devons bien entamer la compétition. La saison dernière, la quatrième place était méritée mais il y avait un goût de trop peu parce que le club ne faisait plus véritablement partie du top. Cet enthousiasme doit revenir « .

Comment Vandereycken s’y prend-il pour organiser l’équipe ?  » Il part de la défense et responsabilise chaque joueur sur son rôle dans le système. Ainsi, chaque construction de jeu démarre de la défense et est assez claire pour tout le monde. Pour Genk, tout dépendra de l’adversaire et de ses qualités. Il utilisera ces critères. Personnellement, ma meilleure position est en retrait des deux attaquants, comme après le repos dans le match aller contre Dortmund. Je dois avoir davantage prise sur le jeu, ce qui n’est pas le cas quand j’évolue comme second attaquant. Ils m’ont acheté pour ma créativité, pour distribuer le jeu, pour ramener de temps à autre le calme dans l’équipe. Mais pour affirmer que je vais me confiner à cela, non, ce n’est pas réaliste. Par ma qualité de course et ma manière épurée de jouer, je vais peut-être faire progresser d’autres coéquipiers, sans être le meneur de jeu pour autant. D’autre part, j’en veux davantage aussi, comme faire la différence moi-même par exemple. J’ai pu le faire avec Heusden-Zolder « .

Et pense-t-il que le club ait réellement besoin de nouveaux joueurs ? De Condé :  » Oui. Le groupe reste étroit. Si nous avons deux ou trois blessés, ce qui est réaliste en compétition, nous aurons des problèmes. Pour les supporters, l’attente est longue mais je ne pense pas qu’il faille engager le premier venu pour répondre à cette pression des fans. Les leçons du passé sont tirées et la direction examine les éléments susceptibles d’apporter un vrai plus. Il serait facile de répondre à la critique en engageant un ou deux renforts, mais c’est pour se compliquer la vie en janvier et alourdir le budget « .

Par Peter T’Kint

 » L’Intertoto pour MIEUX ABORDER LE CHAMPIONNAT…  » (Dimitri de Condé)

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