TOO GOOD TO BE TRUE…

Jamais dans l’histoire du football belge, un joueur n’a débarqué accompagné d’un tel CV. Alors, comment le Standard s’y est-il pris pour attirer l’ex-gardien légendaire du Barça dans ses filets ? Reconstruction du transfert le plus fou de ce mercato.

Mercredi 20 janvier, 22 h 35. L’arbitre JohanVerbist met fin à la manche aller de la demi-finale de la Coupe de Belgique entre le Standard et Genk. Une première demi-heure enflammée permet aux hommes de Yannick Ferrera de prendre une belle option sur la finale. Après le succès convaincant à Lokeren, le Standard enchaîne un deuxième succès de rang en ce début d’année et les fans quittent Sclessin particulièrement enthousiastes. Mais la soirée leur réserve encore une belle surprise.

22 h 42, le site du Daily Mail titre  » Victor Valdes set to end Manchester United nightmare as Spanish goalkeeper edges closer to Standard Liege loan move  » (ndlr, le cauchemar de Victor Valdes à Manchester va bientôt prendre fin, le gardien espagnol est proche d’un prêt au Standard de Liège).

Sur le moment, on pense à une blague ou plutôt à une énième rumeur farfelue de fin de mercato. Mais très vite, on apprend que la brève du Daily Mail n’a rien de fantasque. Le lendemain, le président du Standard, Bruno Venanzi devient même l’un des 4 millions de followers du compte twitter de l’ex-gardien du Barça.

L’emballement médiatique est considérable, la probable arrivée du sextuple champion d’Espagne et triple vainqueur de la Ligue des Champions éclipse les autres  » coups  » du mercato et ringardise les venues pompeuses des dernières années du type Marko Marin et Demy de Zeeuw à Anderlecht voire de Javier Portillo à Bruges, cataloguées nouvelle star du championnat mais dont on observera très vite l’étoile se ternir.

Au Standard, on ne communique pas officiellement sur la question, on laisse le buzz s’épaissir mais plusieurs informations filtrent tout de même ici et là : la signature semble même imminente. De façon quelque peu hâtive, les principaux médias du pays présentent Daniel Van Buyten comme l’homme derrière LE transfert de ce début d’année.

Alors qu’il n’a pas encore de fonction officielle au Standard (officieusement bras droit de Venanzi et administrateur du club), BigDan est censé déployer son réseau bâti sur son passé dans les plus grands championnats européens afin de dénicher des joueurs surnuméraires dans les clubs de l’élite.

On l’annonce même du côté de Manchester, le jeudi 21 janvier, pour accélérer la transaction : c’est Van Buyten qui aurait donc tapoté le numéro de Louis van Gaal, son ex-entraîneur au Bayern Munich, pour libérer Valdes d’une impasse sportive.

GRÂCE À INTERLEX SPORT

Dimanche 24 janvier, 12 h 10. Le site de Manchester United officialise la transaction, celle-ci est évidemment relayée quelques minutes plus tard par les différents sources d’informations du Standard en quatre langues (français, néerlandais, anglais et espagnol). Tout est parfaitement orchestré pour enflammer Sclessin, qui reçoit le champion de Belgique gantois quelques heures plus tard.

17 h 55, Sclessin est plein comme un oeuf et s’apprête à faire ses adieux à Jelle Van Damme et pense saluer la venue du gardien espagnol. Celui-ci est bel et bien présent en bord de Meuse mais restera assis à côté de Daniel Van Buyten tout au long d’une rencontre où le Standard aura sombré en seconde période.

Au-delà de l’aspect sportif et de l’incertitude quant à son réel état de forme (Valdes n’ayant joué que deux rencontres officielles sur l’année 2015), la venue de celui qui a disputé plus de 500 rencontres sous les couleurs du Barça est un incroyable coup publicitaire pour le Standard et, par corolaire, pour notre championnat.

Mais la question qui nous taraude depuis que la rumeur est devenue réalité reste en suspens : comment un club belge éliminé de toute Coupe d’Europe, qui bataille pour accrocher les play-offs 1 arrive-t-il à attirer dans ses filets une figure aussi emblématique du foot international alors que notre compétition est davantage réputée pour accueillir des hordes de joueurs français de seconde zone ?

Derrière cette transaction improbable, il y a deux avocats anglais, qui préfèrent rester anonymes et loin de toute médiatisation. Ces derniers représentent la société de management, InterLex Sport, à qui l’on doit notamment une bonne partie des transferts des joueurs espagnols sur le sol anglais (Xabi Alonso à Liverpool, Juan Mata à Chelsea, etc) et qui gère aujourd’hui, notamment, les intérêts de Julien de Sart, avec l’aide de Mbo Mpenza, Olivier Guilbaud et Yassin Attayeb spécialisés dans l’accompagnement de joueurs.

En recoupant nos informations, on a une nouvelle fois la confirmation que tout peut aller très vite en football. Moins d’une semaine pour réaliser le deal du mercato. Le lundi 18 janvier, c’est la première fois que le nom de Victor Valdes circule dans les couloirs de Sclessin suite à un entretien téléphonique entre Bruno Venanzi et l’un des deux agents anglais d’InterLex Sport.

A la question :  » Avez-vous un gardien expérimenté dans votre portefeuille ? « , l’agent sort le nom de Victor Valdes.  » Too good to be true « , assurément. Mais un coup de fil à l’agent officiel de Valdes, Deugine Carvajal qui collabore avec InterLex Sport, accélère les choses. L’agent espagnol envisage cette option avec sérieux et contacte son poulain. Le lendemain, le mardi 19 janvier, Manchester United est mis au courant des négociations.

Après avoir refusé le prêt de Valdes dans un club anglais (Newcastle) alors qu’il est pourtant définitivement snobé par LouisvanGaal, le club mancunien entrevoit l’option belge positivement. Un passage par le Standard est envisagé avec sérieux par les trois parties (le joueur, l’agent et Manchester) qui analysent ce prêt comme une porte de sortie idéale pour relancer Valdes après les lourdes déconvenues des derniers temps (rupture des ligaments croisés et passage sur le banc et dans le noyau B).

Vendredi, l’affaire est quasiment entendue, les deux clubs s’étant mis d’accord sur le partage du salaire de Valdes ; le contrat étant définitivement signé quelques heures plus tard.

SANS L’AIDE DE VAN BUYTEN

Daniel Van Buyten n’a donc jamais déployé ses tentacules dans ce dossier. Le premier échange entre notre ex-international et Valdes aura lieu vers 14 h 45 à l’aéroport de Liège quand, accompagnant Bruno Venanzi, il est là pour accueillir Victor Valdes et ses agents à la descente de l’avion.

AxelLawarée n’est, lui, pas mis directement au courant du coup qui se prépare puisque mercredi dernier (20 janvier), le directeur sportif du Standard tentait encore d’attirer un gardien français alors que les négociations étaient bien plus qu’entamées avec le dernier rempart espagnol.

Pas de trace non plus de ChristopheHenrotay (ami et ex-agent de Van Buyten) donc, dans cette transaction, lui qui avait proposé, grâce aux bonnes relations qu’il entretient du côté de Chelsea, le 4e gardien des Blues, JamalBlackman (22 ans). Un portier qui n’avance évidemment pas les mêmes références.

Mais Big Dan reste l’homme que le club souhaite mettre en avant dans ce transfert puisque c’est lui que l’on a assis aux côtés de Victor Valdes en tribune d’honneur lors de sa découverte de Sclessin.

Le duo Van Buyten-Henrotay n’est pour autant pas resté inactif durant ce mercato puisqu’on lui doit la venue en prêt du Brésilien de Monaco, GabrielBoschilia, de JeanLucDompé (Saint-Trond) ou encore de MilosKosanovic, que Van Buyten a réussi à convaincre au détriment de Bruges et de Gand.

Daniel Van Buyten au premier plan médiatiquement et Christophe Henrotay dans l’ombre, c’est une évidence pour aider à la destinée du Standard version Venanzi. Même si les joueurs nous disent ne croiser que très rarement l’imposante carrure de BigDan au contraire de son ami et agent, Henrotay bien plus présent à l’Académie.

PAR THOMAS BRICMONT – PHOTOS BELGAIMAGE

Il aura fallu moins d’une semaine pour réaliser le deal du mercato.

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