TONY MARTIN

Le triple champion du monde allemand du contre-la-montre parle de son étrange séjour aux Maldives, de son aversion pour le jogging et du secret du contre-la-montre par équipes.

Que fait le sport cycliste d’un homme ?

Nous sommes connus pour être des durs.

Dans la vie aussi ?

Oui. Je pense que les cyclistes sont extrêmement ambitieux et résistants, y compris à la douleur. Qu’ils peuvent se focaliser sur un objectif, le garder et tout faire pour y arriver. Je n’aime pas les comparaisons mais, quand un joueur de football manque un entraînement ou pèse 500 grammes de trop, il peut toujours exercer son sport. Si un coureur se laisse un peu aller, il le paye directement. Si je ne vivais pas uniquement en fonction du sport, je ne gagnerais plus une seule course.

On s’habitue à ce genre de vie ?

Je ne considère pas cela comme un sacrifice mais plutôt comme une philosophie de vie dans laquelle je prends du plaisir. Si on m’offrait autant d’argent pour ne rien faire, j’opterais tout de même pour le cyclisme. C’est une chouette vie : les stages, les sorties sur la route en compagnie d’autres coureurs… On fait partie d’un groupe dont les objectifs sont identiques : fêter les victoires et oublier au plus vite les défaites. Ça vous forge un caractère pour la vie.

Et en fin de saison, vous arrivez à tourner la page, à profiter des vacances ?

L’an dernier, j’ai emmené mon vélo et mes rouleaux aux Maldives.

Vous deviez sans doute être le premier à faire cela ?

Sans doute. Tout le monde me regardait de travers, même la responsable de l’agence de voyages. Mais j’en avais besoin. Après huit heures de plage bien nécessaires pour laisser reposer mon corps pendant deux semaines, il fallait que je fasse au moins une heure de sport intensif le soir.

Pourquoi n’alliez-vous pas simplement courir ?

Ce n’est pas bon pour un coureur cycliste car ce ne sont pas les mêmes muscles qui travaillent. Une demi-heure de jogging suffit à vous faire avoir des douleurs musculaires pendant deux semaines.

Un contre-la-montre par équipes figure au menu de la neuvième étape du Tour. Quel rôle doit y jouer le meilleur rouleur du peloton ?

Le principal, c’est que tout le groupe roule au même rythme. En principe, le rôle du plus rapide n’est pas de déterminer la vitesse mais de faire en sorte que le rythme ne retombe pas. Il prend donc de longs relais de façon à ce que les huit autres puissent un peu souffler dans sa roue. Mon rôle est un peu celui du barreur en aviron. Alors que la plupart des coureurs font 50 mètres en tête, je roule devant pendant un kilomètre.

PAR MICHAEL EDER

 » Pendant un contre-la-montre par équipes, mon rôle est un peu celui du barreur en aviron.  »

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