Tonitruant

Sorti tout droit du noyau B, le jeune arrière gauche a réussi un coup de maître dès sa première titularisation.

C’est contre Anderlecht, voici trois semaines, que le jeune JulienCatrain (19 ans) a été titularisé pour la première fois. Confronté à la suspension de ChristopheGrégoire, entre autres, GeorgesLeekens s’était retrouvé en manque de solutions sur le flanc gauche et avait décidé de lancer ce néophyte dans le grand bain. Celui-ci avait terminé le match avec… une bouteille de champagne à la main : la récompense que Canal+Vlaanderen offre lors de chaque retransmission au meilleur homme de la rencontre !  » J’ai toujours la bouteille chez moi « , rigole Julien Catrain.  » Un jour, je la boirai peut-être avec la famille, mais pour l’instant, je préfère la garder en souvenir « .

Un début de carrière tonitruant, donc, pour ce jeune homme sorti de nulle part. Ou plus précisément du noyau B, où il végétait encore le mois passé.

 » En fait, j’ai passé trois ans dans le noyau B « , explique-t-il.  » J’y étais depuis mon arrivée à Mouscron. La saison dernière, LorenzoStaelens avait lancé de nombreux jeunes en D1, mais il n’avait jamais fait appel à moi. Ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais rien. Je traversais peut-être tout simplement une période plus difficile. J’ai eu droit à mes premières minutes parmi l’élite lors du déplacement à Beveren, cette saison. Cinq toutes petites minutes, en fin de match. Pas de quoi en faire un plat. J’ai de nouveau été repris dans le groupe pour la venue d’Anderlecht, la semaine suivante. Georges Leekens m’a caché jusqu’au dernier moment qu’il comptait me titulariser. Il voulait éviter que je me tracasse trop et m’a appris deux heures avant le coup d’envoi que j’allais entamer la partie. J’étais stressé malgré tout. Ma nervosité s’est estompée progressivement, au fil du match. J’évoluais sur le flanc gauche, dans un dispositif en 3-5-2. J’avais donc tout le couloir pour moi. C’est un rôle qui me convenait à merveille. J’adore déborder, centrer, et j’ai pu le faire à profusion. L’un de mes centres a d’ailleurs failli amener le but égalisateur. Malheureusement, la reprise de MarcinZewlakow a abouti sur le poteau. Une semaine plus tard, j’étais de nouveau titularisé lors du déplacement à Westerlo, mais cette fois comme arrière gauche dans un dispositif en 4-4-2. Mon rôle était donc un peu différent : l’entraîneur avait insisté pour que je me concentre sur ma tâche défensive, ce qui explique que l’on m’ait moins vu en zone offensive. J’ai essayé de respecter les consignes. J’ai bon espoir de demeurer dans le noyau A. Quant à savoir si je serai encore titularisé, c’est une autre histoire. Je ne serai pas déçu si je dois m’asseoir sur le banc. J’ai déjà effectué un bond de géant en quelques semaines « .

Des Zèbres aux Dogues

Julien Catrain est originaire de Charleroi et a signé sa première carte d’affiliation à Jumet.

 » Je devais avoir six ans « , raconte- t-il.  » J’adorais taper dans un ballon et, un jour, mon père m’a demandé si je voulais être inscrit dans un club. J’ai répondu par l’affirmative. Après six saisons à Jumet, je suis passé au Sporting de Charleroi. Je ne m’y suis pas plu. Je ne jouais qu’en Cadets Provinciaux, jamais en Nationaux, et j’avais l’impression que certains garçons étaient favorisés par rapport à moi. J’ai rapidement compris que je ne resterais pas longtemps là, et après une saison à peine, j’ai abandonné les Zèbres au profit des Dogues. Je suis resté trois ans à l’Olympic. Je m’y sentais beaucoup mieux et j’ai d’ailleurs été appelé dans les sélections provinciales. Un jour, nous sommes allés jouer un match au Futurosport, dans les moins de 16 ans. J’y ai été repéré par les entraîneurs de Mouscron. Deux éléments m’ont décidé d’opter pour les Hurlus. D’abord, c’était un club de D1, ce qui représentait un progrès considérable par rapport à l’Olympic qui n’évoluait qu’en D3. Ensuite, les infrastructures étaient particulièrement attrayantes. En comparaison avec ce que j’avais connu dans la région carolorégienne, il n’y avait pas photo. Je devais me résoudre à quitter ma famille pour vivre en internat, mais je n’ai pas hésité longtemps : l’appel du ballon rond était le plus fort. Pour me préparer à vivre de façon autonome, j’ai suivi plusieurs stages d’une semaine. Au début, ce fut dur, mais progressivement je me suis habitué. Je suis arrivé au Futurosport en même temps que YassineBenajiba et nous sommes souvent restés ensemble depuis lors. J’ai beaucoup appris durant ces trois années, notamment avec GeertBroeckaert, l’entraîneur du noyau B. J’avais déjà la vitesse au départ, mais je devais encore travailler l’endurance et surtout le positionnement défensif. Celui-ci n’est pas encore parfait. Il faut savoir qu’au début de ma carrière, j’évoluais comme ailier gauche. J’avais encore un homme derrière moi et je devais donc moins me soucier de ma tâche défensive. C’est probablement durant cette période que j’ai développé mes facultés de débordement. Aujourd’hui, je dois défendre, mais je resterai toujours un arrière latéral offensif. J’ai d’ailleurs adopté RobertoCarlos comme modèle « .

Dans quelques semaines, Mouscron affrontera Charleroi.  » Si je peux jouer ce match, j’en serai très heureux. Mais pour moi, ce sera un match comme un autre. Je n’ai passé qu’une saison au Sporting, et je n’en ai pas conservé de souvenirs marquants. Je ne connais d’ailleurs plus que deux joueurs chez les Zèbres : ChristopherFernandez et StéphaneGhislain, que j’avais côtoyé à… l’Olympic. On s’est revus lors des matches de Réserve, mais en dehors de cela, on a peu de contacts « .

La tête et les jambes

Julien Catrain n’a jamais été appelé en équipe nationale, chez les jeunes. Il a uniquement fait l’objet de sélections provinciales. Une convocation pour le niveau supérieur ne devrait pas tarder à arriver, s’il confirme les bonnes dispositions qu’il a laissées entrevoir.  » C’est possible « , admet-il.  » Mais ce n’est pas ma priorité. Si cela vient, c’est très bien. Sinon, je ne m’en formaliserai pas « . Le jeune homme a déjà suffisamment de soucis pour combiner le football avec les études de haut niveau. Il a, en effet, entamé un régendat en tourisme et en langues à Tournai.

 » J’ai terminé mes humanités en fin de saison dernière, et comme je n’avais toujours pas de contrat professionnel, je me suis décidé à continuer mes études. J’ai toujours bien aimé les langues, et lorsque quelqu’un m’a parlé de cette école à Tournai, je m’y suis inscrit. Sans but précis, sinon celui de mettre une deuxième corde à mon arc. Depuis que j’ai intégré le noyau A, voici trois semaines, j’ai l’impression d’accuser de plus en plus de retard. Je n’ai même pas le temps de copier les cours, je dois me contenter de photocopier les notes de mes camarades. Vais-je pouvoir continuer ? Je vais essayer de combiner les deux le plus longtemps possible, mais je dois aussi m’octroyer des plages de repos. Je n’ai plus beaucoup de temps à moi et la fatigue se fait parfois sentir. En rentrant de l’entraînement, je dois réviser mes cours. J’ai à peine le temps de regarder un peu la télévision et de téléphoner à mes parents, et il est l’heure de se mettre au lit. Le week-end, lorsque je suis libre, je rends visite à la famille. Je n’ai pas d’autres loisirs. Nous sommes logés à quatre dans une maison du centre de Mouscron : Yassine Benajiba, GiovanneRector, GuillaumeLépine et moi-même. Guillaume Lépine a entamé des études de médecine à Lille. Entre footballeurs-étudiants, on s’entraide et on s’encourage « .

Julien Catrain se trouve à un tournant de sa carrière. L’heure des décisions approche. Il est dans l’expectative en ce qui concerne son contrat.  » Pour l’instant, je suis toujours semi-professionnel et mon contrat se termine en fin de saison. Depuis que je suis à Mouscron, mon contrat a d’ailleurs toujours été renouvelé d’année en année. J’ai l’impression que Georges Leekens croit en moi et qu’il va bientôt évoquer mon avenir avec le président JeanPierreDetremmerie. On verra bien…  »

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