© ILLUSTRATION SERGE BAEKEN

TON UNIVERS IMPITOYABLE

Une politique sportive sans ligne de conduite, une direction à plusieurs têtes, des hommes de l’ombre qui tirent les ficelles, des joueurs surévalués : enquête sur la face cachée d’une famille rouche de plus en plus désunie.

La victime est un pauvre chewing-gum qu’il mâchonne et remâchonne trois heures durant. Sur le vol retour entre Marbella et Liège, Aleksandar Jankovic ne peut masquer son inquiétude. Nous sommes le 14 janvier. Dans huit jours, le Standard reçoit Bruges avant de se déplacer à Eupen puis à Anderlecht. Ce stress ne le lâche pas et atteint même son paroxysme deux jours avant la venue des champions en titre. Après un mois de décembre déprimant, le Standard sort d’un stage peu rassurant. Il y a d’abord l’absence de Trebel et ce futur transfert vers Anderlecht qui vient brouiller les esprits mais c’est surtout l’affaire Belfodil (voir cadre) qui occupe toutes les têtes et dont les suites seront lourdes.  » Cette affaire marque une véritable rupture en haut-lieu « , nous dit-on à Sclessin. S’il reste très pro aux entraînements, Ishak Belfodil se sent trompé par le duo HenrotayVan Buyten et les rend responsable de l’annulation de son transfert vers Everton. Quand Van Buyten, qui se rend quelques jours en Espagne, veut saluer le joueur algérien, celui-ci l’évite et lui balance violemment ses vérités. Le 13 janvier, au lendemain du match face à Dortmund, Belfodil tire la tête. Au lieu de repartir avec le groupe un jour plus tard, il rejoint directement Paris et ses proches pour évacuer sa frustration.

Le reste du noyau revient sur Liège peu rassuré sur son état de forme. Les joueurs se plaignent d’un manque d’intensité durant le stage. Jankovic ne fait déjà plus confiance à Erik Roex qui recevra son C4 le 1er février. Ses méthodes, basées sur des cycles de 6 à 8 semaines, doivent amener les joueurs à être fin prêts pour les play-offs. Mais celles-ci ne trouvent guère de partisans chez les joueurs. Plusieurs d’entre eux partent seuls courir dès la fin de l’entraînement. Le contraste est saisissant avec la méthode employée par l’ex-préparateur physique, Carlos Rodriguez, qui lors des 10 premiers jours de reprise, privait les joueurs de ballon, les envoyait en footing et multipliait les exercices de gainage.

Plusieurs joueurs se plaignent aussi de blessures lancinantes qui ne sont jamais véritablement soignées. L’entourage de plusieurs d’entre eux pointe d’ailleurs le  » Doc « , Jean Verviers, que l’amitié de Bruno Venanzi rend quasiment intouchable. L’ex-préparateur physique, Carlos Rodriguez en sait quelque chose puisqu’il a fait les frais de leurs relations plus que houleuses. Le reste du staff médical a d’ailleurs parfaitement compris les règles et ne bronche pas. Jean Verviers est l’oeil de Moscou pour son patron et ami, Venanzi.

ROEX, UN SIGNAL FORT

De l’extérieur, le licenciement de Erik Roex peut sembler anecdotique. Mais celui-ci ressemble à une motion de méfiance envers le travail de Daniel Van Buyten qui avait amené dès l’été plusieurs de ses gars : Roex mais aussi et surtout Thierry Verjans (à la fois bras droit de Big Dan et de Christophe Henrotay) mais aussi Philippe Vande Walle, beau-fils de Verjans, venu remplacer comme entraîneur des gardiens le pourtant réputé Jos Beckx.

Daniel Van Buyten comprend depuis plusieurs semaines que le pouvoir lui échappe. Et que c’est désormais Olivier Renard qui détient les rênes sportives. Van Buyten se voulait pourtant très clair, fin août lors d’un long entretien dans les bureaux de l’Académie :  » Je ne suis pas entraîneur, je ne suis pas directeur sportif, je suis au-dessus. Je suis venu pour aider Bruno à structurer le club au niveau sportif. Mon boss, c’est Bruno et c’est à lui que je dois rendre des comptes. Et c’est ce que je fais depuis le début. Je ne suis pas là pour me faire des amis.  »

Les sorties médiatiques de Big Dan ont rarement été concluantes à l’inverse de son (in)fidèle bras-droit, Olivier Renard, qui a su habilement se mettre une grande partie de la presse francophone dans la poche.

VAN BUYTEN ET LES JEUNES

En coulisses, pourtant, Bruno Venanzi exécute les décisions de Van Buyten. Pour preuve, Big Dan nous assure d’ailleurs lors de cette même interview de la fin août  » qu’il va y avoir très prochainement du changement à tous les étages.  » Après avoir eu la tête de Christophe Dessy, puis celle de Ferrera (voulue surtout par Renard), c’est finalement le directeur général, Bob Claes qui saute début septembre.

Mais le dada de Big Dan, ce sont les jeunes et ce que le club peut en tirer. Car s’il est loin d’être un proche de Lucien D’Onofrio, son ambition est de cloner un modèle qui a rapporté des titres et pas mal d’argent grâce à la génération des Witsel, Defour, Fellaini et Carcela.

Van Buyten dit se battre pour garder les jeunes, assure avoir mis fin à l’exode des grands talents qui s’abattait sur l’Académie ces dernières années. Il tente aussi de choper à la concurrence quelques grandes promesses, à Charleroi notamment, ou de rapatrier un ex-joueur de l’Académie parti à Bruges. Pour ça, Van Buyten se met régulièrement à table avec les parents et discute longuement. C’est un travail de l’ombre, loin d’être médiatisé, mais dont de nombreuses personnes louent l’effort et la sincérité du discours.

Van Buyten est à la base de la récente arrivée du jeune Malien, Moussa Djenepo (18 ans), ou celle, un an plus tôt, de l’international ougandais, Farouk Miya (prêté cet hiver à Mouscron).  » En tant qu’administrateur, Daniel ne devait pas, contrairement à moi, travailler au quotidien « , explique l’ex-directeur sportif Axel Lawarée.  » Quand il a décidé, par exemple, qu’il fallait faire le transfert de Miya, c’est moi qu’on a envoyé du jour au lendemain en Ouganda lors d’un voyage où j’ai risqué ma vie…  »

Van Buyten vient aussi d’amener trois joueurs congolais (Merveille Bokadi, Jonathan Bolingi et Christian Luyindama) venus du Tout Puissant Mazembe, le club de Moise Katumbi qui, dans un premier temps, avait proposé ces joueurs à Herman Van Holsbeeck, lequel les a refusés.

VAN BUYTEN VS RENARD

Au début de son mandat de deux ans (qui arrive à expiration en juin), Van Buyten se montre distant, voire arrogant pour certains. Les joueurs du Standard n’ont au début quasiment aucun contact avec ce nouvel administrateur qui les observe au loin lors des entraînements à l’Académie. Van Buyten est un patron dans l’ombre. Mais le vent tourne à l’arrivée d’Olivier Renard qui le relègue assez vite au second plan.  » Quand je sonne Bruno Venanzi, il me dirige toujours vers Olivier « , nous raconte un agent. La réussite du transfert de Belfodil d’un point de vue sportif mais aussi financier (arrivé gratuit et dont le contrat n’est alors que de 5.000 euros/brut avec une prime à la signature de 116.000 euros) ne fait que renforcer sa position. Van Buyten nous dira à propos de Renard :  » J’ai demandé à Olivier de venir car je sais qu’il est compétent, dévoué et travailleur. Et je place des personnes en qui j’ai confiance.  »

Ils ont beau s’afficher ensemble en tribune d’honneur lors du fiasco face à Courtrai, Renard et Van Buyten ne marchent plus main dans la main. Rappelez-vous cette scène capturée par les caméras de la VRT lors du match amical face à Marseille le 3 septembre dernier. Alors que le licenciement de Yannick Ferrera est imminent et que la tension est déjà palpable en ce début de saison, le journaliste de la VRT demande à Daniel Van Buyten de répondre à quelques questions. Van Buyten explique qu’il sera disponible à la mi-temps puis se rétracte devant les caméras et envoie Olivier Renard au casse-pipe.

Le directeur technique du Standard est bien plus habile avec les médias. Longtemps, il nous répétera qu’il n’y a aucune friture sur la ligne entre les deux décideurs sportifs du Standard. Sauf que dans les faits, Van Buyten opère trop souvent en solo et sans en référer à ses partenaires. Ces dernières semaines, le discours de Renard n’est plus le même, il critique ouvertement auprès de différentes personnes proches du club l’amateurisme de Van Buyten sur de nombreux dossiers.

Olivier Renard s’est également vu contraint et forcé d’accueillir un coach qu’il ne portait pas dans son coeur alors qu’il s’impatientait de voir Ferrera recevoir son C4. C’est le duo Verjans-Vande Walle qui poussera auprès de Van Buyten pour prendre Aleksandar Jankovic. Après avoir essuyé de la part du coach serbe un premier refus en juin et un second en août, la troisième tentative est la bonne. Le duo Henrotay-Van Buyten s’était déjà entretenu au préalable avec Mircea Rednic, la semaine précédant la finale de la Coupe face à Bruges. Le succès au Stade roi Baudouin prolongera toutefois de quelques mois le sursis de Ferrera.

Olivier Renard n’a quasiment pas voix au chapitre concernant ce dossier. La nomination de Jankovic est d’ailleurs une sérieuse épine dans le pied. Récemment, Renard n’hésitera pas à dire sa façon de penser à Jankovic à propos de ce choix du  » 3 arrière  » totalement inefficace et insuffisamment préparé.

L’INFLUENCE D’HENROTAY

Sur les bons conseils de Mircea Rednic, Christophe Henrotay, fils de Roger Henrotay (ex-dirigeant du Standard et agent de l’entraîneur roumain), s’en va jeter un oeil sur l’arrière latéral camerounais, Collins Fai, lors du derby de Bucarest entre le Dinamo et le Steaua. Olivier Renard, alors à Malines, est également dans les tribunes pour y visionner un ailier offensif. Les deux hommes se retrouvent après la rencontre et discutent le coup autour d’une bonne table. La conversation semble fructueuse puisque à son retour de Roumanie, Henrotay appelle Van Buyten pour lui dire :  » J’ai trouvé ton directeur sportif.  » Le 17 février, Renard est officialisé dans cette fonction et remplace Axel Lawarée qui est mis au placard.

Une preuve parmi tant d’autres de l’influence d’Henrotay sur Van Buyten et, par corollaire, sur le Standard.

 » Je n’ai aucune influence sur la politique sportive du club « , nous dit-il pourtant dans un premier temps. Avant de reconnaître que c’est son entregent et son réseau qui vont permettre les venues de Collins Fai (Dinamo Bucarest), Matthieu Dossevi, Konstantinos Laifis, Sambou Yatabaré (tous trois venus de l’Olympiacos), Gabriel Boschilia (Monaco), et dernièrement Danilo (qui appartient à Gestifute, la société de Jorge Mendes). Henrotay est sur la balle également quand il faut sortir un joueur : il va se glisser dans le dossier Trebel en le proposant à Gand et à Anderlecht, ou ramène des offres de Chine pour le néo-Anderlecthois ou Ivan Santini.

Christophe Henrotay connaît Bruno Venanzi depuis une dizaine d’années. C’est la grande amitié de leurs épouses respectives (Venanzi ayant divorcé depuis) qui les amène à se rencontrer.

Aujourd’hui, nombreux sont ceux en Cité Ardente qui les disent brouillés. Mais à la lecture des récents messages échangés (voir cadre) entre Henrotay et Venanzi, on a du mal à croire à cette théorie. Et même si un proche du duo nous assure  » qu’ils sont bel et bien amis mais quand il est question de business, c’est chacun pour soi.  »

Henrotay fait profiter à Bruno Venanzi de son important réseau bien avant que ce dernier n’accède au trône du club principautaire. Paul-José Mpoku nous rappelait en octobre cette anecdote :  » Bruno et moi, on s’est rencontré à Dubaï avant que je ne parte pour Cagliari. Il était alors vice-président et était accompagné de Christophe Henrotay.  »

Christophe Henrotay encourage son ami à reprendre les clefs de la maison rouche et ainsi à succéder à Roland Duchâtelet. L’agent de joueur liégeois nous assure ne prendre aucune commission ou presque sur les joueurs amenés à Sclessin car  » j’ai une vision à plus long terme.  » A-t-il donc mis des billes au Standard comme beaucoup le prétendent ?  » Je ne répondrai pas à cette question.  » Lors de la conférence de presse du 24 juin 2016 qui l’intronise comme nouveau boss des Rouches, Venanzi déclare être  » propriétaire de toutes les parts que Duchâtelet détenait. Il n’y a personne derrière et je ne suis pas l’homme de paille d’un autre ! Je suis le seul investisseur.  »

LES RÉSEAUX D’HENROTAY

Lors de la première saison de Venanzi à la tête du club, Henrotay continue à jouer les entremetteurs et permet à Bruno Venanzi de rencontrer une partie du gratin des décideurs du foot anglais. On les retrouve aussi attablés à l’élégant restaurant  » le Nobu  » à Athènes en compagnie du président de l’Olympiacos et de l’actuel agent de joueur, Ranko Stojic (ex-gardien du FC Liège). Ces relations permettront notamment les passages de Dossevi, Yatabaré ou encore Laifis (dont le Standard et l’Olympiacos se partagent la propriété).

Proche également d’Herman Van Holsbeeck, Christophe Henrotay réunit le boss des Rouches et le directeur général des Mauves en Espagne lors de soirées plutôt festives. Si les relations entre ces deux bastions historiquement opposés sont aujourd’hui très cordiales – le transfert de Trebel en est la dernière preuve -, Christophe Henrotay en est le premier responsable. Daniel Van Buyten est, lui, aussi impressionné par les réseaux de son ami Christophe, proche de Vadim Vasilyev (vice-président de Monaco) ou de Jorge Mendes. Van Buyten rencontre d’ailleurs l’agent le plus puissant du foot mondial dans la loge de Cristiano Ronaldo un soir de match du Real Madrid.

En positionnant ses amis sur le marché international, Henrotay renforce par la même occasion sa position au Standard. D’autant que Thierry Verjans (informateur d’Henrotay sur les talents de Neerpede quand il était coach des jeunes à Anderlecht) remplace Christophe Dessy début 2016 et devient responsable sportif du centre de formation.

L’été dernier, plusieurs éducateurs nous contactent et se plaignent de l’emprise d’Henrotay sur l’Académie. Selon eux, Daniel Van Buyten renverrait les plus belles pépites vers son ex-agent. Van Buyten explique  » tout simplement au joueur que le meilleur agent, c’est le papa et la maman. Mais que si ces derniers se demandent quel agent il faut prendre, il est naturel de conseiller Christophe.  »

Henrotay se défend d’avoir mis la main sur l’ensemble des plus grands talents rouches. Il s’occupe bel et bien des prometteurs Dorian Dhaeze (attaquant), Jérôme Deom (milieu) ou Lillo Guarneri (gardien) mais c’est à peu près tout.  » On va maintenant me reprocher de garder ces joueurs au Standard et de ne pas les pousser vers l’étranger ? « , ironise Henrotay.

Le jeune Deom (âgé de 17 ans) va toutefois bénéficier d’un joli traitement de faveur lors du dernier match de la saison à Sclessin face à Waasland-Beveren en PO2. À 20 minutes du terme, le prometteur milieu de terrain prend la place de Martin Remacle. La consigne vient d’en haut : Jérôme doit passer au moins quinze minutes sur la pelouse.  » Comme par hasard, ce soir-là, plusieurs parents de joueurs sont invités en tribune d’honneur « , se rappelle Axel Lawarée.  » C’était un fameux signal envoyé…  »

Si Van Buyten se félicite d’avoir mis fin à l’exode massif des jeunes talents rouches, il semble oublier le cas Landry Dimata parti à Ostende pour 500.000 euros et qui devrait rapporter beaucoup dans les prochains mois. Un départ que l’on impute d’une part à Henrotay qui n’aurait pas pu mettre la main sur le joueur (dont l’agent est Didier Frenay) alors qu’il semble pourtant que le joueur ait pris la décision de quitter le Standard après s’être vu renvoyer en U21 après un stage hivernal en janvier 2015 plutôt concluant. L’autre version : ce serait Axel Lawarée, l’ex DT, qui est rendu responsable.  » Je tiens juste à rappeler que lors d’une réunion, j’ai dit que je ne comprenais pas pourquoi on ne faisait pas tout pour le garder en lui donnant des minutes de jeu en PO2. Olivier (Renard) m’a répondu qu’il ne préférait pas prendre de risque : autrement dit le mettre en vitrine pour quand même le voir partir. Et qu’il valait mieux accepter les 500.000 euros d’Ostende.  »

Le maintien d’Ingrid Vanherle, directrice administrative de l’Académie, peut sembler surprenant. On pensait l’ex-joueuse du Standard visée par la vague de licenciement estivale impulsée par Big Dan. Son maintien est une façon pour Bruno Venanzi d’avoir encore un regard et un son de cloche sur les jeunes du Standard.  » Ingrid travaille, elle, vraiment pour le Standard, dans l’intérêt du Standard « , souligne Lawarée.

DOMPÉ, TOUT UN SYMBOLE

Le cas Jean-Luc Dompé est l’exemple même d’une politique sportive à plusieurs têtes qui ne regardent pas dans la même direction. En janvier 2016, Yannick Ferrera fait le forcing auprès de la direction pour mettre la main sur Junior Edmilson qu’il a connu à Saint-Trond. Daniel Van Buyten préfère, lui, s’attacher les services de Dompé dont l’agent est Henrotay père. Alors que les négociations sont pourtant bien avancées, et que le joueur rêve de revenir au Standard, Van Buyten annonce dans la presse que le club met un terme aux négociations avec Edmilson. Finalement, Ferrera reçoit Edmilson et Dompé, dont il ne veut pas pour des raisons évidentes de comportement. Le joueur français est d’ailleurs très vite renvoyé régulièrement dans le noyau B, il rigole des sanctions et balance qu’il est quand même protégé par Van Buyten. Cette saison, Dompé continue de multiplier les frasques mais monte quand même au jeu face à l’Ajax ou à Genk (où il est catastrophique), ce qui a le don d’irriter un groupe rouche étonné par ces passe-droits.

Axel Lawarée a travaillé quelques mois aux côtés de Van Buyten  » Même s’il ne m’a jamais adressé la parole.  » Et n’en garde pas un souvenir heureux.  » C’était le bordel, il amenait des joueurs en test, et je voyais des factures d’avion, d’hôtel, des commissions d’agents tomber, je n’avais jamais de justificatif. Van Buyten décidait de tout à un moment, Venanzi était sous le charme. En termes de notoriété, je ne pesais évidemment pas bien lourd dans la balance. Mais je pense qu’aujourd’hui, il n’est plus aveuglé par son passé de joueur. Olivier Renard est le plus malin, c’est lui le vrai patron sportif.  »

Van Buyten a compris depuis quelques semaines que son futur n’est plus à Sclessin. Il pense parfois à regoûter au terrain comme coach mais a aussi évoqué la possibilité de se lancer comme agent. On doute d’ailleurs qu’il aille jusqu’au bout de son mandat. Il envisagerait plutôt de mettre lui-même un terme à son passage au Standard. Les  » hommes  » de Big Dan, Thierry Verjans et Philippe Vande Walle, sont également sur la sellette. Les entraînements de Vande Walle, qui est incapable de jouer au pied à cause d’une blessure, ne font pas l’unanimité.

BAYAT IS BACK

Le départ de Van Buyten et de sa garde rapprochée signifierait qu’Olivier Renard aurait enfin les coudées franches. Et l’homme est plutôt d’avis qu’en foot, il ne faut fermer la porte à personne. Le transfert de Dieumerci Ndongala en est la parfaite illustration car il signifie le retour aux affaires de Mogi Bayat à Sclessin. Quelques semaines plus tôt, Bayat avait aidé au départ de Dino Arslanagic vers Mouscron alors qu’en août, il avait déjà essayé de faire venir plusieurs joueurs nantais dont l’attaquant Yacine Bammou. L’hyperactif Bayat n’a pas traîné à se refaire une place au soleil puisqu’il tente de faire signer la grande promesse, Anaxis Dinsifwa, qui vient tout juste d’avoir 16 ans, et qui est dans le collimateur de plusieurs clubs belges (Gand et Anderlecht) et étrangers. Mogi a aussi essayé d’aider son nouveau partenaire, Vincent Mannaert, dans le transfert d’Edmilson vers Bruges.

VENANZI ET LES PRIVILÈGES

Aujourd’hui, Bruno Venanzi est dans ses petits souliers. Il avait annoncé à la presse, avant le match face au Celta Vigo,  » qu’une deuxième non-participation aux PO1 serait catastrophique.  » On y court tout droit. La faute notamment à une politique sportive désordonnée. Où le Standard semble toujours avoir un coup de retard, qu’il tente de maquiller par des transferts paniques : 111 transferts sur quatre mercatos, c’est la meilleure preuve de l’instabilité de l’ère Venanzi.

Peu avant de se faire congédier, Bob Claes avait pourtant prévenu son boss qu’il allait tout droit dans le mur en étant entouré de telles personnes.  » Bruno (Venanzi) est un homme qui fuit les conflits « , explique Lawarée.  » Mais il sait ce qu’il fait, il justifiera habilement les futurs licenciements.  »

Seule satisfaction récente, le groupe de joueurs pros a été réduit cet hiver. Ce trop-plein de joueurs rendait le climat houleux. Certains ne savaient même pas où se changer. Tous les matins, le staff en renvoyait dans un noyau C qu’Eric Deflandre ne voulait même plus coacher.

Il semble également que Venanzi a ouvert les yeux sur certains joueurs mis longtemps sur un piédestal. Que ce soit Ferrera ou Jankovic, le coach du Standard n’a pas les pleins pouvoirs comme un René Weiler à Anderlecht ou Preud’homme à Bruges. Quand Ferrera renvoyait plusieurs joueurs dans le noyau B, il recevait un mail en retour de son patron qui lui sommait de les réintégrer. Venanzi a accepté les caprices des  » vedettes françaises  » avec lesquels Renard a beaucoup de mal. La femme de Trebel a notamment reçu un boulot chez Lampiris, alors que le frère de Matthieu Dossevi est devenu scout pour le Standard. Joueur-phare l’an dernier (sa prime de victoire en Coupe était de 80.000 euros alors que celle des autres joueurs était de 8.000), Dossevi la ramène beaucoup moins ces derniers temps. Pointé du doigt devant tout le groupe par son coach pour son manque d’implication, l’international togolais reste sur des statistiques faméliques (0 but/4 assists) en championnat.

Venanzi peut heureusement compter sur des supporters restés amorphes ou presque après la débâcle face à Courtrai. Sa communication tournée longtemps vers les groupes les plus fervents ne pourra pas non plus contenir indéfiniment un stade de Sclessin qui semble depuis longtemps éteint et résigné. Il y a un peu plus de sept ans, au début de la saison 2010-2011, le Standard battait Courtrai 1-0. La T3 était pourtant couverte de banderoles qui critiquaient la politique du club. L’après-match avait été particulièrement chahuté par de nombreux supporters qui avaient envahi le parking des joueurs. Un an et demi plus tôt, le club fêtait pourtant un deuxième titre de rang. Le Standard a bel et bien changé…

PAR THOMAS BRICMONT – ILLUSTRATION SERGE BAEKEN PHOTOS BELGAIMAGE

Van Buyten comprend depuis plusieurs semaines que le pouvoir lui échappe. C’est désormais Olivier Renard qui détient les rênes sportives.

Proche d’Herman Van Holsbeeck, Christophe Henrotay réunit Venanzi et le directeur général des Mauves en Espagne lors de soirées plutôt festives.

Dompé, renvoyé régulièrement dans le noyau B, rigole des sanctions et balance qu’il est quand même protégé par Van Buyten.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire