TOM {HOMELESS TEAM R. ANTWERP FC}

Des histoires poignantes, qui démontrent que le football peut réchauffer le coeur des gens désespérés. La Belgian Homeless Cup est une compétition sportive à caractère social, destinée aux sans-abri. Chaque équipe joue avec le maillot d’un club professionnel de la région. Chapitre 4 : Tom.

Tom (37) :  » Lorsque j’étais petit garçon, j’ai joué au football dans un petit club local. J’étais tellement bon que j’ai été approché par le Lierse. Là aussi, j’ai eu droit à beaucoup d’éloges. Cela a duré jusqu’à mes 15 ans. Là, l’entraîneur a commencé à me faire des remarques. Mon père n’était pas en reste. Il n’y avait plus qu’une chose qui comptait : prester. C’est précisément à ce moment-là que quelqu’un m’a proposé de l’ecstasy lors d’une fête. J’ai avalé cette pilule, et je n’ai plus entendu tous ces reproches.

Six mois plus tard, j’avais besoin de ma dose quotidienne. J’étais blanc comme le linge, je suis devenu parano. A sept reprises, mes parents m’ont placé en institution. Mais chaque fois que j’en sortais pour rentrer à la maison, je reprenais ma pilule. Un jour, ma mère m’a ramené à l’institution et j’ai vu des infirmiers arriver de tous les côtés. Je suis sorti de mes gonds, j’ai frappé dans tous les sens et j’ai touché un infirmier. J’ai alors été conduit en prison. On m’a expliqué que je reviendrais derrière les barreaux à chaque fois que j’étais pris sous influence.

Cela a duré des années : je faisais des retours réguliers en prison, et aussi dans des centres de désintoxication. Dans l’un de ces centres, j’ai suivi tout un programme, mais au fond de moi-même, je pensais toujours : lorsque je sortirai, je recommencerai. A Genk, j’ai été clean pendant 24 mois. Je suis sorti en ayant tout ce qu’il fallait pour mener une vie normale : un appartement, du travail, une voiture, des amis. Deux jours plus tard, je suis retombé.

En prison, j’ai aussi découvert l’héroïne et la cocaïne. J’en ai consommé de 32 à 35 ans. Soudain, il y a deux ans, je me suis dit : regarde-toi, seul dans ta chambre, avec ta seringue, voilà ce que tu es. Je ne pouvais plus me supporter. Et j’en avais marre de tous les effets secondaires : les psychoses, l’isolement. Jadis, j’ai essayé plusieurs fois d’arrêter : une fois pour ma mère, une fois pour mon père, une fois pour ma soeur. Mais là, je devais le faire pour moi-même. J’ai d’abord suivi un traitement au méthadone.

Le médecin voyait que j’étais motivé. Il m’a conseillé de me trouver un passe-temps pour m’occuper. Il m’a parlé du Homeless Team du Royal Antwerp FC. Au début, j’étais sur mes gardes, car j’allais de nouveau me retrouver au milieu de gens à problèmes, mais tout s’est bien passé. Un compagnon de l’équipe m’a dit de qui je devais me méfier si je ne voulais pas rechuter. Des gens ont plusieurs fois essayé de m’influencer, mais comme j’ai refusé, ils n’ont pas insisté.

Aujourd’hui, je suis clean depuis huit mois. Le football, à lui seul, ne suffit pas pour rester clean, mais sans lui, je ne réussirais pas. Cela me rend heureux. Ce qui compte, ici, ce n’est pas la victoire, mais la convivialité. Je retrouve de la force, de l’énergie et du plaisir. Après l’entraînement, je rentre à la maison en baignant dans une euphorie saine, et c’est bien l’essentiel. Car, si je ne l’avais pas, je la rechercherais dans la drogue. Je ne dis pas que je ne traverse plus de moments difficiles. Mais, lorsque c’est le cas, je téléphone au docteur, au psychologue ou à l’entraîneur. On discute un peu, et cela aide. On doit s’en sortir soi-même, mais on n’y parviendrait pas tout seul.  »

PAR KRISTOF DE RYCK

 » Sans football, je n’arriverais pas à rester clean  »

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