TOLÉRANCE, PASSION, DIFFÉRENCE

Le fan coaching est à l’écoute des supporters du Standard.

Il y a peu, le fan coaching fêtait ses 15 ans de présence au Standard où l’ambiance a totalement changé dans le stade. Rien n’est parfait et il restera toujours de l’ouvrage sur le métier. A Bruges, par exemple, il y a eu des tensions entre supporters des Rouches.

Sclessin est plus que jamais un volcan mais définit désormais sa réputation dans un sens positif. Ainsi, les magnifiques tifos permettent aux clubs de supporters d’avoir un terrain d’expression, de véhiculer des messages forts par rapport à l’histoire de leur club, sans oublier la défense de leurs valeurs, des prises de positions par rapport aux problèmes économiques, sociaux, etc. Le racisme n’a jamais percolé dans leurs rangs. Ils ont deviné les man£uvres d’extrémistes tentant de se glisser parmi eux. Ils sont unis derrière le portrait de Che Guevara. Des skinheads ont été rejetés violemment.

 » Ils s’expriment magnifiquement mais je n’ai jamais ressenti de problème de racisme à Sclessin. « , avance Manuel Cameron, sociologue et cheville ouvrière du fan coaching au Standard de Liège.  » Il y a toujours eu un gros brassage de cultures très différentes à Sclessin. C’est dû à la tradition ouvrière du bassin industriel liégeois. Cette région a toujours eu besoin de bras venus de partout. Ils sont unis sur le terrain comme à l’usine mais, par contre, il y a des régions tout aussi industrielles où le racisme frappe. Un tiers des supporters du Standard vient du nord du pays et ils sont accueillis et informés en néerlandais. Les courants migratoires récents se retrouvent aussi dans le stade. Cela se passe de façon harmonieuse mais cela ne signifie pas, au contraire, que la vigilance ne s’impose pas. Le fan coaching obtient des résultats appréciables grâce au travail du club, de la ville, de la Famille des Rouches, etc. Il faut être vigilant ou anticiper les problèmes. En ce qui concerne le racisme, des projets ont été réalisés avec la collaboration de la Fondation Roi Baudouin. Ainsi, avec l’asbl Territoires de la Mémoire, nous avons organisé une conférence intitulée Extrémisme politique et racisme. Tout cela s’inscrivait dans le contexte de l’action Stand Up, Speak Up. Nous avons diffusé des affiches, des t-shirts, des folders et trois joueurs du Standard, Eric Deflandre, Siramana Dembele et Karel Geraerts, ont appuyé les trois grands axes de cette action (tolérance, passion, différence). En finalité, 60 supporters du Standard se sont rendus en Allemagne durant quatre jours. Ils ont visité le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau. Là, ils ont pu mesurer les dégâts que le racisme peut provoquer.  »

Salomon Aktan (du fan coaching, comme Manuel Cameron) a pris part à ce voyage à la mi-juin :  » Parmi les supporters, il y avait des Wallons, des Flamands, des germanophones, des étrangers, tous unis par le décor, la douleur. Cela sent le mort là-bas. Quand on voit 30 tonnes de cheveux, 60.000 paires de chaussures en sachant tout ce qui s’est passé là-bas, cela fait réfléchir. Il y a des supporters qui se ne connaissaient pas et qui sont devenus des amis pour la vie après cette visite. Ils sont tous des référents, c’est-à-dire des témoins s’engageant à parler de cette visite autour d’eux, dans leurs clubs. Au Standard, en janvier, le club mettra un chapiteau de 60 mètres carrés à la disposition des supporters ayant visité le camp d’Auschwitz afin qu’ils puissent exposer leurs photos. Il faut anticiper sans cesse, rappeler où l’ignorance et la violence peuvent mener. Rien n’est parfait. Violence et racisme : tout s’imbrique. Je ne voudrais surtout pas donner de leçon à personne. Le plus important est d’animer des projets avec les supporters et pas pour les supporters. Ces derniers sont venus nous trouver en demandant : -Que peut-on faire afin de lutter contre le racisme ? Ce fut le point de départ d’un projet commun « . l

P. BILIC

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