Titulaires discutables

Alignés ces dernières semaines, ont-ils convaincu pour autant ? Leur quête de réhabilitation est très ardue.

Transférés de concert l’été passé, le back droit serbe Nemanja Rnic et l’arrière central néerlandais Arnold Kruiswijk étaient de belles opportunités financières pour le Sporting. Libres tous deux, ils ne coûtaient, somme toute, que le prix de leur contrat. Mais, footballistiquement parlant, Anderlecht a-t-il réalisé une bonne affaire avec eux ? C’est un autre débat. Ecartés l’un et l’autre de l’équipe de base suite au naufrage face au BATE Borisov, tous deux auront mis pas mal de temps avant de refaire surface.

Exception faite d’une courte pige dans les arrêts de jeu face à Mouscron, lors de la 7e journée, Rnic a dû patienter jusqu’au 11e match, contre Lokeren, avant d’être à nouveau titularisé, l’espace d’une rencontre seulement, dans l’axe. Et si, par la suite, il a obtenu du temps de jeu, c’est surtout en raison de l’indisponibilité, pour cause de blessure, de Marcin Wasilewski. Même topo pour Kruiswijk, repêché à la faveur du 12e match au Club Bruges et qui s’est installé depuis cette date dans le onze de départ consécutivement à la revalidation de Jelle Van Damme, opéré à la cheville.

Kruiswijk a tiqué quand Saré a remplacé Juhasz  » J’étais pour la première fois sur le banc en six ans « 

 » Au même titre que les autres nouveaux Nemanja Rnic et Hernan Losada, j’ai trinqué suite à l’élimination européenne, d’entrée de jeu, face au BATE Borisov. Après ce contretemps fâcheux, le coach en est revenu à l’équipe-type qui avait réalisé un deuxième tour exceptionnel la saison passée. A l’image des deux autres, il m’a fallu prendre mon mal en patience. Plus facile à dire qu’à faire, dans la mesure où je n’avais plus jamais pris place sur le banc des remplaçants depuis six ans. Je me doutais, évidemment, que cette situation pouvait arriver dans un entourage plus huppé que Groningue, mais mes débuts, en tant que titulaire, lors des matches de préparation, m’avaient mis en appétit. Du coup, j’étais revenu à la case départ. Et puisque l’équipe s’était pleinement ressaisie en championnat, je devais attendre qu’on m’accorde une deuxième chance.

Celle-ci est finalement venue après un tiers de compétition, lors de l’importantissime déplacement au Club Bruges. Auparavant, je n’avais eu droit qu’à des bribes de matches. Au Cercle Bruges ou à domicile face aux Zèbres. On a dit que j’encaissais plutôt mal cette situation et que j’attendais des explications de la part du coach. Ce n’est pas vrai du tout. Je ne suis pas du genre à ruer dans les brancards au moindre accroc. La seule fois où j’ai froncé quelque peu les sourcils, c’est quand Bakary Saré est monté au jeu à la place de Roland Juhasz dans le dernier quart d’heure face à Malines lors du premier tour. Non pas que je mette les qualités de Bouba en doute, loin de là. Le jeune Ivoirien est promis à un bel avenir. Mais vu que le match était plié en notre faveur, je n’ai pas compris pourquoi l’on jouait la carte d’un footballeur présenté comme le digne successeur de Lucas Biglia, plutôt que celle du stoppeur de métier que je suis. Sur le coup, j’ai tiqué. Mais ça ne m’a nullement empêché de me remettre au travail. Quinze jours plus tard, j’en ai été récompensé avec une titularisation au Club.  »

 » J’ai le sentiment de m’être épanoui « 

 » Depuis cette date, je n’ai plus quitté le onze de base. Pourtant, tout avait mal débuté à Bruges, pour moi, suite à une remise de la tête hasardeuse qui permit à WesleySonck d’inscrire le but d’ouverture après quatre minutes à peine. Je me suis juré, ce jour-là, de ne plus jamais dégager un ballon dans l’axe. Mais il faut bien admettre que la même mésaventure m’est arrivée à Courtrai sur le goal de Sven Kums. Heureusement, dans aucun de ces cas, les matches ne se sont soldés par des défaites. Au contraire, d’un côté comme de l’autre, le RSCA avait livré des rencontres de bonne facture. Personnellement, j’ai le sentiment de m’être épanoui.  »

 » Je suis un verrou et rien d’autre « 

 » Au départ, j’ai vraiment dû chercher ma place. Mine de rien, j’ai été amené à jouer avec des partenaires différents dans l’axe avant de me stabiliser au côté de Juhasz. Nous nous complétons bien et tout est clair entre nous. Le Hongrois a ma bénédiction pour monter, tant sur les phases arrêtées que lorsqu’il veut créer le surnombre dans l’entrejeu. Il sait de toute façon que je continuerai à monter la garde. D’ailleurs, on ne me verra jamais mettre souvent le nez à la fenêtre.

Je me considère toujours comme un verrou et rien d’autre. La ligne médiane est une frontière que je ne franchis pas aisément. Tout ce qui importe, à mes yeux, c’est d’exceller dans mon camp. Le maintien du zéro au marquoir, voilà ce que je vise. Et j’y suis déjà arrivé à quelques reprises ici. « 

 » Je dois davantage commander et améliorer ma relance « 

 » Mon but consiste à présent à garder la place que je me suis forgée et à continuer à m’étoffer. Je ne donne pas assez de la voix, par exemple. Je suis encore à un stade où je suis le mouvement en lieu et place de le dicter. Je ne serai sans doute jamais un véritable leader car je n’ai pas cette autorité en moi. Mais je dois me faire entendre davantage, c’est sûr.

Ce que je dois améliorer aussi, c’est ma relance. Au FC Groningue, c’était simple : je récupérais le ballon et je le passais à un homme du milieu, sans problème. Ici, c’est autrement plus problématique, dans la mesure où le marquage et le pressing sont extrêmement rigides. Même à Anderlecht, les attaquants adverses n’hésitent jamais à se ruer vers les défenseurs afin de les gêner. Il s’agit dès lors de prendre plus de risques ou d’appuyer mes services, mais ce n’est pas mon fort. Il n’empêche que je m’applique à l’entraînement pour m’améliorer en la matière. Mon but, c’est d’être champion avec Anderlecht. De préférence, j’aimerais vivre ce moment comme titulaire plutôt que comme réserviste. Ce ne sera évidemment pas gagné d’avance car Jelle Van Damme sera à nouveau opérationnel en avril. Mais je compte encore marquer des points auprès du staff technique d’ici là « .

NOS CONCLUSIONS

CONSTAT Deux remises de la tête hasardeuses d’Arnold ont coûté des buts au Sporting : le 1-0 de Sonck au Club et également l’ouverture du score par Kums lors du récent déplacement à Courtrai.

ANALYSE Il n’aurait pas obtenu autant de temps de jeu s’il n’avait bénéficié de l’absence, pour blessure, de Van Damme. Il n’a pas de présence physique et on le voit clairement dans son absence d’apport offensif sur les phases arrêtées. Il n’est pas rapide non plus et ne se retourne pas facilement. Et dire qu’il avait été présenté comme un nouveau Hannu Tihinen !

AVENIR Quand tout le monde sera opérationnel au Parc Astrid, il ne pourra prétendre à plus qu’à un rôle de substitut.

Rnic se demande s’il porte malchance  » BATE Biorisov ? Je m’en suis énormément voulu « 

 » En tant que nouvelle recrue, n’ayant jamais joué à l’étranger auparavant, j’aurais aimé bénéficier d’une période d’adaptation. Mais en raison de l’exclusion de MarcinWasilewski à l’occasion du match aller du 3e tour préliminaire de la Ligue des Champions face au BATE Borisov, j’ai d’emblée été lancé dans la bataille au retour. Suite à la défaite 1-2 au Parc Astrid, le Sporting n’avait tout simplement pas droit à l’erreur. Et comble de malchance, j’ai vu rouge moi aussi et la lutte devenait pour le moins inégale, même si l’équipe obtint le partage, 2-2. Après coup, je m’en suis terriblement voulu. Je reste persuadé que si nous avions été au grand complet d’un bout à l’autre de cette rencontre, nous aurions assuré l’avenir du club sur la scène européenne. Ce faux-pas a coûté à la fois cher au RSCA et à moi-même, car j’aurais pu me démarquer de Wasyl, par le biais d’une bonne prestation, assortie d’une qualification. Au final, j’ai perdu pas mal de crédit. Personne ne m’a réellement fait de reproches mais je pense que chacun, en son for intérieur, pestait quand même contre moi. C’est humain.  »

 » J’ai déjà été deux fois dans le trou avec le Partizan Belgrade « 

 » Il n’en était pas allé autrement en 2005, lors de l’élimination, dans le cadre des mêmes qualifications, du Partizan face à l’Artmedia Bratislava. La décision était tombée aux tirs au but et nous avions été les moins bien inspirés. Là aussi, aucun joueur n’avait pointé un doigt accusateur envers ceux qui avaient loupé leur essai ; mais la plupart râlaient sec quand même. Comme moi, qui n’avais pourtant pas dû m’exécuter. Mais je me disais, que si j’avais dû en tirer un, on aurait peut-être franchi l’obstacle constitué par la formation slovaque. On dit souvent qu’à quelque chose malheur est bon et ce triste épisode ne nous avait finalement pas empêchés de rebondir en championnat.

D’un point de vue personnel, un autre facteur m’avait permis de repousser mes limites : la fracture de la jambe, accompagnée d’une rupture des ligaments de la cheville, encourues il y a deux ans, consécutivement à une intervention musclée de mon partenaire nigérian ObioraOdita (aujourd’hui à Westerlo). Après coup, je m’étais juré de revenir plus fort. En définitive, j’y suis bel et bien parvenu.  »

 » Je vis une vraie série noire « 

 » Ici, j’ai pu compter sur ma copine Barbara et, surtout, sur le coach-adjoint, Besnik Hasi, pour surmonter ma déception et repartir du bon pied. J’ai fini par obtenir une deuxième chance lors de notre match à domicile contre Lokeren. Pour cette confrontation, Wasyl avait été maintenu sur le flanc tandis que j’avais coulissé dans l’axe de la défense, une place où j’avais évolué quelquefois en Serbie. Marquez pas de chance, Ouwa Maâzou était déchaîné ce soir-là et nous nous étions inclinés 2-3. Dès cet instant, je me suis tout de même posé quelques questions : dans un club peu habitué aux défaites, j’avais donc vécu en l’espace de deux matches une éviction européenne et un revers dans nos propres installations. Depuis lors, la série noire a continué avec l’élimination en Coupe de Belgique face au FC Malines et la perte de trois points face au Cercle Bruges.

J’avoue m’être demandé si je n’apportais pas la poisse. Mais j’ai chassé cette mauvaise pensée de mon esprit car tout n’était pas mauvais dans ces matches. Au Kavé, par exemple, j’avais inscrit mon premier but pour mes couleurs et devant les Vert et Noir, j’ai probablement livré mon meilleur match depuis que je suis ici. A Roulers, avant la trêve, je m’étais également signalé de manière favorable. « 

 » Je dois devenir plus constant « 

Ce qui me manque toutefois, et j’en suis conscient, c’est la constance sur une longue séquence. A Courtrai, notamment, j’ai été abominable et l’entraîneur a eu mille fois raisons de procéder à mon remplacement à la pause en faveur d’ Hernan Losada. Je n’ai jamais trouvé mes marques face à Mustapha Oussalah. Et le terrain ne doit pas me servir d’excuse car il était glissant aussi bien pour lui que pour moi. J’étais aux abonnés absents et je me rends compte que ce n’est évidemment pas permis quand on vise une place de titulaire. Tout ce que j’espère, c’est une réhabilitation. Car je vaux davantage que ça. Pour l’instant, je n’ai dévoilé que 70 % de mes capacités au RSCA. J’espère avoir l’occasion, avant la fin de cette campagne, de montrer ce dont je suis capable à 100 %.  »

NOS CONCLUSIONS

CONSTAT Nemanja n’a pas vraiment été verni jusqu’à présent : il a déjà enduré plusieurs défaites et porte une lourde part de responsabilité dans l’éviction européenne et la défaite contre Lokeren. Et il y a dix jours à Courtrai, il a été remplacé à la pause.

ANALYSE En lieu et place d’être une version améliorée de Wasyl, il paraît plutôt son clone avec un jeu et un placement pas toujours très nets. Meilleur techniquement que son rival polonais, sa relance est sans nul doute supérieure mais il manque d’intransigeance sur l’homme.

AVENIR Le poste de back étant très important dans le football moderne, ce joueur nous semble d’un apport un peu trop limité pour le RSCA.

par bruno govers – photos: belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire