Tirer avec un ballon

L’année footballistique a été marquée par la violence, l’homophobie, le racisme et des sommes d’argent pharamineuses. Quatre jeunes Wallons en ont pris le contrepied. Ils sont partis en voyage pour effectuer des reportages sur la façon dont le sport continue à transcender ses excès. Troisième étape : Israël.

Un panneau rouge aux lettres blanches est clair, raconte Antoine Delhasse (23 ans) :  » Derrière, vous vous trouvez en territoire palestinien. Il n’est pas accessible aux Israéliens.  » L’hostilité qui oppose Israéliens et Palestiniens, incapables de vivre en paix à côté les uns des autres, a impressionné Delhasse.

Deux fillettes sont mises en scène dans le reportage de l’ASBL A World Of Football : l’Israélienne Poliane (10 ans) et la Palestinienne Omemu (11 ans).  » Nous nous battons parce que nous ne nous comprenons pas « , explique Omemu pour résumer le conflit israélo-palestinien.  » Nous nous battons parce que nous ne parlons pas la même langue et que nous ne croyons pas au même dieu « , enchaîne Poliane.  » Mais pour moi, le problème, c’est que nous ne connaissons pas l’autre côté du mur.  »

Delhasse raconte :  » Les enfants des deux côtés grandissent dans une atmosphère de méfiance. Le Peres Center for Peace de Tel Aviv a réfléchi aux moyens de faire se rencontrer des enfants israéliens et palestiniens. De temps en temps, des enfants palestiniens se rendent en bus à Sderot, en Israël, où le centre organise des séances de football.  »

Le reportage de A World Of Football montre Poliane et Omemu durant une de ces séances.  » C’était la première fois pour Omemu « , explique Delhasse.  » Elle n’avait encore jamais vu de fillette israélienne. Comme les autres enfants palestiniens, Omemu a dû franchir des checkpoints pour arriver en Israël et c’est toute une expédition. Nous avons vu des militaires armés à côté de fillettes de onze ans, avec un ballon. Le contraste m’a frappé. J’ai été particulièrement touché quand Omemu et Poliane se sont rencontrées sur le terrain. J’ai d’abord ressenti leur méfiance. Puis on a lancé un ballon entre elles, elles ont échangé un coup d’oeil puis un sourire. Plus tard, elles se sont promenées en se tenant par la main. Des experts du monde entier se penchent sur le conflit israélo-palestinien depuis des années sans trouver de solution alors qu’un simple ballon permet de surmonter le problème. On ne parle pas de politique ni de religion sur un terrain de football. À ce moment, on trouve la guerre débile. Même un gosse de onze ans s’en rend compte.  »

Tout le monde n’apprécie pas l’initiative du Peres Center for Peace.  » Il arrive que les adultes qui encadrent le projet fassent l’objet de menaces « , précise Delhasse.  » Les rencontres ne se déroulent pas toujours aussi bien. Les garçons peuvent avoir des réactions style -Je ne joue pas avec le Juif ou – Je ne joue pas avec l’Arabe ! Mais en général, des liens d’amitié se créent. Surtout, le mode de pensée des enfants change. Ils ne grandissent pas avec des préjugés.  »

Delhasse de conclure :  » Peut-être Poliane et Omemu s’érigeront-elles un jour en leaders de leur société. Alors, dans quelques années, elles pourront dire, en s’appuyant sur leur expérience : – Nous ne devons pas nous battre avec nos voisins car au fond, nous ne sommes pas si différents les uns des autres.  »

Regardez le reportage sur Poliane et Omemu sur www.sportmagazine.be

PAR KRISTOF DE RYCK

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