Thissen vous bouffait comme il dévorait un steak

 » En 1974, Anderlecht frappa un grand coup en allant chercher un grand arrière gauche au Standard : Jean Thissen alors âgé de 28 ans. On n’imagine pas le bruit que cela fit à l’époque. Passer de Sclessin au Parc Astrid, ou des Mauves aux Rouches, ce n’était pas une mince affaire. Constant Vanden Stock avait déjà sa façon de travailler et, en bon commerçant, il ne lui déplaisait pas de se renforcer tout en… déforçant la concurrence. Le Standard avait décroché trois titres en 1969, 70 et 71. A mon avis, le président redoutait que les Liégeois repartent de plus belle. Enfin, et c’est quand même le plus important, VDS avait besoin d’un costaud pour faire le ménage derrière Robbie Rensenbrink qui ne s’intéressait évidemment pas au travail défensif. L’armoire à glaces d’Ensival était la solution idéale et Anderlecht lui proposa un contrat avec bien plus de zéros que celui qu’il avait au Standard.

Roger Petit, le patron des Rouches, n’apprécia pas le coup de foudre entre son arrière gauche et les Bruxellois. Il finit par céder mais il lança sa condamnation : -Tu pars à Anderlecht, c’est ton choix mais sache que tu ne sera plus jamais international. Jeannot en était à 33 caps. Il en décrocha malgré tout une 34e, contre les Pays-Bas en 1977, trois ans après avoir signé à Anderlecht. Thissen en resta là alors qu’il aurait mérité au moins 50 présences parmi les Diables Rouges. Petit tenait sa revanche.

Mais cela n’empêcha pas Jeannot d’obtenir un très gros palmarès avec les Anderlechtois : deux Coupes de Belgique (1975 et 76), deux Coupes des Coupes (1976 et 1978), etc. Il ne lui manque qu’un titre pour que son palmarès bruxellois soit complet. Comme il en avait empoché trois avec le Standard, cela n’a pas dû le chagriner beaucoup. Thissen s’est en quelque sorte forgé une réputation nationale au Standard et une aura européenne à Anderlecht. Je l’ai bien connu en équipe nationale.

Jeannot était évidemment imposant, du style de mec à qui on ne fait pas un petit pont sans risquer sa vie. Là, Thissen vous bouffait comme il dévorait son steak, et parfois celui de son voisin de table. Il cultivait son image de colosse sans pitié mais on oublie que cet ancien attaquant a toujours été un gros travailleur qui s’entraînait comme il jouait : à fond. Avec le temps, il a enrichi sa technique, sa lecture du jeu et la précision d’une frappe du gauche qui pétait le feu. C’était un très grand arrière gauche et quand il mettait le nez à la fenêtre, il valait mieux ne pas lui mettre des bâtons dans les roues. « 

né en 1941, heylens fut un excellent back droit (67x diable rouge, équipe d’europe 65, mondial 70 au mexique, 7 titres et 3 coupes de belgique avec anderlecht). coacha une douzaine de clubs (passa 5 ans au losc et fut coach belge 1984 à seraing).

propos recueillis par pierre bilic

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