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Teuton 1er

Après quelques jours, Mouscron était déjà la maison de cet international allemand U20 qui a du sang américain et nigérian. Bienvenue dans la baraque à Friede.

« Le foot est le même partout, je ne vois pas où est le problème.  » Ça, c’est la réponse de Sidney Friede quand on s’étonne qu’il se soit adapté à notre championnat à la vitesse d’un pur-sang. Retour sur la phase classique, sur la période de la saison où Mouscron écrasait tout sur son passage, avant l’effondrement du début de play-offs 2.

Le 17 janvier de cette année, on apprend que Mouscron loue pour la première fois de son histoire un footballeur allemand. Friede a 20 ans. Le 20, il passe deux petites minutes sur le terrain lors de la victoire à domicile contre Ostende. Une semaine plus tard, il est titulaire à Genk, où les Hurlus font sensation en s’imposant.

Le week-end d’après, il marque son premier but, contre Charleroi. Et il fait la danse qui va avec, en hommage à un coéquipier resté au pays. Pour que ce soit clair : on parle ici des trois premiers matches pros de Sidney Friede !

Avant ça, avant l’officialisation de son prêt, son horizon était la D4 allemande. Officiellement la Regionalliga Nordost. Avec une équipe B du Hertha Berlin. Puis, chez nous, il a enchaîné. A part un match raté à cause d’une suspension, il a totalisé 100 % du temps de jeu possible entre sa première titularisation et la fin de la trentième journée.

Repéré à la Telekom Cup

Voici comment tout a basculé pour lui. Merci aux sponsors… En pleine trêve hivernale, les Allemands se passionnent un peu pour la Telekom Cup. Un tournoi réunissant quatre équipes soutenues financièrement par cette entreprise. Ça vole assez haut : Hertha Berlin, Düsseldorf, mais surtout Mönchengladbach et le Bayern. Ça se joue à Düsseldorf.

 » Pour ces clubs, c’est l’occasion de voir ce que certains jeunes ont dans le ventre « , raconte Sidney Friede.  » J’ai eu ma chance. C’est purement amical mais c’est grisant parce qu’il y a près de 50.000 personnes dans le stade.  »

Dans ces spectateurs, un homme qu’on a appris à connaître chez nous : Bernd Storck. Le coach de Mouscron a un passé au Hertha, ça facilite les choses. De retour à Mouscron, il alerte ses contacts là-bas, se renseigne sur la possibilité d’emprunter Friede pour une demi-saison.

 » Je n’avais évidemment jamais entendu parler de ce club mais j’ai été partant tout de suite. Je ne connaissais personnellement ni Bernd Storck, ni Jürgen Röber, mais au Hertha, tout le monde sait qui ils sont. Au même moment, j’avais des pistes pour aller en prêt dans des clubs de D2 allemande. J’ai choisi Mouscron.  »

Un mix d’impatience et de réalisme

Surtout, sa priorité était de changer d’air.  » Ça fait deux ans et demi que j’ai commencé à m’entraîner de temps en temps avec le noyau pro du Hertha. En janvier de l’année dernière, j’ai signé mon premier contrat professionnel. Mais j’attendais toujours mes premières minutes en match officiel et j’avoue que ça commençait à me peser. Je m’impatientais de plus en plus, ça me rongeait.

J’estimais qu’un prêt d’une demi-saison ne pouvait que me faire progresser. Mon sentiment, c’était un mix d’impatience et de réalisme. Je joue essentiellement en 6 ou en 8, ce sont deux postes clés, donc c’est compliqué pour un coach de mettre un jeune sans expérience à ces postes-là. En plus, le Hertha fait un bon championnat, alors il n’y a pas de raison de changer l’équipe.  »

Qui dit Hertha, dit club tumultueux. Son histoire est une succession d’ups and downs, il y a eu le FC Hollywood du côté de Munich et il y a un petit frère à Berlin. Friede connaît tout ça et pour cause : à 14 ans, il débarquait là-bas.  » Je jouais avant ça dans un petit club de la région et on avait fini en tête du championnat devant le Hertha, ça les avait impressionnés. En une seule fois, ils ont transféré quatre joueurs de mon équipe.  » Friede a achevé sa formation là-bas.

Fils d’un militaire US envoyé en Allemagne

Avec son talent de médian, son prénom américain et son teint foncé. Explications…  » Je suis né à Berlin. Ma mère est allemande. Mes parents se sont rencontrés en Allemagne. Mais mon père a eu un parcours pas très banal. Ses parents sont nigérians, il est né en Afrique. Quand il était encore très jeune, ses parents ont déménagé aux Etats-Unis.

Comme ça, mon père a la double nationalité nigériane et américaine. J’ai encore pas mal de famille aux States, c’est chouette, j’ai passé plusieurs fois mes vacances à New York…  » Reste à savoir comment le père de Sidney a abouti en Europe.  » Il était militaire, on l’a envoyé en Allemagne, voilà…  »

Les stats personnelles récentes de Sidney Friede mentionnent aussi des matches avec la sélection allemande U20 qui participe à l’Elite League.  » C’est pour ainsi dire ce qui se fait de mieux en Europe au niveau U20. Il y a huit grosses équipes, c’est une espèce d’EURO amical, on joue contre le Portugal, l’Angleterre, l’Italie, les Pays-Bas.  »

Et un EURO officiel, il a déjà connu.  » J’ai participé à la phase finale du Championnat d’Europe U19, en Géorgie. Un mauvais souvenir collectif parce qu’on s’est un peu fait ramasser, mais une super expérience individuelle.  »

Un mach avec Neuer

Et puis, durant l’été 2018, il a carrément côtoyé la crème de la crème.  » Avant chaque tournoi, l’équipe nationale A fait des matches de préparation et le but est que l’adversaire pratique le même jeu que les pays que la Mannschaft va affronter, à l’EURO ou à la Coupe du Monde. L’été dernier, ils ont fait leur stage préparatoire en Autriche et ma sélection était censée jouer le jeu de la Suède, que l’Allemagne devait affronter en Russie.

Donc, on a joué comme les Suédois. Si je dois retenir une chose, prioritairement, de ce match, c’est que notre gardien était… Manuel Neuer. Il n’était pas encore tout à fait rétabli, donc Joachim Löw ne le faisait pas jouer dans son équipe type. « 

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