Le talent de l’Ajax avait permis aux Mauves de se qualifier à Stabaek, mais quand rejouera-t-il?

Sherjill McDonald, le talent de 17 ans qu’Anderlecht a lancé dans la bataille à Stabaek, a pris part cet été avec les Pays-Bas à un tournoi de qualification pour l’EURO des -19 ans. Il a remporté ce tournoi, grâce à un nul 1-1 contre la Turquie et à deux victoires, 4-0 contre la Lettonie et 3-1 contre la Finlande. S’il gagne le prochain tournoi, en mars, il sera qualifié pour le tour final. L’Anderlechtois a marqué trois buts, un contre les Turcs, deux contre les Lettons.

Vos parents sont Surinamiens.

Sherjill McDonald: Ils y sont nés mais ont déménagé aux Pays-Bas à l’âge de 20 ans, pour des raisons économiques. Ma mère est employée dans une banque, mon père est un simple travailleur. Ils ont emménagé à Amsterdam peu après ma naissance. J’ai un grand frère et deux petites soeurs. A l’âge de quatre ans, je me suis affilié dans un club amateur, Volenwijkers. Amsterdam-Nord est un quartier normal. On joue au foot dans la rue. A sept ans, j’ai rejoint l’Ajax.

Etait-ce un rêve?

Je ne le connaissais pas car je ne regardais pas la TV. Mon père m’a fait disputer un match de sélection. J’ai atterri dans un monde parfaitement organisé. Chacun reçoit six jeux d’équipement, on vous véhicule en bus. Heino Otto et Jan Olde Riekerink (de Gand) m’ont entraîné, entre autres.

L’Ajax est très dur envers ses jeunes, si on en croit un documentaire.

On m’y voit. Ce film donne le reflet exact de ce qui se passe dans ce club. Le seul problème de l’Ajax est l’afflux de joueurs étrangers. En transférant chaque année cinq ou six joueurs, il prive ses propres jeunes de chances.

L’Ajax ne s’occupe que des élites. Etait-ce stressant?

Il est dur: il faut prester, sous peine de voler dehors. En décembre, on fait le point, on vous dit sur quoi vous devez vous concentrer. Un second entretien a lieu en fin de saison: on vous dit si vous pouvez rester ou non. Au début, on a les jambes qui tremblent mais dès 12 ou 13 ans, c’est passé car je savais moi-même si je travaillais bien. Je n’avais pas de place fixe: j’ai joué à l’arrière puis j’ai eu des numéros différents. On vous apprend à évoluer à toutes les positions.

L’école primaire m’a plu mais ensuite, le football m’a accaparé. J’ai arrêté à 15 ans, contre la volonté de l’Ajax. Il craignait que d’autres m’imitent. Mon père a quitté ma mère, à peu près au même moment. C’était le chaos et j’étais en pleine puberté. J’ai eu ma première petite amie. Tout est venu en même temps. Je suis têtu mais il faut savoir ce qu’on veut.L’impatience des jeunes

L’Ajax a-t-il sanctionné votre comportement?

Il m’a suspendu pour deux semaines. Au début, j’ai trouvé ça chouette car je pouvais jouer en rue mais je me suis ennuyé. Anderlecht s’est présenté. Rejoindre Bruxelles a été une décision difficile. Après huit ans à l’Ajax, je voulais atteindre son noyau A. Je savais que ce serait difficile car les deux premiers noyaux étaient archi-combles. Je marquais chaque semaine, je jouais bien mais on ne voulait pas me mettre en A1, les -18 ans. Jamais Danny Blind ne m’a repris alors que ce groupe n’était pas complet. L’Ajax ne fait plus confiance à ses jeunes. Seuls Van der Vaart et, dans une moindre mesure, Heitinga, ont percé. Les A1 sont avant-derniers, c’est inimaginable. Les talents n’ont plus de patience et le quittent pour jouer en première ailleurs. Avant, vers 18 ans, vous receviez votre chance, comme Kluivert, Seedorf…

Les jeunes émergent aussi difficilement à Anderlecht. Le saviez-vous?

Oui mais je voulais prendre un nouveau départ et le club me téléphonait tous les jours. Je l’intéressais vraiment.

Melvin Fleur vous a accompagné. Ce fut plus facile?

Oui, mon cousin et son jeune frère ont également signé à Anderlecht. Leur mère les a accompagnés et s’est occupée de nous aussi. J’ai disputé un tournoi avec les Juniors, j’ai marqué et j’ai été le meilleur joueur. J’ai été repris en Réserves, où j’ai également trouvé le chemin du but. J’ai effectué mes débuts en équipe fanion la saison dernière. Monsieur Anthuenis m’a fait entrer au jeu contre l’Antwerp. Tout s’est accéléré. Je n’ai jamais regretté mon choix, surtout que je reste international Espoir.

La formation est-elle bonne, ici?

Oui. Nous avons joué contre les Ajacides avec Anderlecht: ils étaient supérieurs techniquement mais ne trouvaient pas d’issue à notre pressing. Nous avons battu l’équipe de Danny Blind deux fois. J’ai inscrit deux buts. J’étais content!

Quelle est votre position préférée?

Pour le moment, le flanc ne me déplaît pas, tant que je peux attaquer.

Etiez-vous nerveux avant le match à Stabaek?

Je n’en ai pas dormi: titulaire à Anderlecht! Des joueurs m’ont parlé. J’ai dû m’habituer: en première mi-temps, dès que je tentais de prendre le ballon, j’avais deux hommes sur le dos. Mais j’ai eu de la chance: j’ai marqué. Hands en Norvège

De la main, comme vous l’avez admis.

Pourquoi mentir quand on le voit sur les images? Ce n’était pas volontaire. Je marque plus facilement quand je suis sous pression. Je suis meilleur dans les matches importants. En équipes d’âge, je marquais toujours en finale d’un tournoi.

Quel est votre prochain objectif?

Je suis heureux. Je n’ai pas besoin d’être repris pour chaque match. Je dois m’habituer au rythme pour être titulaire dans un an ou deux. Je ne m’entraîne pas constamment avec l’équipe fanion, même si je le voudrais. On apprend à jouer plus vite et c’est important de connaître les autres.

Comment jugez-vous votre match contre Genk?

La première mi-temps a été bonne puis je me suis endormi. Je ne suis pas encore capable de suivre le rythme. L’entraîneur m’a demandé de ne pas prendre de risques. Voir Sonck et Dagano de près m’a impressionné. Dagano est grand et fort. Sonck est très malin.

Broos a déclaré qu’avec Kolar à gauche et vous à droite, Anderlecht était sans doute trop léger.

La vitesse permet d’éviter des duels mais le championnat belge requiert de la puissance. Quand je me sens moins bien, je fais du fitness pendant quelques semaines. Jouer ici, avec la pression, me rendra la vie plus facile face à une équipe néerlandaise. C’est pour ça que je souhaite achever ma formation ici.

Beaucoup de jeunes Anderlechtois piétinent au stade que vous avez atteint. Walter Baseggio est le dernier à avoir émergé. Il a déjà 24 ans.

Mon objectif est d’apprendre pour être utile à une équipe, ici ou ailleurs.

Amsterdam vous manque-t-elle?

Un peu mais j’y retourne dès que j’ai un week-end. Je vois souvent ma mère. D’ici quatre mois, grâce aux cours obligatoires de français, je me débrouillerai bien. Je vais avoir un appartement. Pour l’instant, je vis avec Sergio, un autre Ajacide que mon succès a attiré ici. Mais je suis d’un naturel indépendant.

Etes-vous titulaire en Réserves?

Oui. Ce n’est pas évident car huit joueurs viennent de l’équipe A. Heureusement que je joue toujours! Bientôt, les matches internationaux Espoirs vont reprendre. Ils sont généralement bons.

Quand vous entraînerez-vous exclusivement avec le noyau A?

On verra. Je fais ce qu’on me dit. Parfois, c’est compliqué: un entraînement avec les A puis un avec les B. L’année dernière, j’ai joué dans trois équipes: les Juniors, les Espoirs et l’équipe fanion. C’était dur.

Peter TKint

« Je marque plus facilement sous pression »

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