Test de popularité

Comment l’ancien directeur technique a retrouvé le banc et travaille pour son club… avant de penser à lui.

Dimanche, Dominique D’Onofrio est revenu dans le dug-out de Sclessin comme s’il n’en était jamais parti. Lui dit qu’il a été surpris. Nous, pas. Tant il était évident que DD, dont le bilan était largement défendable même si ses successeurs ont fait mieux en décrochant le titre, constituait la solution toute trouvée en cas de limogeage (ou démission…) d’un entraîneur.

Son expérience (contre Westerlo, il a dirigé son 137e match comme entraîneur du Standard) et sa connaissance de l’équipe en faisaient un candidat naturel à la succession de Laszlo Bölöni. Pourtant, il affirme avoir réfléchi. Fausse modestie ou réelle méditation ?  » J’étais entre le oui et le non. La décision était très difficile à prendre « . Même s’il ne l’avoue pas, son dernier parcours de coach et l’épisode des mottes de terre lancées vers lui sur le podium de fin de saison 2005-2006 lui trottent toujours dans la tête et ont pesé dans la balance.

Mais le thème de sa popularité reste tabou. Lorsqu’en conférence de presse, un confrère de Vers l’avenir l’aborde en posant la question :  » Finalement, n’est-ce pas davantage le public qu’il va falloir reconquérir ?, Dominique D’Onofrio n’a pas le temps de répondre. Louis Smal, représentant de la Famille des Rouches, coupe :  » Qui est contre son retour ? 25 supporters sur 25.000 ? ».

Depuis 2006, de l’eau a coulé sous les ponts. Le Standard a retrouvé un titre qui le fuyait et les supporters ont pardonné à DD qui a continué à £uvrer pour le bien de son club. L’amabilité et la convivialité du frère de l’homme fort des Rouches ont également permis de rabibocher ce qui avait été cassé entre lui et les supporters. Pourtant, une fêlure est toujours bien présente. Des chants en l’honneur de Bölöni ont été scandés par le PHK, un club de supporters important lors de la victoire difficile contre Westerlo (1-0).

Une banderole a aussi été déployée par les Ultras Infernos pour saluer le travail de l’entraîneur roumain. Dire donc que le public est plus que circonspect face à l’annonce du retour de Dominique D’Onofrio est un euphémisme. Mais là encore, c’est le masque lorsqu’on évoque le problème à l’issue de la rencontre.  » Je n’ai rien entendu et je n’ai rien vu « , affirma-t-il.  » Moi, le public, je l’ai toujours respecté. Et lui, il doit respecter le club, les joueurs et les membres de la direction.  »

Pourtant, si le retour de DD aux affaires ne fait pas l’unanimité, il partage : d’autres supporters ont sifflé les marques de soutien à Bölöni.  » Il faut tourner la page et souhaiter bonne chance à Dominique D’Onofrio « , expliquaient certains.

Il a changé l’état d’esprit

Reste que  » par sens du devoir  » (dixit Pierre François), DD a décidé de choisir  » l’inconfort de celui qui, comme un ouvrier, doit reconstruire « . Et c’est vrai qu’il était sans doute plus confortable pour le directeur technique de rester dans l’ombre. Oui mais voilà, comme le dit François,  » Dominique a été entraîneur au moment où le Standard était en pleine phase de reconstruction. Il ne l’a pas été au moment où les fruits de ce travail ont été récoltés par d’autres « . Bref, toujours cette volonté de reconnaissance.

En attendant, DD va devoir aller très vite. Trois matches capitaux en championnat face à des adversaires (Bruges, Zulte Waregem et Gand) supérieurs à ce que le Standard a montré depuis le début de la saison. Et la coupe d’Europe dès demain, une semaine après sa prise de fonction. C’est sûr, il n’est pas venu chercher le confort…

Pour réussir, D’Onofrio a misé sur ce qu’il savait faire de mieux : instaurer de la bonne humeur dans une ambiance de travail. En deux jours, il a apporté de la sérénité. Les méthodes de Bölöni étaient particulières et avaient fini par lasser une partie du groupe, même si elles ont construit les plus jeunes du noyau. DD a récupéré un effectif sous tension et lui a redonné le sourire.  » Le dialogue a toujours été un élément essentiel de ma façon de travailler « , a d’ailleurs affirmé le nouvel entraîneur.  » Ces deux derniers jours, j’ai vu l’envie de tourner une page pas très belle « , expliquait Sébastien Pocognoli.

Après la victoire face à Westerlo, la plupart des joueurs mettaient d’ailleurs l’accent sur ce point : le retour d’une certaine mentalité.  » On a surtout basé cette rencontre sur l’état d’esprit, sur le mental. Ce n’est pas en cinq jours qu’on peut changer quelque chose au niveau tactique « , disait Benjamin Nicaise.

Igor de Camargo se laissa le plus aller, avouant son soulagement face au départ du Roumain  » pour des raisons que je préfère garder pour moi « .

Pas de Jovanovic, pas de Mbokani, ni de Sarr

Contre Westerlo, D’Onofrio a également montré qu’il ne baserait pas sa réussite sur des noms mais qu’il allait falloir se vider les tripes. Place fut donc faite aux jeunes puisque ni Dieumerci Mbokani, ni Milan Jovanovic n’étaient dans le onze de base. Quant à Mohamed Sarr, qui dispute sans doute la saison la plus délicate de sa carrière, il n’était même pas sur la feuille de match. La faute à une gastro-entérite. Seuls Wilfried Dalmat et de Camargo étaient expérimentés, Koen Daerden étant encore en phase d’apprentissage. La configuration était également nouvelle : un 4-5-1 pour accueillir Westerlo, réduit à dix après trois minutes, n’est pas commun.

 » Tout est une question d’animation. Avec Axel Witsel, de Camargo, Mehdi Carcela, Daerden et Dalmat, nous avions cinq joueurs à vocation offensive. Cinq défensifs, cinq offensifs, c’est pas mal, non ? », réagissait DD.

Quant aux absences de Jovanovic et de Mbokani ?  » Nous avons des échéances très importantes et j’ai pris la décision de les préserver, d’autant que l’un n’est pas encore totalement rétabli et que l’autre a déjà 9 cartons jaunes.  » Pas question donc de penser que Jovanovic paie son choix d’équipe (Liverpool plutôt que le Milan AC, solution préférée de la direction liégeoise).

 » Je leur ai parlé et ils ont très bien compris ma décision « , renchérissait D’Onofrio,  » Ce ne sont pas 11 joueurs qui forment une équipe mais tout un noyau.  » En cela, DD marque une rupture nette avec la politique de Bölöni à qui on reprochait de ne faire appel (et confiance) qu’à un nombre limité de joueurs. En agissant de la sorte, le nouveau coach veut remobiliser tout un groupe.

Reste que le 4-5-1 manquait d’automatisme. L’entrejeu renforcé allait trop souvent s’enfermer dans un entonnoir.  » Il faut élargir le jeu. Surtout contre un adversaire en infériorité numérique « , pestait D’Onofrio.  » Daerden et Dalmat rentraient beaucoup trop dans le jeu mais cela a été corrigé à la mi-temps. « 

 » La mentalité est revenue. Maintenant, il faut travailler le fonds de jeu « , continuait Pocognoli.  » Il va falloir montrer autre chose mais on doit prendre nos marques avec le nouvel entraîneur « , corroborait Nicaise.  » Ce groupe voulait la victoire. Il fallait prendre les trois points. Le reste, ce n’est que littérature « , concluait l’entraîneur.

Le staff est désormais au complet puisque Jean-François de Sart, qui a reçu la permission de la Fédération de cumuler, l’a complété. Le noyau est équilibré avec les arrivées de Pocognoli et de Daerden. La saison du Standard peut commencer.

par stéphane vande velde – photos: belga

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