Terry, t’as pas ri : tu glisses et t’atterris atterré…

Le 19 mai 1971 à Athènes, les prolongations n’arrivent pas à départager Chelsea (celui de Peter Bonetti et de Peter Osgood, remember les vieux !) et le Real Madrid en finale de la Coupe des Coupes. Les tirs au but n’existent pas, le match est rejoué le surlendemain dans le même stade, Chelsea l’emporte (2-1), c’est un vrai vainqueur. Le 15 mai 1974 à Bruxelles, les prolongations n’arrivent pas à départager le Bayern Munich et l’Atletico Madrid (1-1) en finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions. Les tirs au but n’existent toujours pas, le match est à nouveau rejoué le surlendemain, c’était un temps où l’on savait s’organiser dare-dare sans que bizness ni télés n’imposent à ce point leurs diktats. Le Bayern l’emporte (4-0), c’est un vrai vainqueur.

Aujourd’hui, un trophée remporté par tirs au but est toujours une défaite du football. L’adrénaline y est sans doute à son comble pour les supporters des deux camps, le ridicule antisportif y est à son comble aussi pour les amateurs neutres : l’épreuve est comme une incitation sadique à la faute professionnelle obligée, car tu es toujours con et fautif quand tu loupes ton tir au but. A Moscou, Cristiano Ronaldo s’est avéré con et fautif mais finalement heureux, John Terry s’est avéré tout pareil mais finalement en pleurs : une telle différence dans le bonheur pour si peu de différence dans le jeu à l’issue des 120 minutes, ce serait donc cela la grandeur du sport ? Bof. Quand ça vient de se passer trois fois en six finales (AC Milan 2003, Liverpool 2005), la grandeur du sport finit par devenir petite. Même si Terry fut émouvant, je n’ai pas dit que j’avais un c£ur de pierre…

J’ai par contre déjà dit qu’en cas d’égalité, je préférerais que l’on recourre d’abord, non pas à la possession de balle (qui pourrait amener les uns à geler le cuir sans prise de risque), mais bien aux coups de coins forcés (qui, eux, inciteraient à cette prise de risque) ou aux tirs sur le cadre. Enfin… Le Lotto footeux a désigné pour 2008 Manchester United, à l’issue d’un match certes à suspense mais qui m’est aussi apparu caricatural du climat consternant dans lequel baigne notre sport hélas préféré : des bras qui pelotent à tout va, des coudes qui cognent et des mains qui giflent en réaction aux bras qui pelotent, des attroupements remplis de mots aimables et de pressions verbales sur l’arbitre, des ça-passe-pas-parce-que-j’te casse… vive le sang ! Comme celui qui coula du nez de Paul Scholes, lequel l’avait bien cherché sur ce coup-là…

Bon. J’en retiens quoi, de ce match ? Qu’en matière d’arbitrage, le Slovaque Lubos Michel ne s’est pas trop mal sorti du merdier moscovite, mais c’est un avis personnel et je l’aurai oublié sous peu. Que la pluie fut battante, que les gars glissèrent souvent et que ça coûta cash (cf. Terry)… à croire que 3,4 milliards d’euros de droits/télé (5 fois plus qu’en Italie et en France, à ce que j’ai lu !) ne permettent pas aux clubs anglais d’acquérir un matos correct pour contrer les intempéries. Que plusieurs joueurs ont eu des crampes, comme si tous ces caïds que je croyais fortiches devenaient poupées fragiles dès qu’ils devaient prester plus de 90 minutes. Que Cristiano Ronaldo sera Ballon d’Or s’il fait un Euro correct sans louper ses penos… même si Scholes et Ryan Giggs le méritent plus que lui !

Mais surtout, surtout, je retiens Bobby Charlton, comme chez lui sur la pelouse d’après match, comme un boomerang dans mon souvenir, au milieu des siens quarante ans après, à la tête des Red Devils pour grimper chercher les honneurs ! Symbole de chez Symbole, comme dirait un jeune ! Charlton infiniment reconnaissable, dégarni du même crâne qu’en ses plus beaux jours, absence de tifs rappelant par association les tifs de George Best… Mai 68 mais à Wembley, Sous les pavés le foot, 1-1 contre Benfica et Eusebio à l’issue du temps réglementaire, les deux précités et Brian Kidd qui plantent 3 buts durant les prolongations… J’ai 15 ans, je ne les ai plus, je les ai toujours… Le temps a passé comme une balle. De foot.  »

par bernard jeunejean

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