Tellement envie

Le champion de Belgique veut retrouver son niveau, après deux saisons médiocres.

Après son titre belge, l’année dernière, le troisième de sa carrière, Tom Steels s’est attaqué au Tour avec un bon pressentiment. « Le Tour de Catalogne avait été très bon, comme le championnat de Belgique à Maldegem. Je ne m’attendais pas à pareil contre coup. Je me sentais en pleine forme après le championnat, je m’entraînais dur. D’un coup, j’ai perdu mes forces ».

Les quelques jours durant lesquels il s’est traîné au Tour de France ont été un véritable martyre pour Steels. La suite n’a pas été meilleure et il a pris congé de Mapei sur un mode mineur, après sept années: « Vivre les derniers mois d’une équipe qui va disparaître n’est jamais agréable. C’était un peu chacun pour soi. Nous vivions tous dans l’incertitude et on a pris des décisions qui ne l’auraient jamais été dans des circonstances normales ».

Comme la non-participation de Steels à Paris-Tours: « J’ai eu l’impression d’être dévalorisé, en effet. éa se passait juste avant le Mondial et j’aurais souhaité effectuer un bon test ».

On ne le lui a pas gréé. Ce manque de rythme en course est-il une des raisons pour lesquelles il a été trop court à Zolder? « éa aurait peut-être changé quelque chose mais de toute manière, il n’y avait rien à faire contre les Italiens: ils ont formé un bloc soudé, homogène. Ballerini est parvenu à motiver tous ses hommes pour miser sur Cipollini. En Italie, se passer de Michele Bartoli demande une fameuse audace ».

Immédiatement après la course, Steels a compris qu’il avait laissé passer sa chance à Zolder. Pourtant, il porte un regard satisfait sur ce Mondial, car il a pris part au sprint final. « Je suis content de la course en elle-même et je suis aussi heureux d’avoir vécu ça. Un Mondial dans son propre pays, c’est quelque chose de particulier. En ce qui me concerne, on peut en organiser d’autres. Bien entendu, je regrette que Zolder ait eu lieu la saison passée et pas quelques années avant ou dans le futur. Physiquement, je n’étais pas au top et pour rivaliser avec des coureurs pareils, c’était indispensable ».

Lorsque Mapei a annoncé qu’il se retirait des pelotons, Steels a mis du temps à trouver une nouvelle équipe. Le Waeslandien l’admet: « Ce fut une période d’incertitude. Je n’avais pas le choix ». Il espérait trouver refuge chez Patrick Lefevere et sa nouvelle formation Quick Step-Davitamon. « Quick Step me l’a proposé mais quand vous n’entendez plus rien, vous vous doutez qu’il n’y a rien de concret. Je comprends leur point de vue et je ne nourris aucune rancune à l’égard de ces personnes ».

Pas davantage qu’à l’encontre de Patrick Lefevere, qui affirme avoir attendu un coup de fil de Steels: « Quand une écurie aime un coureur, elle l’appelle elle-même. Du moins, c’est mon point de vue. Le problème, c’est que beaucoup d’équipes doutaient de mes possibilités. Je peux les comprendre car je n’avais plus retrouvé mon niveau depuis deux ans. J’avais pourtant la certitude de revenir lentement mais sûrement. On ne sait jamais quand on est débarrassé de la mononucléose. C’est la galère ».

La seule offre concrète est venue du Landbouwkrediet-Colnago-Sacla, une équipe à la philosophie radicalement différente des formations à gros budget. « Les jeunes ont l’occasion d’y faire leurs preuves et le programme est composé en fonction des coureurs dont elle dispose: le calendrier n’est pas surchargé, les périodes dures ne se succèdent pas sans pause. Gérard Bulens a d’ailleurs bonne réputation dans le peloton ».

Le stress existe partout

Bulens, le manager de l’équipe, a déjà déclaré: « Tom était las des grandes équipes ». L’intéressé: « Il faut sans cesse prester, en fonction du contrat. Si on échoue, on est le premier à se mettre la pression. Au fil du temps, la nervosité vient également de l’équipe et il devient très difficile de se concentrer pour se livrer à fond. Si par-dessus le marché, le climat est défavorable, ça ronge votre confiance et votre courage ».

Au Landbouwkrediet, le stress est moindre mais n’est pas inexistant. « Je veux revenir à mon ancien niveau. Je prendrai donc le départ de certaines courses avec la pression nécessaire. En fin de compte, je veux réaliser des performances, que je sois dans une petite ou dans une grande équipe. Toutefois, en-dehors des courses, je serai plus tranquille, je pourrai mieux me préparer, ce qui peut faire la différence ».

Lorsqu’il évoque sa nouvelle écurie, Steels n’émet que des remarques positives. Il ne redoute pas d’être moins bien encadré dans les derniers kilomètres: « Le seul qui me manquera vraiment, c’est Zanini. Mais Ludovic Capelle a déjà prouvé la qualité de son travail au service de Kirsipuu. Je peux aussi compter sur l’expérience de Dierckxsens et Verstrepen. Wesley Van Speybroeck est rapide. Au sein de l’équipe, beaucoup de coureurs sont capables d’abattre un travail précieux ».

Pourtant, il n’a signé que pour une saison, sciemment: « Je veux à nouveau rouler une bonne saison. C’est mon premier souci. Si j’y parviens, je pourrai relancer ma carrière ».

Il est prudent à l’énoncé de ses objectifs. Il faut insister pour qu’il avoue: « Avant tout, je veux recourir en tête. Je peux faire mieux dans certaines semi-classiques qui me conviennent. Là, je peux jouer un rôle clef. J’en suis convaincu. A l’entraînement, cet hiver, j’ai constaté que je pouvais aller à fond plus longtemps, ce qui conforte mon assurance. Je pense avoir surmonté la maladie ».

Il ne crie pas victoire mais quand on évoque Milan-Sanremo, les yeux de Steels brillent d’un éclat particulier. « Espérons que nous puissions en prendre le départ. Ces dernières années, j’ai été sélectionné pour cette course alors que je ne devais pas encore être en forme et on m’a laissé à la maison alors que j’étais prêt. Un bon Steels ne déparerait pas dans le palmarès, à la suite de Zabel et Cipollini ».

Au Tour, il a déjà gagné neuf étapes mais il y a peu de chances que le Landbouwkrediet soit sélectionné pour le centenaire. C’est une petite catastrophe pour Steels, car les sprints de masse du Tour sont taillés sur mesure pour un sprinter, à l’instar du Mondial… « C’est triste, évidemment, mais la présence de Cipollini, champion du monde en titre, au Tour d’Italie, lui confère aussi une plus-value. J’espère prester au Giro mais le Tour reste le Tour. Un sprinter peut y réussir sa saison, mais on s’intéressera certainement aux sprints massifs du Giro, entre Cipollini et Tom Steels ».

Roel Van den Broeck

Le sprinter a tout fait pour retrouver la confiance.

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