TATTOOS COMPRIS

Indiscutable dans l’axe de l’entrejeu, l’élégant Français s’est imposé comme un des leaders de l’équipe de Felice Mazzu depuis son arrivée à Charleroi, il y a un peu plus d’un an. Rencontre.

Waterloo, Passage Wellington. C’est un Damien Marcq tout sourire que nous retrouvons en ce vendredi après-midi ensoleillé chez le tatoueur Coloribus Trendy. Le médian carolo aurait pourtant toutes les raisons de tirer la tête. Une légère blessure au mollet l’embête depuis le début de la semaine. L’entraînement matinal s’est mal déroulé et la nouvelle vient de tomber : il est forfait pour la rencontre du lendemain à Gand.

 » Ce n’est pas très sérieux mais il vaut mieux être prudent « , explique le médian français.  » La semaine prochaine sera chargée avec trois matches en huit jours.  » Le triptyque Ostende – Lokeren – Club Bruges sera en effet ardu à négocier pour les Zèbres qui iront chercher un bon point à la Ghelamco Arena le lendemain de cette interview grâce notamment à deux buts de Clément Tainmont. Une bonne façon de célébrer les retrouvailles avec ses potes David Pollet et Danijel Milicevic, passés dans les rangs des Buffalos.

 » J’ai envoyé des textos à David durant la semaine mais il n’a pas répondu. Il avait peur sans doute « , rigole Marcq. Au milieu de l’encre et des aiguilles, le régulateur de l’entrejeu carolo est dans son élément :  » J’adore le bruit de l’aiguille. C’est comme celui de la roulette chez le dentiste. Y’a des gens qui ne supportent pas, moi ça me plaît !  »

Tu es arrivé à Charleroi en début de saison dernière. Quel bilan tires-tu de ces quinze premiers mois en Belgique ?

Damien Marcq : Comme l’équipe, j’ai connu des hauts et des bas, mais dans la globalité, j’estime que c’est plutôt positif. Je me sens bien dans le championnat, dans l’équipe. Tout fonctionne avec le staff et les supporters, et j’estime faire de bons matches actuellement même si les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. On peut en tout cas prétendre à beaucoup mieux que ce qu’on a montré depuis le début de cette saison.

Une absence remarquée

Certains ont avancé ton absence pour suspension lors des deux premiers matches pour justifier le départ compliqué de Charleroi. Ça te fait plaisir d’entendre ça ?

Oui, forcément un peu, c’est une forme de reconnaissance, même si je pense que ce rapprochement a surtout été fait parce que je sortais d’une bonne préparation. Et puis, je suis revenu dans l’équipe contre Anderlecht et on a perdu quand même. Avant le match d’ouverture, tout le monde disait que le Standard n’était pas prêt. On se rend compte maintenant que ce n’était pas faux mais on s’est quand même pris un ouragan à Sclessin durant les 25 premières minutes, où on ne savait plus où on habitait. Après, contre Westerlo, on encaisse juste avant la mi-temps. Psychologiquement, on baisse un peu la tête et on leur offre véritablement les trois points. Ça a été mieux par la suite, hormis le couac au Cercle et, plus récemment, la défaite à Courtrai où de nouveau, on n’a pas su redresser la barre après avoir encaissé deux buts rapidement, malgré notre supériorité numérique.

Charleroi est maintenant onzième. Vous regardez plutôt devant ou derrière vous au classement ?

Avec le groupe qu’on a, on se doit de regarder en haut et aussi d’avoir l’objectif d’aller le plus loin possible en Coupe de Belgique. On a toujours un oeil derrière nous mais il faut éviter de tomber dans la psychose des années précédentes. Il faut aller de l’avant et montrer que Charleroi peut grandir saison après saison.

Sauf pépins physiques ou suspension, tu es invariablement titulaire. Comment tu définirais ton rôle dans l’entrejeu carolo ?

Le coach a besoin de relais au sein de chaque ligne. En défense, c’est Penneteau et Martos. N’Ganga aussi. Devant, c’est plutôt Fauré, et moi je joue ce rôle dans la ligne médiane. C’est une marque de confiance de l’entraîneur et j’essaie de lui rendre sur le terrain. Je suis une sorte de récupérateur-relayeur. A mon grand regret, je ne suis pas assez souvent aux avant-postes pour faire une dernière passe ou pour marquer un but. Pourtant, j’aimerais, mais mon jeu est comme ça. Je reste avec mes défenseurs, je récupère et je donne aux joueurs devant moi. Dans ma carrière, je n’ai mis que deux buts : un en Ligue 1 et un autre en Coupe de France. Le coach des gardiens, Michel Iannacone, me charrie d’ailleurs souvent avec ça. J’espère que je vais améliorer ça parce que même si mes coéquipiers vont dire que je suis prétentieux, je dois être le meilleur buteur à l’entraînement depuis le début de la saison.

Cartons à répétition

Depuis l’entame du championnat, tu as déjà évolué avec différents partenaires dans l’axe de l’entrejeu.

Oui, j’essaie de varier mon jeu en fonction de ça. Quand je joue avec Enes Saglik, je sais que je vais devoir travailler un peu plus défensivement pour le soulager, c’est un meneur, un vrai bon joueur de foot. Si c’est Cristophe Diandy, à l’inverse, je peux plus me laisser porter vers l’avant, il est là pour couvrir mes arrières avec son énorme volume de jeu. Et quand je joue à côté de Karel Geraerts, on peut se permettre d’alterner l’un et l’autre les moments offensifs. Il est le plus complet avec un gros abattage et cette capacité à ne quasiment jamais commettre d’erreurs.

Tu as déjà raté trois matches pour suspension cette saison et l’année dernière également, tu as souvent été averti. C’est ton principal point à améliorer ?

C’est l’inconvénient de mes qualités. J’ai besoin de courir beaucoup. A certains moments, je manque de lucidité et la faute inutile arrive. C’était déjà le cas en France et il faut que je progresse à ce niveau-là. Je pensais me débarrasser de cette étiquette en arrivant en Belgique mais je me rends compte que ça fait partie de mon jeu. Je ne vais pas dire  »  » malheureusement  » parce que je pense qu’il faut savoir faire preuve d’agressivité, mais je devrais parfois réussir à me tempérer pour éviter des situations comme lors de mon premier match en Jupiler League contre le Club Bruges où je suis bêtement exclu. Je m’en suis voulu énormément.

Tu as récemment prolongé ton contrat jusqu’en 2017. Ça veut dire que tu entends t’inscrire dans la durée à Charleroi ?

Je prends cette prolongation comme une marque de confiance, une récompense de mon bon début de saison. Je me sens très bien ici mais tu ne sais jamais dire où les choses vont te mener.

Tu as débuté chez les pros dans ta ville, à Boulogne-sur-Mer. C’est ta meilleure période en tant que footballeur ? Tu aimerais retrouver la Ligue 1 ?

Non, ça ne me botterait pas spécialement de retourner en France. Ce n’est en tout cas pas mon souhait principal même si c’est vrai que si je regarde de manière lucide mes performances passées, ma meilleure saison reste celle que j’ai disputée en Ligue 1 à Boulogne. C’est à cette période que j’ai livré mes meilleurs matches, que j’ai été repris en équipe nationale Espoirs.

Repartir de zéro

Ça s’est moins bien passé pour toi par la suite.

Oui, je suis parti à Caen où ça a été plus compliqué puis j’ai été prêté à Dijon et à Sedan où ça a été difficile aussi. Une carrière est faite de choix et j’ai toujours fais les miens en âme et conscience. Ça n’a pas forcément toujours été les bons mais je ne regrette rien. Si c’était à refaire, je ne suis pas certain que je changerais grand-chose. J’avais 21 ans quand je suis passé de Boulogne à Caen avec un transfert à 2,5 millions. Ça met une certaine pression et ça n’a pas toujours été facile. Quand je vois des joueurs qui explosent à 18-19 ans, je me dis qu’ils doivent être très forts mentalement pour supporter toute cette pression si jeunes.

Tu as connu trois relégations en quatre ans avec Boulogne, Dijon et Sedan. C’est le pire que puisse connaître un footballeur ?

Jouer le maintien, c’est usant. C’est difficile toute la saison et au bout du compte il y a une relégation. C’est un engrenage. Moralement, tu prends un coup, c’est compliqué et il y a une nouvelle relégation au bout de la saison. C’est vraiment dur. En plus, je suis descendu avec Boulogne, mon club, ma ville. C’est le pire qu’il puisse arriver même si j’avais des sentiments contradictoires puisque personnellement, je continuais ma progression grâce à ce transfert à Caen. Au final, c’est aussi pour ça que je suis venu à Charleroi. Tirer un trait sur ces mauvaises saisons et repartir de zéro. Reprendre du plaisir, de l’envie et redevenir maître de ma carrière. Venir en Belgique m’a fait du bien.

Quand tu regardes dans le rétro et que tu te vois quatre ans auparavant en équipe Espoirs française, tu n’as pas un goût de trop peu d’être à Charleroi aujourd’hui ?

Forcément mais si j’en suis là, je suis le premier responsable puisque je suis l’acteur de ma carrière et je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Quand j’ai été repris en Espoirs, je me suis pincé pour voir si c’était vrai. Dans l’entrejeu, il y avait Marvin Martin (Lille), Etienne Capoue (Tottenham), Yann M’Vila (Inter), Moussa Sissoko (Newcastle) et moi. Aujourd’hui ils sont tous dans des grands clubs. Même un gars comme Morgan Schneiderlin (Southampton) n’était pas repris. Mais comme je l’ai déjà répété, une carrière est faite de hauts et de bas. J’ai connu les bas et là je suis en train de remonter.

PAR JULES MONNIER – PHOTOS: REPORTAGE/ FAHY

 » Quand j’ai été repris parmi les Espoirs français, je me suis pincé pour voir si c’était vrai.  »

 » Honnêtement, ça ne me botterait pas spécialement de retourner en France.  »

 » C’est plus fort que moi : à certains moments, je manque de lucidité et je m’emporte stupidement.  »

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