SV Futuroscope

Zulte Waregem, qui lutte pour le titre depuis deux ans, veut devenir le centre de formation par excellence en Belgique. Le point, à la veille de sa nouvelle campagne européenne, qui débute jeudi contre Zawisza Bydgoszcz.

Il y a neuf ans, lors des débuts de Zulte Waregem en D1, un de nos journalistes a voulu interviewer Francky Dury, son adjoint et le coach des gardiens. Le local des entraîneurs ne comptait que trois chaises et un des coaches a dû rester dehors. Pas de photo : Dury ne voulait pas qu’on se moque de son club…

Un an plus tard, toujours semi-pro, le club a éliminé le fameux Lokomotiv Moscou. Le président Willy Naessens, apprenant que ce club comptait 300 employés à temps plein, a répondu :  » Nous en avons deux : un téléphoniste et un assistant.  » Un journaliste néerlandais en visite au stade Arc-en-ciel s’est exclamé :  » Vous avez un beau complexe d’entraînement !  »

Ces trois anecdotes montrent les progrès accomplis par Zulte Waregem, qui emploie maintenant 17 personnes. Toutefois, ce club de province a atteint ses limites. Les solutions ? Un état des lieux.

L’infrastructure

 » Un club qui construit a de l’ambition « , répète Francky Dury. Le Gaverbeek est en chantier car Waregem ne veut plus déménager pour ses joutes européennes. Il a donc dû allonger le terrain de trois mètres, instaurer un contrôle digital d’accès, accroître la puissance lumineuse du stade et installer 6.000 sièges avec dossier. Le principal chantier, un nouvel espace visiteurs et une tribune pour le kop, ne sera achevé qu’à la mi-septembre, pour les débuts de la phase par poules de l’Europa League, à laquelle le club espère participer. La société Willy Naessens – pas le CEO mais un homonyme – est chargée de la première phase des travaux, qui coûte 7,2 millions hors TVA, et sans doute de la suivante : en trois ans, il faut remplacer les tribunes existantes pour arriver à une enceinte de 13.000 places assises avec centre de détente, bowling et golf indoor.

Le projet total coûte 25 millions. La Communauté flamande le subsidie à hauteur de 750.000 euros, la Ville débourse 2,6 millions et se porte garante d’un emprunt de 3,6 millions. Pieter-Jan Vanschamelhout, le manager du stade, espère que les travaux permettront d’augmenter encore le nombre d’abonnés.  » Nous étions à 5.300 en championnat régulier et nous visons 5.700 abonnés cette saison. Une fois le stade achevé, je suis sûr que nous jouerons toujours devant 13.000 personnes.  »

Le déficit effacé

Cette augmentation, avec celle des droits TV, devrait porter le budget du club, qui plafonne à 8-9 millions, à 15, voire 20 millions. Eddy Cordier, le manager général depuis janvier dernier, précise :  » Nous avons déjà atteint plus de 11 millions la saison passée mais grâce aux recettes de la campagne européenne, soit 1,6 million, et à une bonne campagne en Coupe et aux PO1. Sans le coût de nos déménagements à Anderlecht et à Bruges pour nos joutes européennes, nous aurions fait mieux. Cette année, nous avons budgétisé 9 millions minimum, sans compter les coupes ni les PO1.  »

Zulte doit faire preuve de rigueur à cause de la rénovation du stade mais aussi de la période Patrick Decuyper. Il n’avait pas lésiné, opérant des transferts coûteux dans les Balkans, faisant revenir Mbaye Leye, Franck Berrier et Francky Dury, sans oublier la valse des entraîneurs : Hugo Broos, Darije Kalezic, Peter Boeve, Filips Dhondt et Hans Gillhaus.

Fin juin 2013, le club avait une dette de 6,7 millions.  » C’est partiellement dû à notre changement de statut « , explique Willy Naessens. Nous avons résorbé le déficit la saison passée tout en versant aux personnes renvoyées la totalité de leur dû.  »

Pieter-Jan Vanschamelhout rappelle que les revenus commerciaux ont augmenté grâce aux succès sportifs.  » Jadis, nous étions un acteur régional alors qu’AB InBev a demandé à être notre nouveau partenaire boissons. Record Bank est notre sponsor principal pour trois ans, Technical Architectural Lighting nous a rejoints également. Notre budget sponsoring a augmenté de 10 %, sans oublier les contrats à long terme avec, par exemple, Cras, DL Chemicals, Renson, Stortbeton Declercq, Patrick, des sociétés au rayonnement (inter)national.  »

Les jeunes

Zulte Waregem place la barre plus haut sur le plan sportif.  » Si nous avons un budget de 10 à 15 millions, nous devons jouer en Coupe d’Europe chaque saison et nous pouvons viser le titre « , précise Francky Dury.  » Sportivement, il est possible de surmonter la différence entre un budget de cet ordre et un qui oscille entre 25 et 30 millions.  »

Le club veut devenir un modèle ès formation. Dury :  » Nous avons élargi la cellule de scouting, dirigée par Toon Mertens, en recrutant Rik Vande Velde, l’ancien responsable des Mauves, et André Van Maldeghem, un ex-scout des Diables. Chevronnés, ils doivent chercher les jeunes joueurs en fin de contrat dans de grands clubs ou ceux qui ne reçoivent pas assez leur chance, soit des talents comme Thorgan Hazard, Junior Malanda et Théo Bongonda qui peuvent se développer ici au sein d’une équipe compétitive luttant pour les PO1. J’insiste sur ce point car les résultats restent primordiaux. La formation n’est pas une excuse à un mauvais classement.  » Dury ne considère pas qu’il prend des risques, ceci dit.  » On ne prend de risque que quand on n’a pas de vision.  »

Zulte Waregem possède deux écoles de jeunes, la classique et l’Essevee Soccer School. Eddy Cordier continue à y investir.  » La formation normale coûte 600.000 euros. Elle doit amener plus de joueurs en équipe-fanion, même si c’est difficile puisque le niveau de celle-ci a augmenté. Nous allons offrir un suivi plus individuel à nos principaux talents et leur offrir un statut scolaire lui leur permette de s’entraîner plus en journée.  »

Dury enchaîne :  » Malheureusement, les grand clubs nous chipent nos talents. Toutefois, nous ne sommes pas dénués d’atouts : des joueurs comme Hazard et Malanda ont éclos ici, nous avons acquis une plus grande aura sportive. Le train est lancé, il s’agit de veiller à ce qu’il ne déraille pas. « 

PAR JONAS CRETEUR – PHOTOS: BELGAIMAGE

 » Quand on a une vision, on ne prend pas de risque.  » Francky Dury

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