Surprise japonaise

Il y a le championnat et la Coupe de Belgique avec Mouscron puis la Coupe du Monde avec la Pologne. Et après?

C’est l’effervescence en Pologne où l’équipe nationale s’apprête à reprendre part au grand rendez-vous mondial pour la première fois depuis 16 ans. Pour Michal, titulaire au poste d’arrière gauche, ce sera la première participation à un tel rendez-vous.

Michal Zewlakow: Mais il y a tant de rendez-vous importants avec Mouscron. La Coupe de Belgique et le championnat où il reste cinq matches à jouer. Nous essayerons de prendre un maximum de points. Cela peut toujours servir dans l’optique d’une qualification européenne. Après cela, seulement, je songerai à l’équipe nationale. On n’aborde pas une Coupe du Monde dans le même état d’esprit qu’une compétition nationale. Même si je m’efforce de donner le maximum à chaque prestation, le Mondial est un événement spécial.

Jusqu’à présent, l’attention de mes compatriotes s’était surtout focalisée sur le… saut à skis. Un Polonais a, en effet, remporté la Coupe du Monde de la spécialité. Mais la saison se termine et, désormais, tous les regards se portent vers le football. Jerzy Engel, le sélectionneur national, a réinsufflé de l’optimisme au sein d’une équipe qui, longtemps, avait broyé du noir. Il a su constituer une équipe sans vedettes -hormis peut-être Olisadebe, l’attaquant du Panathinaikos, et Dudek, le gardien de Liverpool- mais au sens collectif aiguisé. Nous nous battons à chaque match et cela plaît beaucoup au public… jusqu’à mercredi passé. Nous n’avons pas bien joué. Les Japonais étaient meilleurs que nous. Ils m’ont étonné. C’est la première fois que j’affronte une équipe asiatique et je dois reconnaître que ce style de football, fait de petits gararits très vifs, nous a posé des problèmes. Je crois qu’ils surprendront pas mal de monde en juin. En Pologne, les gens ont réagi avec stupéfaction. J’ai ressenti une sorte d’incrédulité. L’attente est grande dans mon pays. Nous avons disputé une très bonne campagne de qualification, en étant le premier pays européen qualifié sur le terrain, et personne ne comprendrait que nous puissions nous louper en Corée du Sud.

D’autant que votre groupe, avec la Corée du Sud, les Etats-Unis et le Portugal, semble très abordable.

C’est vrai que les groupes de la Pologne et de la Belgique se ressemblent. Le Portugal possède une très bonne équipe, mais la Corée du Sud peut être comparée au Japon et les Etats-Unis doivent être à peu près de la même valeur que la Tunisie. Mais méfions-nous, rien n’est gagné d’avance à ce niveau. La Corée du Sud, chez elle, aura à coeur de briller. Et les Américains sont en progrès constant.

Quitter Mouscron?

Et après la Coupe du Monde?

Je suis incapable de répondre à cette question. Reprendrai-je les entraînements à Mouscron ou ailleurs? Je l’ignore. L’Excelsior est le club qui m’a lancé, et il m’offre la possibilité d’être titulaire chaque semaine, mais la Coupe du Monde, ainsi que la finale de la Coupe de Belgique, m’offriront de belles vitrines.

L’Excelsior m’a préparé pour de plus hautes destinées. Aujourd’hui, je crois être apte à disputer des rencontres de niveau européen. Mentalement et physiquement, je suis au point. Et, tactiquement, Hugo Broos m’a beaucoup appris. Je n’en fais pas une fixation, mais à 26 ans, j’ai fort envie de gravir un palier.

Récemment, Ajax était venu vous visionner. Vous aviez déclaré avoir été stressé en l’apprenant.

Stressé n’est pas le mot qui convient. Mais je préfère, au coup d’envoi, pouvoir me concentrer sur le match sans songer à qui se trouve dans les tribunes. D’un autre côté, je sais très bien que des émissaires de clubs étrangers viennent visionner des joueurs pratiquement à chaque match. Davantage encore lors des matches de l’équipe nationale qu’à Mouscron.

Un passage à l’Ajax vous intéresserait-il?

Bien sûr, c’est un club légendaire au passé européen prestigieux. Qui serait insensible à la perspective d’un transfert dans un club pareil?

L’an passé, Marcin et vous aviez resigné jusqu’en 2006. Cette prolongation de contrat avait, d’ailleurs, favorablement influencé Hugo Broos dans sa décision de prolonger également. Pourtant, en décembre, Jean-Pierre Detremmerie vous a placé sur la liste de transfert. Avez-vous été surpris?

Oui, j’ai un peu sursauté lorsque j’ai découvert cela dans la presse. Ensuite, j’en ai parlé avec l’entraîneur et il m’a tout expliqué. Le football ne se limite pas aux prestations sur le terrain. C’est aussi du business. Si l’Excelsior a la possibilité de réaliser une plus-value sur mon transfert, je comprends très bien qu’il ne laisse pas passer l’occasion. D’un autre côté, on ne m’impose aucune pression. Personne ne m’oblige à partir, je suis toujours le bienvenu au Canonnier. Lorsque j’ai appris dans le courant du mois de janvier que je resterais au moins jusqu’à la fin de la saison, j’en ai été très heureux.

Ce contrat, qui vous lie à l’Excelsior jusqu’en 2006, n’a donc été signé que pour la forme?

Non, c’était une sécurité, pour moi comme pour le club. On ne sait jamais ce qui peut arriver dans la carrière d’un footballeur. Avec ce contrat, j’étais certain de toucher un salaire au moins jusqu’à mes 30 ans. Et je pouvais me concentrer exclusivement sur le jeu. Je ne suis pas comme certains joueurs, qui attendent impatiemment d’arriver au terme de leur contrat pour pouvoir monnayer leur talent ailleurs. Et puis, un transfert, c’est parfois une arme à double tranchant. Voici un an, j’avais eu la possibilité de partir au FC Cologne. Lorsque je vois ce qu’est devenu le club rhénan, je ne regrette vraiment pas d’être resté à Mouscron.

Plus-value

Est-ce à Mouscron que vous êtes devenu international?

Au temps du Polonia Varsovie, j’avais joué avec l’équipe nationale Espoirs. Et, au terme de la demi-saison que j’ai disputée avec Beveren, j’avais été appelé pour un tournoi en Thaïlande, où j’avais notamment rencontré une sélection brésilienne. A l’époque, c’était bien de le mentionner sur ma carte de visite. Maintenant que j’ai participé à des matches qualificatifs pour la Coupe du Monde, ces sélections-là n’avaient rien d’officielles. Alors, oui: c’est à Mouscron que je suis devenu international.

Vous souvenez-vous de l’époque où vous aviez débarqué à Beveren?

Oui, Marcin et moi avions eu quelques problèmes en Pologne au moment de resigner notre contrat avec le Polonia Varsovie. En désaccord avec le président, nous avions disputé quelques matches sans contrat, puis Wlodek Lubanski nous a trouvé un club en Belgique. Nous avons joué huit mois à Beveren, en location. Puis, Mouscron nous a transférés définitivement.

Pour 22 millions de francs la paire: c’était vraiment une affaire lorsqu’on voit le niveau que vous avez atteint.

Je ne peux pas vous confirmer le montant. J’ai entendu qu’il se situait dans cette zone-là, en effet. Je suppose qu’à l’époque, Hugo Broos spéculait déjà sur la plus-value que nous pouvions représenter si nous progressions.

Lorsque vous revoyez le Michal Zewlakow du Polonia Varsovie ou de Beveren, et que vous vous regardez aujourd’hui, qu’est-ce qui vous surprend le plus?

J’ai l’impression d’avoir commencé une nouvelle vie. Lorsque je me souviens des joueurs avec lesquels j’avais évolué au Polonia Varsovie, et que je vois le niveau auquel je me situe actuellement, j’ai du mal à en croire mes yeux. Je ne m’en rendais pas compte à l’époque, mais je n’évoluais pas dans des conditions propices pour pouvoir progresser. Tout a changé lorsque je suis arrivé en Belgique. J’ai pris conscience de mes moyens.

A Beveren, j’évoluais aussi comme arrière gauche au départ. Mais, comme l’équipe était le plus souvent contrainte de se défendre, j’ai glissé dans l’axe. J’ai longtemps conservé le poste de défenseur central à Mouscron. Je m’y sens à l’aise également, à condition d’y rester un certain temps. Je n’aime pas être baladé d’une place à l’autre en fonction des matches. J’admets, cependant, que c’est plus confortable pour moi d’évoluer à la même place dans mon club qu’en équipe nationale.

Au fait: pourquoi évoluez-vous à gauche alors que vous êtes droitier?

A l’époque où j’étais Junior, on m’a placé sur le flanc gauche et j’y suis resté. Mais je pourrais jouer à droite également. Les deux rôles sont similaires.

Cela fonctionne bien, défensivement, depuis que vous jouez comme arrière gauche à Mouscron…

En effet. Mais je ne suis pas le seul à avoir trouvé mon rythme de croisière dans l’équipe.

Daniel Devos, ,

« Le football c’est plus que le terrain, c’est aussi du business »

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