Suray comme Superman. Et Crasson?

La liberté d’expression ne fait l’objet d’aucune clause dans le contrat type des footballeurs professionnels. Forcément. Elle est inscrite comme droit absolu dans la constitution belge. Mais les lois du milieu font très souvent, en football, que les joueurs pros ne se livrent pratiquement jamais totalement à la presse. Par esprit d’équipe? Ne pensez pas cela.

Le joueur expérimenté et prudent ne fera pas de vagues car il sait qu’il pourrait s’y noyer. Il n’attaquera ouvertement ni ses dirigeants, ni ses coéquipiers, ni ses entraîneurs. Et il est rare qu’un joueur critique des représentants de ces trois catégories d’un ancien club. Dès lors, les déclarations que fit Olivier Suray la semaine dernière à Pierre Bilic tranchent avec la langue de bois que pratiquent habituellement les pros dès qu’on leur demande d’aborder des thèmes relationnels sensibles. Souvent, ils sont uniquement d’accord pour aborder les questions de jeu et leurs propres problèmes.

Suray a été beaucoup plus loin. Mais qu’on ne se trompe pas: il n’avait pas en tête de se venger. Il n’est frustré d’aucune manière et a simplement joué le jeu de la vérité. Il a accepté les règles et s’est donné à fond, en respectant avant tout ses propres idées D’ailleurs, dans cet entretien qui fera date, Olivier n’est pas seulement négatif. Il distribue également beaucoup de compliments. C’est parce qu’Olivier Suray adore tellement le football qu’il s’est lâché de cette manière. Par rapport à son caractère, il ne voyait pas pourquoi se taire. Cela en fait-il un joueur difficile à coacher? Il estime, en tout cas, que La Louvière ne l’a pas gardé parce qu’il disait trop facilement ce qu’il pensait.

Suray était un jeune pro de grande qualité, très complet à maints points de vue qui se remit très lentement d’une grave blessure à la cheville au moment où Anderlecht le transféra de Charleroi. Il aurait dû éclater à Anderlecht, pourtant c’est un peu le contraire qui se produisit. A 31 ans, il fait plus que démontrer de beaux restes à Mons mais il aurait pu prétendre à un plus beau palmarès. Cela dit, quand on le voit et on l’entend aussi bien dans sa peau, on se dit qu’un palmarès ne rend pas nécessairement les gens heureux.

Bertrand Crasson est en passe de revenir de nulle part à Anderlecht. Il a refait son trou dans l’équipe Première en trois matches. Le Bruxellois a un plus joli palmarès que Suray mais semble tout aussi équilibré.

Après le match aller contre Midtjylland, Bruno Govers lui demanda s’il accorderait une longue interview à Sport/Foot Magazine. « Ce n’est pas le moment », répondit Crasson. « Je ne joue pas, je n’ai rien à dire. Mais les choses vont se compliquer, il va y avoir des matches importants et je sens que je vais rejouer. On verra après quelques matches ».

Nous avons donc programmé une interview avec lui pour la semaine prochaine en espérant qu’il explique bien et de façon approfondie pourquoi Anderlecht se montre aussi peu inspiré. Parce que certains joueurs y font la loi? Parce que trop d’éléments ont atteint leur niveau de compétences et qu’ils n’ont plus faim? Parce que le recrutement n’est pas à la hauteur des ambitions affichées par un cluboù il joue depuis 1985 (mise à part sa période de deux saisons napolitaines)?

Un détail important: Suray et Crasson sont tous deux nés en 1971, le premier le cinq octobre et le second le seize.

PS qui n’a rien à voir: Dans ce numéro, un article reprend la liste des procès dans lesquels sont engagés les clubs hennuyers. Une litanie qui démontre bien que la vie au jour le jour des clubs pros est loin d’être rose. Et puis, il y aussi un dossier sur l’Union Belge. On approche la fin d’une année de Coupe du Monde, durant laquelle la Maison de Verre vécut des moments au moins aussi difficiles que les Diables sur le terrain.

John Baete

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