« Sur les traces de Dirk Kuyt »

On l’a plusieurs fois cru perdu pour le football mais Glyner Plet (26 ans) s’est enfin mué en buteur au RC Genk.

Depuis ses débuts professionnels en 2005, Glynor Plet a connu des hauts et des bas mais il est devenu un adepte de la devise  » reculer pour mieux sauter « . À maintes reprises, il a été confronté à la déception, il a dû se ressaisir et se battre pour s’imposer. Il s’est frayé un chemin en passant par Voorland, l’Ajax, Haarlem, Argon, le FC Den Bosch, le FC Lisse, Telstar, Heracles, Twente et, le dernier jour de la campagne estivale des transferts, Genk, qui a jeté son dévolu sur lui, pour pallier le départ à Aston Villa de Christian Benteke.

Souvent second choix, il a toujours préféré redescendre d’un cran dans la hiérarchie pour jouer et progresser. D’où a-t-il puisé cette persévérance ? Les amateurs de Lisse s’entraînaient le soir, sous une lumière terne. En journée, il gagnait sa vie en travaillant pour un sponsor.  » Cela m’a ouvert les yeux. Les footballeurs professionnels mènent une vie agréable. Ils n’ont pas le droit de se plaindre : ils s’entraînent deux heures par jour et disposent du reste du temps à leur gré. A Lisse, je travaillais de neuf heures à cinq heures et après l’entraînement, j’étais tellement fatigué que je n’avais plus envie de faire quoi que ce soit. J’ai décidé de tout mettre en oeuvre pour devenir professionnel.  »

2005-2007, FC Den Bosch, 18 matches, 1 but

Ses entraîneurs successifs, au fil de ces années turbulentes, ont accepté de donner leur avis à son sujet. Theo Bos, son entraîneur au FC Den Bosch :  » À mes débuts au club, Glynor jouait en juniors A. Au fil de la saison, il est venu s’entraîner avec le noyau A et je l’ai fait entrer au jeu à plusieurs reprises. Il avait alors 17 ans, il était donc encore très jeune mais son potentiel était évident. Il gardait bien le ballon, possédait un bon bagage technique et en juniors, il marquait aisément. En plus, à cette époque, il misait tout sur le football : il avait abandonné l’école. Après ces deux années, faute d’argent, le club ne pouvait le garder que comme amateur. Je suis heureux qu’il ait finalement atteint son objectif, par un chemin détourné. Je l’ai observé plus tard à Telstar. Il y a accompli les progrès qu’on attend d’un jeune de sa catégorie. Il est devenu plus costaud, plus malin. Son sens du but est inné. C’est un aspect qu’on ne peut entraîner et un instinct qui ne disparaît jamais.  »

2007-2008 FC Lisse, 23 matches, 19 buts

Niek Oosterlee :  » Après le FC Den Bosch, Glynor a effectué un pas en arrière, en amateurs. Cela s’est remarqué. Il m’est apparu très déçu lors de notre premier entretien. Il m’a avoué avoir quelque peu perdu le plaisir de jouer mais il l’a retrouvé chez nous. Cette saison-là, nous avons tout gagné et Glynor a endossé un rôle considérable dans notre succès. C’est après la trêve hivernale qu’il a commencé à inscrire des buts importants mais je retiens surtout sa motivation et son enthousiasme, ainsi que sa volonté d’apprendre. Il voulait vraiment devenir footballeur professionnel et ça sautait aux yeux. Selon moi, c’est grâce à ces traits de caractère qu’il a poursuivi sa progression après son passage à Lisse et qu’il est devenu un buteur pur-sang.  »

2008-2010, Telstar, 73 matches, 39 buts

Edward Metgod :  » Son transfert était un pari. Telstar n’avait pas de liste de scouting permettant de juger les renforts potentiels et d’effectuer un tri. Un ami de mon fils, qui a joué avec lui à Lisse, m’a parlé de lui. Nous avons souhaité lui faire passer un test de deux semaines mais un sponsor du FC Lisse s’y est opposé. Glynor travaillait pour lui et s’il effectuait un stage à Telstar, son contrat de travail était rompu. Nous avons donc décidé de lui offrir un contrat immédiatement. Ce qui m’a plu, c’est que Glynor était disposé à consentir un sacrifice financier : il allait gagner moins chez nous qu’à Lisse, contrat et travail combinés mais il voulait saisir son ultime chance de devenir pro. Il a étalé ses qualités dès le premier entraînement. J’ai rarement vu un joueur longiligne aussi doué avec le ballon. Nous avons insisté sur le fait qu’il pouvait devenir un avant de rectangle. Beaucoup d’entraîneurs affirment avoir aidé leurs joueurs à se développer mais il fallait surtout lui faire prendre conscience de ses qualités. Il a tout mis en oeuvre pour atteindre ses objectifs. Il est devenu un professionnel accompli. Son jeu reste perfectible quand même : il manque d’explosivité et il n’a pas assez de puissance pour marquer des 25 mètres.  »

2010-janvier 2012, Heracles Almelo, 41 matches, 17 buts

Peter Bosz :  » À son arrivée à Heracles Almelo, je lui ai dit, sans détours, qu’il était notre troisième attaquant. Nous cherchions un successeur à Bas Dost et Samuel Armenteros était encore là. Nous n’avons pas trouvé de remplaçant à Bas, Samuel s’est blessé en fin de préparation et Glynor a dû jouer d’emblée. Il a assimilé tout plus vite que prévu, il a livré de bons matches puis il a commencé à coincer mais une rechute de ce genre n’est pas illogique pour un joueur qui vient de D2. Armenteros l’a remplacé et est resté dans l’équipe. Là, Glynor a accusé le coup. Il s’est moins entraîné, ses prestations ont encore chuté et il n’a pas été repris sur la feuille de match deux semaines d’affilée. J’ai eu un long entretien avec lui et il a fini par se ressaisir. Il s’est entraîné avec ardeur, ses entrées au jeu ont été convaincantes, au point qu’il a réellement apporté un plus. Glynor a toujours été un avant statique, prêt à marquer mais sans plus. Or, Heracles n’a pas beaucoup le ballon et ses attaquants doivent donc participer à la récupération ainsi qu’au pressing. Nous avons également affûté sa vitesse d’exécution. Il a progressé physiquement. Glynor a un potentiel mais je ne peux pas dire où se situe son plafond. Quand on me pose ce genre de questions, je pense toujours à Dirk Kuijt. Des amateurs du FC Utrecht, il a rejoint Feyenoord, il a été sélectionné en équipe nationale et a joué à Liverpool. On me demandait sans cesse : – Est-il capable de franchir un cap supplémentaire ? Oui car la vitesse d’exécution et le bagage technique de Dirk n’ont cessé de se bonifier. Je pense que Glynor Plet suit ses traces.  »

PETER WEKKING & JAN HAUSPIE – PHOTO: IMAGEGLOBE

 » Son sens du but est inné et ne disparaîtra jamais.  » (Théo Bos)

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