Sur les traces d’Ann Wauters

L’ancienne distributrice du BCSS Namur a pris la direction de la France. En attendant les Etats-Unis.

Ann Wauters: un nom qui fait vibrer la Fédération belge de basket et tout le basket belge. KathyWambé: l’amateur neutre de basket fronce les sourcils. Pourtant, l’ancienne distributrice du BCSS Namur, désormais sociétaire de Villeneuve-d’Ascq, est en bonne voie d’égaler le palmarès du pivot des Cleveland Rockers et de Valenciennes, voire même de faire mieux. La saison dernière, avec le BCSS Namur, elle a remporté son troisième titre national et elle a été élue meilleure joueuse belge pour la deuxième fois d’affilée. Elle commence à acquérir une certaine renommée en dehors de nos frontières, au point d’avoir été draftée en 22e position par le club de WNBA de Detroit Shock. La carrière de Kathy Wambé (21 ans) s’accélère. Trop, peut-être? « Depuis mon enfance, je rêve de faire carrière aux Etats-Unis », avoue-t-elle. « Aujourd’hui, ce rêve est sur le point de devenir réalité ».

C’est une Kathy Wambé heureuse que nous avons rencontrée, à la veille de son départ pour le Nord de la France. Marc Silvert, l’ancien entraîneur de Namur qui est désormais à la tête de Villeneuve-d’Ascq, ne l’a pas oubliée. Et elle s’est empressée de répondre à son appel du pied. La WNBA, ce sera pour plus tard. « Un jour, après un entraînement, Marc Silvert m’a annoncé que j’avais été draftée en 22e par Detroit Shock », raconte Kathy Wambé. « J’ai d’abord cru à une mauvaise plaisanterie. Ce n’est qu’ensuite, dans la voiture, que j’ai réalisé que c’était la vérité. J’étais folle de joie. Si je n’ai pas accepté l’offre, c’est parce que je souffrais toujours des séquelles d’une opération au genou, subie il y a deux ans. Evoluer cet été dans une compétition aussi dure physiquement que la WNBA aurait pu hypothéquer la suite de ma carrière. Mais l’année prochaine, je relèverai certainement le défi américain. Entre-temps, il semble même que j’aie été transférée au New York Liberty ».

Toute histoire a son début. Pour Kathy, elle commence à Kinshasa, sa seconde patrie. Jusqu’à ses dix ans, elle a accompagné sa famille, qui effectuait des navettes régulières entre Tournai et le Zaïre. Son père vit toujours en Afrique. Kathy, sa mère et ses trois frères sont définitivement rentrés en Belgique en 1993 mais elle se souvient très bien de sa vie à Kinshasa. « Nous avions un panier de basket dans le jardin. Mes trois frères et moi nous sommes livrés des duels épiques. Au début, je ne jouais qu’avec des garçons. Pour le seul fun. Lorsque nous nous sommes installés en Belgique, Olivier, mon frère jumeau, et moi nous sommes affiliés à l’ASTE Kain. La première saison, j’ai encore joué avec les garçons mais à partir de 13 ans, la fédération l’ interdit et je me suis inscrite chez les filles de Tournai. Un an plus tard, j’étais en équipe fanion. J’avais déjà obtenu mes premières sélections pour l’équipe provinciale. J’ai été élue meilleure joueuse d’un tournoi interprovincial et j’ai rejoint les cadettes nationales. Quaregnon, membre de D2, m’a transférée à l’âge de 15 ans. C’est là que Soubry Courtrai m’a découverte et m’a permis de jouer en D1″.

Elle pouvait rejoindre Valenciennes

Tout n’est pas rose pour autant. Le visage de Kathy rayonne de bonheur mais elle a déjà découvert le revers de la médaille. « Le coach de Courtrai, Yves Lejeune, était également mon manager personnel. Il m’a fait chanter en me disant que j’obtiendrais une place dans l’équipe si je le prenais comme agent. J’avais 15 ans, et à cet âge-là, on ne réfléchit guère. Deux ans plus tard, j’ai voulu quitter le club. J’avais reçu une proposition du BCSS Namur mais il voulait que je parte à l’étranger, vous devinez pourquoi… (elle fait un geste explicite des deux doigts). J’ai refusé et il m’a intenté un procès. Heureusement, ma famille et moi l’avons gagné. J’ai maintenant un autre agent: c’est un mal nécessaire lorsqu’on veut se faire une place sur le marché étranger. Mais cet épisode m’a rendue plus prudente ».

Kathy Wambé a besoin de confiance. Son mentor, Marc Silvert, lui en offre. Il y a deux ans, il a succédé à Marc Foucart à Namur. « J’envisageais de signer à Waregem », se souvient la joueuse. « Mais Silvert voulait me conserver à tout prix. En deux ans, il m’a permis de progresser à une vitesse foudroyante. Nous avons vécu une saison fantastique avec Namur, mais il était temps de changer d’air. La motivation s’étiolait au Hall Octave Henry: nous avions gagné tout ce qui était possible et nous entamions chaque rencontre en sachant que nous l’emporterions avec plus de 20 points d’avance. Dans ces conditions, il était difficile de conserver un groupe affûté ».

Marc Silvert l’a très bien compris. La saison prochaine, il entraînera Villeneuve- d’Ascq, la future équipe de Wambé. Elle avait également l’opportunité de rejoindre Valenciennes, l’équipe championne de France et d’Europe, dont le coach Laurent Buffard apprécie beaucoup sa vitesse et son explosivité. Elle y aurait été la coéquipière d’Ann Wauters. A moins que cela n’ait justement constitué un problème? Kathy est peut-être lasse de vivre dans l’ombre de la « grande » Wauters? « Non,pas du tout », dément-elle. « Nous entretenons d’excellentes relations. Nous nous conseillons mutuellement sans qu’il n’y ait le moindre paternalisme entre nous. Ann est un modèle. Elle reste elle-même malgré tout son succès. Comment être jalouse d’une fille pareille? De toute façon, il y a peu de chances pour que je commence à planer: mes trois frères se chargeraient de me faire redescendre sur terre (elle rit). Non, en voyant Ann briller, je me demande simplement pourquoi je ne pourrais pas suivre ses traces.Son succès en WNBA m’incite à faire de mon mieux. Maintenant que mon rêve d’évoluer en WNBA est pratiquement réalisé, je me suis fixé un autre objectif. En 2004, je veux participer aux Jeux Olympiques d’Athènes. Ou de Pékin en 2008″. Wambé jette un coup d’oeil à son ami Julien, qui est resté gentiment assis à ses côtés durant l’interview, et répète: « Pékin… chouette! »

Matthias Stockmans

« Lorsque Marc Silvert m’a annoncé que j’avais été draftée, j’ai cru à une mauvaise blague »

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