Supporter d’Anderlecht !

Le brillant tennisman liégeois a joué au Standard mais est fan des Mauves.

Il y a encore huit mois, le nom de Steve Darcis n’évoquait rien pour le grand public. Malgré son talent évident, le tennisman belge était plus souvent au Centre d’entraînement de Mons que sur le circuit. Régulièrement blessé, il ne jouait que très rarement plus de deux matches de suite. Puis, d’un coup, en juillet 2007, tout a basculé. Vainqueur du tournoi d’Amersfoort en étant sorti des qualifications, il n’a cessé de surprendre, doublant la mise il y a quelques semaines au tournoi de Memphis. Ce succès l’a fait entrer dans le Top 50 mondial, ce qui en fait le premier joueur belge du moment.

Né à Liège il y a 24 ans, Steve Darcis aime venir se ressourcer dans cette région incroyable au niveau de l’ambiance. Il adore aussi retrouver les membres du club de tennis de Tennissimo, à Sprimont, dont son père, ancien bon joueur, est directeur. C’est là que nous l’avons rencontré, devant un incontournable boulet frites et un bolo.

Quelle année ! Vous êtes dans le Top 50 et le Standard va être champion…

Steve Darcis : Je suis supporter d’Anderlecht.

Ah bon ? Cet entretien commence mal…

Pas vraiment, non. C’est dommage qu’ils aient réalisé un très mauvais premier tour mais, depuis le début du deuxième, tout va bien. Cela fait une dizaine d’années que je suis pro-Anderlecht. Peut-être était-ce une réaction au fait qu’il n’y avait quasiment que des supporters du Standard autour de moi !

Lors de votre première semaine au Centre AFT de Mons, vous avez pleuré le mercredi soir, parce que, étant le plus jeune, vous ne pouviez pas regarder les matches de coupe d’Europe.

Oui, c’est vrai, je me souviens. Je n’avais que onze ans.

Outre ce souvenir, comment qualifieriez-vous vos années passées à Mons ?

C’était très difficile au début mais, globalement, mon passage au Centre n’aura été que du bonheur. Et cela continue de l’être.

Qu’espérait le gamin que vous étiez quand vous avez été sélectionné pour intégrer le centre fédéral ?

Je voulais être un champion de tennis, dans le Top 100 mondial. Je savais que ce serait très long et très difficile mais j’y croyais. Notez que je ne savais pas très bien ce que cela voulait dire, être dans le Top 100.

Fan de Sampras, vous êtes né dans une famille très sportive. Votre papa, Alain, a été série B négative et a beaucoup travaillé dans le monde de la F1. Avez-vous hésité entre le tennis et un autre sport ?

Oui, j’ai longtemps combiné tennis et foot. Je jouais au Standard… Mais j’ai arrêté le foot quand j’ai commencé à m’entraîner onze heures par semaine au tennis. Je jouais très bien au foot : un an après mon arrêt, l’entraîneur téléphonait encore pour que je revienne jouer. J’ai sans doute choisi le tennis à cause de papa… mais je ne le regrette vraiment pas.

Un fantastique rendement en tournois

Il y a un peu moins d’un an, juste avant Amersfoort, votre moral n’était pas au beau fixe. Huit mois plus tard, vous êtes Top 50. Pourquoi ?

J’ai tout d’abord réalisé un énorme travail au niveau de la prévention des blessures. Il a fallu un peu de temps pour que mon corps assimile. Ensuite, j’ai pu jouer plusieurs matches d’affilée, ce qui était déjà énorme puisque je me blessais souvent. Une fois que j’ai pu enchaîner les matches et les victoires, même à un niveau moyen, j’ai accumulé la confiance.

Vous êtes probablement le seul joueur du Top 50 à n’avoir joué que 22 matches.

Curieusement, je suis encore un petit nouveau. Mais j’ai tout de même gagné deux tournois. A Miami, j’ai regardé combien de temps avaient mis Andre Agassi et Roger Federer pour gagner leur premier Grand Prix. Agassi en a joué 20 avant de remporter son premier grand tournoi, Federer 47. Moi, je n’en ai disputé que neuf et j’ai gagné deux fois.

A contrario, quand vous ne gagnez pas le tournoi, vous êtes souvent battu très vite…

Oui, j’ai été battu plusieurs fois au premier tour mais ces défaites ne sont pas dues à de mauvais matches. Sauf contre Lleyton Hewitt à L’Australian Open en janvier dernier (6-0 6-3 6-0). Je suis tout de même assez régulier. C’est vrai aussi que j’étais au-dessus de mon niveau lors de mes deux succès.

Etes-vous euphorique, capable de rester sur son nuage pendant une semaine ?

Oui, quand je me sens bien, je ne me pose pas de question. Je sens que tout va rentrer et j’y vais, je tente.

Quel que soit l’enjeu ou l’adversaire, vous n’avez pas peur ?

Si, si, cela m’arrive de temps en temps mais je ne suis pas très peureux. Quand on analyse la manière dont j’ai joué à Amersfoort et Memphis, on voit que je n’ai pas eu peur. J’ai disputé deux finales et j’ai gagné les deux. C’est que j’ose, non ?

Quelle est la différence entre le Darcis d’avant Amersfoort et le Darcis d’aujourd’hui ?

J’ai beaucoup plus confiance en mes possibilités. Avant, je me posais énormément de questions. Désormais, je sais que je suis capable de battre de très bons joueurs sur toutes les surfaces.

Il y a 12 mois, votre prize money était proche de zéro et, aujourd’hui, vous avez gagné plus de 400 000 dollars en tournois. Cela change la vie ?

( Il soupire). Je n’ai pas vraiment l’impression que ma vie a changé. Je suis quelqu’un de simple qui vit toujours dans sa petite maison avec sa copine. Je ne me demande plus comment je vais payer mon loyer et je partirai sans doute en vacances plus loin que d’habitude. Je peux tout faire en un peu mieux. Mais je n’ai pas non plus gagné 3 millions d’euros… Mais bon, si, à la fin de l’année, j’ai les moyens, j’achèterai quelque chose de plus grand. Qui plus est, mes gains sont en dollars, si je les change maintenant, je vais perdre ma chemise ( ilrit)…

Vous n’avez jamais connu de réels problèmes financiers ?

Non, si ce n’est que mes parents ont fait beaucoup de sacrifices au début mais la fédé m’a très vite aidé et a toujours continué à m’aider. Quand j’ai été blessé, je me demandais tout de même comment j’allais m’en sortir. Heureusement, la Communauté française et l’AFT m’ont toujours soutenu.

Sans ces aides, auriez-vous arrêté le tennis ?

Pas obligatoirement, mais cela aurait très compliqué financièrement et psychologiquement.

Fan des équipes nationales

Quel est votre rêve depuis que vous êtes Top 50 ?

J’en ai plusieurs. J’aimerais bien faire quelque chose de super en Coupe Davis avec mes copains et prendre une médaille aux JO. Tout ce qui a à voir avec la Belgique me plaît.

Petit, vous regardiez les Diables Rouges en pleurant ?

Non, pas en pleurant, mais j’adore regarder les équipes nationales, en foot ou en tennis.

Etes-vous émotif ?

Oui, je suis émotif même si je ne montre jamais mes émotions.

Après Amersfoort, avez-vous pleuré dans les vestiaires ?

Je ne pleure pas devant les gens. Ben, je pleure peu. Une victoire ne va pas me faire pleurer.

Comment parvenez-vous à rester simple ? Grâce à votre famille ?

Oui, c’est grâce à ma famille que j’ai pu continuer et tenir mentalement. Grâce à son soutien, j’ai eu beaucoup de courage. Mes parents, mes grands-parents, mes cousins, ma s£ur – qui vient d’avoir un petit Alexy dont je suis le parrain…

En tournois, vous avez besoin de votre coach, Réginald Willems, avec lequel vous travaillez depuis un peu plus d’un an ?

Non, pas spécialement. C’est sûr que l’on a besoin d’être soutenu mais la solitude ne me pèse pas et me fait du bien de temps en temps.

Pourquoi jouez-vous au tennis ?

Avant tout pour l’amour du sport. Mais aussi pour l’argent. Cela fait partie du travail même si le plaisir que le tennis me procure passe au dessus. Le prestige et la notoriété, je m’en fous un peu. Si je suis connu, c’est que j’aurai fait de belles choses mais je ne cours pas après.

Etes-vous people ?

Je lis Sport/Foot Magazine mais aussi les bêtises que l’on peut trouver dans certains magazines. Si je me retrouvais dans les colonnes people de magazines people, je trouverais cela drôle.

A propos, vous êtes fiancé. Cette nouvelle notoriété n’est pas trop difficile à vivre pour Pamela ?

Ce n’est pas évident. Je suis déjà très souvent à l’étranger et, quand je rentre, j’ai de plus en plus de sollicitations. Comme elle travaille, elle m’accompagne rarement. Ce n’est pas facile et elle fait beaucoup d’efforts. C’est aussi grâce à elle que je suis là.

Et puis, il y a aussi le mythe du tennisman qui a du succès…

C’est certain qu’il y a plus de gens qui me regardent. Déjà qu’elle est un peu jalouse, cela ne va pas améliorer les choses ( il sourit). Mais elle a confiance en moi, tout se passera bien.

Vous dites être un fana de sports. Si vous allez aux Jeux, quelles disciplines iriez-vous voir ?

Le foot parce que je connais bien Guillaume Gillet qui sera peut-être là. C’est l’ami d’un de mes meilleurs amis et on a sympathisé. Sinon, j’irais voir le hockey et j’encouragerais Kim et Tia. J’irais voir les Belges car je n’ai pas d’idole au niveau étranger.

Si on se revoit en décembre, qu’aimeriez-vous dire aux lecteurs de Sport Foot Magazine ?

( Long silence). Je crois que si je peux être dans les 25 premiers joueurs mondiaux en fin d’année, ce serait exceptionnel. C’est mon objectif. Pour cela, il faut que je joue bien en Grand Chelem. Je ne m’y suis pas encore bien comporté mais il n’y a pas de raison que je ne fasse pas de belles choses aussi dans ces quatre tournois.

par patrick haumont – photos: reporters

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