Super Starter

Réserviste plus souvent qu’à son tour dans le passé, le jeune attaquant de Chelsea a pris une nouvelle dimension cette saison.

Chelsea compte parmi les clubs les plus dépensiers de la Premier League. Début 2011, le club londonien avait fait péter son carnet de chèques afin d’attirer à Stamford Bridge l’attaquant Fernando Torres, actif à Liverpool à ce moment. L’été passé, les Blues ont une fois de plus délié généreusement les cordons de la bourse pour s’assurer les services du goal-getter d’Anderlecht, Romelu Lukaku, ou le milieu barcelonais Oriol Romeu mais surtout de l’attaquant de Valence Juan Mata. A l’heure des bilans, en cette fin d’année civile, il apparait toutefois que la toute bonne affaire, pour les capitalistes anglais, a pour nom Daniel Sturridge. Acquis pour une aumône de 5 millions d’euros à Manchester City il y a deux ans, l’avant, prêté à Bolton lors de la deuxième partie de saison dernière, pète des flammes depuis son retour, reléguant la concurrence aux oubliettes. Une bonne tenue qui n’a pas échappé au sélectionneur de l’équipe d’Angleterre, Fabio Capello, qui a inscrit le nom du joueur en lettres grasses dans son petit calepin en vue de l’EURO 2012.

Sturridge est un nom aux consonances familières dans le football british. Et pour cause, avant que Danny ne perce, il y avait déjà eu Uncle Dean. Attaquant, lui aussi, avec 92 buts à son compteur en une quinzaine de saisons, dont dix à Derby County et quatre à Wolverhampton, clôturées par une dernière pige aux Queens Park Rangers en 2005-2006. Du tonton, le neveu a non seulement hérité du sens du but mais aussi du physique de déménageur. Ce n’est probablement pas un hasard si, avant de se tourner vers le ballon rond, le gaillard était davantage tourné vers le ring : il rêvait de devenir catcheur. La belle carrière du frère de son père et ses propres dispositions l’en ont finalement dissuadé.

50.000 euros par semaine ? Pas assez !

Né à Birmingham le 1er septembre 1989, c’est dans la deuxième ville anglaise la plus peuplée qu’il s’est initié au football. D’abord à Cadbury Athletic, puis à Aston Villa, l’un des ténors locaux avec Birmingham City, versé dans la même poule que le Club Bruges en Europa League. A 11 ans, il passe dans les classes d’âge de Coventry, où il est repéré en 2003 par des scouts de Manchester City, qui l’aiguillent vers leur Youth Academy. En 2006, il est intégré dans le noyau de la Première, effectuant deux courtes piges en cours d’année. Mais c’est en 2007-2008 qu’il marque enfin les esprits. Titularisé pour la première fois par Sven-Goran Eriksson, au mois de janvier, il remercie le Suédois de la plus belle manière qui soit en signant le but du partage lors du déplacement à Derby County.

Passé aux commandes l’exercice suivant, Mark Hughes fait appel à ses services 26 fois, toutes compétitions confondues, parmi lesquelles 10 en tant que titulaire. Dans la foulée, notre homme est même élu City’s Young Player of the Year, distinction qui compte. Mais il n’est pas heureux à 100 %. La concurrence est rude chez les Citizens et Daniel, issu du centre de formation, estime ne pas être rétribué à sa juste valeur. Il est vrai qu’il ne gagne que 50.000 euros par semaine alors que les cadres palpent trois fois plus. Dans ces conditions, il préfère le même statut de Super Sub mais à Chelsea, qui l’engage à 80.000 euros à la semaine. De quoi rendre une place sur le banc un peu plus confortable.

Car dans son nouvel entourage, les rivalités sont tout aussi exacerbées avec les Didier Drogba et autres Nicolas Anelka. Sans oublier Torres, débarqué lors du mercato d’hiver 2010. La venue de l’Espagnol qui entraîne automatiquement la cession, sur base locative, de notre homme. C’est Bolton qui emporte le morceau et ce passage chez les Wanderers s’apparente à un véritable coup dans le mille. De Super Sub, Sturridge passe au rang de Super Starter avec des stats plus qu’encourageantes : 8 buts en 12 apparitions. Dans le même temps, Torres ne marque qu’un goal. Une misère ! Fin juin, les dirigeants de Bolton font le forcing pour convaincre Sturridge de rester mais ils ne sont pas les seuls à lui faire la cour. Kenny Dalglish, le manager de Liverpool, voit en lui le 3e homme idéal au côté d’ Andy Carroll et Luis Suarez. Mais c’est compter sans André Villas Boas, fraîchement nommé à la tête des Blues, et disposé à accorder une chance au joueur.

Un sens du but aussi aiguisé que celui de Hulk

Jusqu’à présent, l’entraîneur portugais n’a pas à s’en plaindre. Au ratio matches/buts, Sturridge s’avère le plus prolifique de tous à Stamford Bridge. Au point de susciter la comparaison avec un autre puncheur bien connu.  » Daniel me fait irrémédiablement songer à Hulk que j’ai eu sous mes ordres à Porto « , observe Villas Boas.  » Il a un sens du but tout aussi aiguisé et possède la même faculté que le Brésilien de garder la maîtrise du ballon en pleine course. Il est même plus polyvalent, dans la mesure où il peut être aligné sur le flanc également, ce qui multiplie les options aux avant-postes. Grâce à lui, ainsi qu’à un autre nouveau venu, Juan Mata, il est possible de changer de dispositif et de passer d’un 4-4-2 au 4-3-3 par exemple. Mais Sturridge est le seul à entrer en ligne de compte pour ces deux approches puisqu’il se débrouille indifféremment à chacune de ces positions . »

Bien parti pour faire son trou chez les Blues, Sturridge caresse aussi l’espoir d’entrer en considération pour l’EURO 2012. Appelé chez les Espoirs de façon quasi ininterrompue depuis deux ans, il n’a toujours pas goûté à une sélection chez les A. Ce qui ne saurait tarder, vu qu’une place est devenue vacante suite à l’exclusion récente de Wayne Rooney. Récemment, des gars comme Darren Bent, Carroll ou Danny Welbeck ont obtenu les faveurs de Capello. Il serait étonnant que Sturridge, qui peut faire valoir de meilleurs chiffres, soit encore longtemps snobé.

PAR BRUNO GOVERS

Jeune, il était davantage tourné vers le ring et rêvait de devenir catcheur

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