SUPER SEB devant Hollywood

Loeb décroche le titre mondial mais Solberg n’est pas loin.

Trois semaines après la F1, le rideau est tombé sur la saison 2004 des rallyes. Si en Belgique les vieux font de la résistance, la jeune génération a clairement pris le pouvoir en championnat mondial comme en atteste notre hit-parade.

5 étoiles

SéBASTIEN LOEB. A tout seigneur, tout honneur, le Français mérite de figurer en haut de l’affiche. Et pas seulement parce qu’il a conquis la couronne mais surtout pour le panache avec lequel il a atteint cet objectif. Disposant d’une monture – la Citroën Xsara WRC – performante sur tous les terrains, Seb a mis un point d’honneur à s’imposer dans des rallyes a priori peu favorables aux gens du sud, notamment en Suède où les Scandinaves l’attendaient de pied ferme. Cet ancien gymnaste de compétition a gagné cinq des dix premiers rounds 2004, n’abandonnant qu’au Mexique. Ensuite, une série de quatre deuxièmes places à partir du Japon a suffi pour lui garantir ce titre qui lui avait échappé de peu douze mois plus tôt. Il a clôturé sa campagne par un succès en Australie, rejoignant ainsi son ancien mentor Didier Auriol, six fois lauréat en une seule saison. L’Alsacien sera l’homme à battre l’année prochaine mais il évoluera dans un contexte plus difficile : Citroën a annoncé son intention de quitter la scène mondiale fin 2005 et la motivation des troupes pourrait s’en ressentir, d’autant que l’heure sera aux premières économies. Bref, conserver son titre s’annonce peut-être plus difficile que le décrocher.

PETTER SOLBERG. Avec cinq victoires à son actif, le champion sortant fait à peine moins bien que son successeur. Il paie cash un gros passage à vide durant l’été quand ses participations en Argentine, Finlande et Allemagne se sont soldées par autant d’abandons. Autre handicap pour le Norvégien, les Pirelli chaussant sa Subaru demeurent inférieurs aux Michelin sur le tarmac ; le vice-champion 2004 n’a marqué que dix points au total des quatre manches sur asphalte (Monte-Carlo, Allemagne, Corse et Catalogne) là où son principal rival en a inscrit vingt-huit. Cependant, HollywoodSolberg reste un formidable gagneur et un ambassadeur hors pair pour le rallye : expansif, joyeux, plutôt beau gosse, tenace, spectaculaire dans son pilotage, il est le chouchou des foules et se pose en challenger n°1 dans la course aux écussons mondiaux 2005.

4 étoiles

MARCUS GRÖNHOLM. Le champion du monde 2000-2002 a gagné chez lui en Finlande et l’a emporté à Chypre avant d’être déclassé pour un motif technique (pompe à eau non conforme). Mais il a aussi accumulé les gaffes, notamment en Allemagne quand il a arraché une roue dans le premier virage de la première spéciale. Forçant sa conduite pour pallier les défauts de sa Peugeot 307 WRC, the boss a renoncé cinq fois sur sortie de route, c’est trop pour un prétendant au titre. On retiendra cependant ses bonnes prestations sur asphalte en Corse (4e) et en Catalogne (2e).

MARKKO MÄRTIN. L’Estonien au visage en lame de couteau a gagné trois rallyes mais s’est aussi payé quelques cabrioles. La plus grave, en Argentine, aurait pu très mal tourner car il ne restait rien de la Focus après cette série de tonneaux à haute vitesse. Très présent sur le goudron comme en attestent ses succès français et espagnol, le leader du team Ford a mal négocié l’été (zéro pointé en Grèce, Turquie et Argentine) et n’a pas joué un rôle de meneur au sein de sa formation. Mentalement, il n’a pas encore la force d’un Loeb ou d’un Solberg et c’est sur ce point qu’il doit progresser. Reste à voir quel pavillon il défendra en 2005 : il était annoncé chez Peugeot mais la donne a changé depuis le revirement de la marque française.

CARLOS SAINZ. Avec le départ à la retraite anticipée du Matador, le rallye mondial perd un pion majeur. L’Espagnol a joué un rôle déterminant dans la conquête du titre constructeurs par Citroën en finissant quatorze des quinze épreuves auxquelles il a participé (il a déclaré forfait en Australie après un crash en reconnaissances). Dominé en vitesse pure par son équipier, le pilote madrilène a tiré son épingle du jeu sur certains terrains spécifiques et est devenu en Argentine seul recordman du nombre de victoires au plus haut niveau (26). A 42 ans, il veut désormais se consacrer en priorité à sa famille.

FRANçOIS DUVAL. Certes, le jeune Belge n’a gagné aucune manche mondiale mais il a fréquemment porté le maillot jaune. Très convaincant sur l’asphalte, le citoyen de Cul-des-Sarts manque encore de bouteille pour jouer la gagne partout, notamment en Finlande, en Nouvelle-Zélande et en Suède. Mais il a profité de cette saison pour engranger de l’expérience et peaufiner un système de notes qui lui valait auparavant bien des critiques. Parfaitement drivé par StéphanePrévot, Duval doit maintenant gravir le dernier échelon en offrant aux supporters belges cette première victoire mondiale qu’ils attendent depuis plus de trente ans. Sera-ce pour 2005 ? Sans doute puisqu’il rejoint l’équipe championne du monde. Mais il y cohabitera avec le n°1 mondial, chouchou de la maison Citroën. Le défi est osé.

3 étoiles

PER-GUNNAR ANDERSSON. Le grand public ne connaît guère ce jeune Suédois mais cela ne devrait pas durer. Vainqueur du championnat Super 1600 sur une Suzuki, il a montré une belle pointe de vitesse et un jusqu’au-boutisme étonnant, surtout en Grèce où il a signé des meilleurs temps au volant d’une voiture transformée en batmobile par une série de tonneaux. Il y a du Colin McRae dans ce  » Pigi  » auquel les grandes équipes s’intéressent.

JANNE TUOHINO. Le Finlandais était nominé par Ford dans les épreuves où François Duval manquait d’expérience. En Suède et en Finlande, il a rempli sa mission en amenant sa Focus à l’arrivée dans les points. Mais a priori, ce n’est pas avec lui que la Finlande détient le successeur de Tommi Makinen ou Juha Kankkunen.

HARRI ROVANPERÄ. Encore un Finlandais, qui a joué le rôle de paratonnerre au sein de l’écurie Peugeot : quand une 307 connaissait des ennuis techniques, c’était toujours la sienne… mais le plus souvent, l’autre voiture était ensuite accablée. Comme bien d’autres, il se retrouve sur le marché des transferts.

2 étoiles

FREDDY LOIX. Empêtré dans le mauvais sketch Peugeot, notre compatriote s’est retrouvé sur un siège éjectable sans trop savoir pourquoi. Victime de la mauvaise foi de dirigeants qui lui préféraient Harri Rovanperä, il a tenté de sauver la mise sur trois coups de dés en fin de saison. Mais ces dés étaient pipés… Pour preuve, le lamentable abandon sur panne d’alternateur après trois spéciales en Catalogne. Le plus dur pour Fast Freddy sera de rebondir.

STéPHANE SARRAZIN. L’ex-pilote de… F1 (il a disputé un GP sur Minardi) s’est fait connaître en trois rallyes sur tarmac où, au volant d’une Subaru préparée à Andenne par le team First, il a fait aussi bien que Petter Solberg lui-même. S’il confirme ces qualités sur la terre, le Français est peut-être une des stars de demain.

1 étoile

TONI GARDEMEISTER. Sous contrat avec Skoda qui ne disputait pas l’intégralité du championnat, il a déployé un bel enthousiasme au volant d’une Fabia WRC perfectible. Et il a démoli moins d’autos qu’à ses débuts.

NIALL McSHEA. Sans remporter une seule manche, l’Irlandais est devenu champion du monde en Groupe N. Cela fera une belle ligne sur sa carte de visite mais ne lui ouvrira guère de portes.

NICOLAS BERNARDI. Epaulé par notre compatriote Jean-Marc Fortin, il échoue de peu dans la course au titre mondial en Super 1600. Le rallyman français s’est pourtant montré rapide et pouvait décrocher la timbale si la chance s’était un peu intéressée à lui.

CHRIS ATKINSON. Ce jeune Australien peu connu a impressionné par ses performances au volant d’une Suzuki Super 1600 et d’une Subaru Groupe N. On en reparlera.

Pas d’étoile

Contrairement à la F1 où le contingent des pilotes est limité, le mondial des rallyes ouvre ses portes à de nombreux concurrents. Parmi les représentants officiels, Gilles Panizzi, Gian-Luigi Galli et Dani Sola étaient les plus mal lotis car la Mitsubishi WRC04 manquait cruellement de mise au point. Mirkko Hirvonen est passé à côté de son sujet et n’a jamais joué chez Subaru le rôle qu’on attend d’un n°2 (même quand il n’est pas payé, ce qui est le cas). Andrea Navarra a profité de sa connaissance des lieux pour finir 5e en Sardaigne tandis que Daniel Carlsson a alterné le bon et le moins bon au volant d’une Peugeot 206 WRC semi-officielle. On notera enfin les résultats peu emballants de Cédric Robert et Armin Schwarz.

Eric Faure

Loeb a gagné des rallyes PEU FAVORABLES AUX NON-SCANDINAVES

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