SUPER MARIO 2

Transfiguré depuis la reprise, le Lierse a assuré son maintien et il le doit en grande partie à son nouveau joyau africain.

Le 31 janvier 2014, le microcosme du foot belge fait la connaissance d’une nouvelle tête. Sur un coup franc d’Hernan Losada, repoussé par Thomas Kaminski, le jeune Sénégalais (22 ans) Mbaye Diagne surgit plus vite que les défenseurs anderlechtois et propulse du pied droit le ballon dans les filets pour donner l’avantage au Lierse. Finalement vainqueurs 2-0, les Lierrois confirment leurs bonnes sensations depuis la reprise en allant infliger une correction à des Montois à l’agonie (1-5), une semaine plus tard. L’addition est sévère et Diagne n’y est pas étranger. Avec trois buts à son compteur personnel ce soir-là, l’attaquant, prêté à la chaussée du Lisp par la Juventus, a marqué les esprits.

De la D8 à la Juve en deux ans

Pourtant, le destin du jeune Africain était loin d’être tout tracé. Celui que tout le monde surnomme Mario pour sa ressemblance avec l’enfant terrible du foot italien, Mario Balotelli, dont il reconnaît être un grand fan, ne parvient pas à attirer le regard des recruteurs européens depuis son Sénégal natal. Qu’à cela ne tienne, à 17 ans, il jette ses studs dans un sac et s’en va rejoindre son père, travailleur expatrié, en Italie. Ses débuts dans la botte sont compliqués : on ne l’accueille pas comme un Super Mario en puissance et c’est sous le maillot de Brandizzo, modeste club de huitième division, qu’il fait ses grands débuts sur les terrains européens.

L’histoire aurait pu s’arrêter là et Mbaye végéter parmi les petits clubs du Piémont. Mais notre homme a ce petit quelque chose en plus : il est de la race des puncheurs. Du haut de son mètre 91, il règne dans le jeu aérien et enchaîne les têtes rageuses au fond des buts. Toujours bien placé dans les seize mètres, technique, rapide, il possède un pied droit précis comme le prouvent ses deux derniers buts inscrits face à Mons et le gauche ne lui sert pas qu’à monter dans le bus.

Il survole la D8 italienne et empile 45 buts en l’espace d’une saison à peine, ce qui lui vaut un transfert à l’ASD Bra, club voisin de D5. Un saut de trois échelons qui n’impressionne guère le prolifique avant-centre, auteur cette fois de 23 goals et grand artisan de la promotion en D4 de son équipe. Des stats qui n’échappent pas aux recruteurs de la Juventus qui flairent le bon coup et lui offrent un contrat. Mais ne s’impose pas à la Vieille Dame qui veut : encore trop tendre pour le champion italien en titre, Diagne est envoyé s’aguerrir à l’AC Ajaccio.

Sous la coupe de Ravanelli

Actuels bons derniers de Ligue 1, les Corses auraient sans doute aimé pouvoir compter sur leur pointe sénégalaise mais des soucis administratifs l’empêchent d’être aligné et il perd six mois sur l’île de beauté. Enfin pas tout à fait car il côtoie tout de même du beau monde au stade François-Coty : Fabrizio Ravanelli y est coach jusqu’à son renvoi, début novembre, et Diagne profite des précieux conseils du renard argenté.

A court de rythme, il atterrit au Lierse fin novembre grâce aux connexions turinoises de Tomasz Radzinski, le directeur sportif local. Après quelques semaines de test, le deal est entériné et le Sénégalais est prêté pour six mois. Malgré tout, Stanley Menzo n’a pas été d’emblée convaincu par la plus-value que pouvait lui apporter son nouvel élément : il n’a dû sa titularisation face aux Mauves qu’au forfait de dernière minute de Julien Vercauteren.

Bien décidé à saisir sa chance, Super Mario cartonne depuis lors sur son flanc gauche, lui qui n’avait jamais joué qu’en pointe, en compagnie de  » Luigi  » Tony Watt, prêté par le Celtic, et d’un Hernan Losada qui a retrouvé ses jambes. Les fans ont tout intérêt à en profiter car  » Lierselona  » pourrait ne pas durer : les Anversois ne possèdent pas d’option d’achat et de l’aveu même de Radzinski, le duo sera très difficile à conserver. Le maintien d’ores et déjà assuré, le numéro 26 lierrois ne compte en rester là, il s’est fixé un objectif ambitieux : marquer encore quinze buts d’ici la fin des play-offs 2. S’il est assurément une caractéristique que le Sénégalais partage avec son modèle italien, c’est l’assurance !

PAR JULES MONNIER – PHOTO: IMAGEGLOBE

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