Strupar County

Coupe du Monde, bientôt un deuxième enfant, la fin de la saison en Premier League: l’attaquant de Derby connaît ses défis.

Les Diables Rouges n’ont pas mis leur plus grand braquet face à la Slovaquie (1-1), loin de là, mais est-ce que la course commence dès maintenant ou le mardi 4 juin contre le Japon? Faut-il foncer ventre à terre ou plonger ses mains dans le cambouis afin de régler la mécanique? Les matches amicaux sont-ils utiles? Questions un zeste stupide. Peut-on imaginer des GP de Formule 1 sans les séances d’essais?

Waseige le suivra en Angleterre

« Ce ne fut pas brillant mais très utile, c’est ce qui compte, car tout le monde a vu ce qui reste à faire », a lancé le grand Branko Strupar après le match. Le gars de Derby County revenait dans le coup après deux ans d’absence et une galère pas possible à la clef. On n’a pas encore retrouvé le Strupar de Genk: quoi de plus normal? Il rase à nouveau le gazon des stades de Premier League depuis un mois et a besoin de temps de jeu.

« Mon club vit des moments délicats », dit-il. Une phrase toute simple et qui résume le principal souci actuel des joueurs. Les clubs négocient tous la fin des championnats, les uns la tête dans les étoiles, d’autres avec la corde au cou. Ces échéances très importantes seront tombées avant les prochains matches amicaux de l’équipe nationale. Cela signifie qu’on verra des Diables Rouges d’un autre niveau face à l’Algérie, le 14 mai, puis en France quatre jours plus tard.

Il s’agira alors d’entamer la dernière ligne droite avant de prendre l’avion pour le Japon le 22 mai. Branko Strupar sait sûrement qu’il n’a pas encore son billet en poche. Pour l’obtenir, il ne devra pas s’appuyer sur Belgique-Slovaquie mais sur les derniers matches du championnat anglais. Robert Waseige et ses « espions » décortiqueront ses performances au scalpel. Derby avait un rendez-vous important à Liverpool lors de la récente 36e journée de championnat et recevra Leeds United avant de clôturer le samedi 11 mai lors d’un déplacement à Sunderland.

Sa performance contre Leeds le 27 avril sera probablement décisive en ce qui concerne sa présence au Japon. Le coach fédéral belge ne devrait pas patienter plus longtemps avant de trancher. Robert Waseige aura alors besoin de certitudes afin de bétonner son groupe. Pour le moment, les préférences vont à un duo offensif Wesley SonckEmile Mpenza. Rien n’a plus belle allure mais la flèche noire de Schalke 04 semble si fragile physiquement: Emile a raté les cinq derniers matches de l’équipe nationale pour l’un ou l’autre bobo.

Cela laisse perplexe. Se blessera-t-il encore avant ou pendant la Coupe du Monde? La division offensive belge n’est pas trop grosse. Il faudra aussi suivre Super-Emile en Bundesliga. Et Marc Wilmots étant fatigué pour le moment, c’est leur équipier de Schalke 04, Sven Vermant, qui a finalement laissé la meilleure impression contre les Slovaques en réalisant de bonnes passes en profondeur. Cela tranchait par rapport à un milieu de terrain belge sans grandes capacités techniques. Joos Valgaeren sera également le bienvenu dans le bastion défensif. Autrement dit: il n’y a pas que Branko Strupar sur la sellette.

« Wesley est différent d’Emile »

« Je savais que je ne pouvais pas péter tout de suite des flammes », dit Branko. « J’étais heureux d’être là. A l’entraînement, j’ai constaté que je tenais le coup sans le moindre problème. Or, le travail physique fut éprouvant deux jours avant le match. Je ne peux que m’améliorer au fil du temps mais tout se jouera vite. L’envie est là, présente, et je croise les doigts pour que tout s’enchaîne sans problème. J’ai eu ma part de soucis et je ne veux plus y penser ».

Tout le monde espérait voir le duo Strupar- Emile Mpenza. Une éventualité qui est tombée à l’eau à cause de Schalke qui incita son baroudeur à se faire enlever deux dents de sagesse trois jours avant Belgique-Slovaquie. Or, on a compris qu’Emile et Branko sont assez complémentaires. Personne n’a oublié le fameux 5-5 contre les Pays-Bas à Rotterdam, le 4 septembre 1999: c’était le mariage de la vitesse du sprinter et du placement adéquat d’un pivot offensif. Il aurait été intéressant d’huiler les rouages de cet axe.

« J’aurais aimé voir où nous en étions Emile en moi », affirme Branko Strupar. « Mais je n’avais pas encore joué un match avec Wesley Sonck. C’est un joueur différent d’Emile. Explosif mais il ne cherche pas automatiquement la profondeur. Wesley aime les combinaisons courtes. C’est une adaptation très intéressante mais il faut du temps. Les Slovaques m’ont étonné par leur engagement physique et ils ont coupé les liaisons entre nous et la ligne médiane. Pour se dépêtrer de ça, il fallait qu’un des attaquants décroche. Nous ne l’avons pas fait alternativement. Dès lors, il y a un peu trop de pression adverse sur la ligne médiane, notamment dans le secteur occupé par Marc Wilmots. Malgré ça, nous avons retrouvé un fil conducteur après une demi-heure de jeu. Je ne dis pas que c’était génial mais il y a eu la tête de Wesley Sonck sur la barre transversale. Et il me semble que j’aurais pu marquer un but si Wesley m’avait servi un bon ballon ».

« Je ne m’inquiète pas »

A la mi-temps, Robert Waseige procéda à des changements tactiques: Branko Strupar céda sa place à Mbo Mpenza et Marc Wilmots la sienne à Sven Vermant. « C’est tout à fait normal », raconte Branko. « C’est le moment de procéder à des essais. J’avais tout de même les jambes un peu lourdes. Marc Wilmots aussi. Robert Waseige a été bref dans ses commentaires. Il m’a parlé de cette synchronisation un peu hésitante dans le décrochage. Mais pour le reste, le coach a dit que je ne devais pas m’inquiéter. Je ne crois pas qu’on puisse me juger en une mi-temps. Certains observateurs n’ont pas été tendres à mon égard. La première mi-temps n’a pas été fameuse mais c’est toute l’équipe qui tarda à trouver ses points de répère et pas seulement Branko Strupar ».

Dans une bouffée de colère, il ajoute avec une petite pointe de hargne: « Si je dois tout le temps être le coupable tout indiqué, il vaut mieux que je n’aille pas à la Coupe du Monde ». Puis, plus calmement: « Moi, ce qui m’intéresse, c’est l’avis du coach. J’ai donné mon maximum. La qualité de mon jeu s’améliorera. Maintenant, je garde les pieds sur terre. Tout est possible, rien n’est certain. Je cerne parfaitement le fait que ma présence en Asie passera par une bonne fin de championnat à Derby. Si je ne suis finalement pas retenu, ce sera une déception mais quand même pas la fin du monde. Ma vie ne s’arrêtera pas pour autant. J’aurai alors un peu de temps à consacrer à ma famille. Cela ne veut pas dire que je ne compte pas sur cette aventure. Au contraire: une phase finale de la Coupe du Monde complèterait ma carte de visite. Je veux être réaliste et envisager toutes les possibilités. Je garde les pieds sur terre et cela me permet d’être plus fort et serein par rapport aux évenements. Je laisse parler mon coeur mais cela ne veut pas dire que je sois trop émotif ».

« Je resterai à Derby County… »

Branko Strupar et Derby County n’ont pas quitté le bas du panier depuis des mois. Trois clubs chuteront en D1 à la fin de la saison. Leicester a été le premier condamné. Derby County se porte pâle derrière Ipswich et Blackburn. « Il me reste un an de contrat et je resterai à Derby County, même en D2 », confie Branko Strupar. « Ce club a envie de repartir du bon pied la saison prochaine et je l’aiderai à atteindre ses nouveaux objectifs ».

A la mi-août, la famille Strupar s’agrandira avec la naissance d’un deuxième enfant. Son épouse est déjà partie se reposer auprès de sa famille en Croatie. « La Coupe du Monde puis la naissance, ce ne serait pas mal du tout », dit-il. Avant tout cela et les matches de la Belgique contre l’Algérie et la France, Derby County recevra Leeds United et se rendra à Sunderland. Il connaît le Stadium of the light de Sunderland pour y avoir inscrit un but contre l’Angleterre pour le compte de la Belgique. C’était le 10 novembre 1999: Branko était en plein boom avec Genk.

Il avait décroché 12 sélections (cinq buts) entre le 18 août 1999 face à la Finlande et le 2 septembre 2000 contre la Croatie. Mercredi passé, son compteur est passé à 13. En restera-t-il là? « Wait and see », dit-il avec une pointe de flegme très anglais.

Pierre Bilic, ,

Dia 1

« Pas la fin du monde si je ne suis pas retenu »

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