Street-boy

Quatre mois de prison, recel de drogue, des disputes avec son coach : « C’est du passé », dit-il.

Des vêtements hip-hop, 21 tatouages, des boucles d’oreille, une coupe rasta : enchanté, Allen Iverson, gamin des rues de Hampton, Virginie. Mis au monde par une teenager, élevé sans père. Pendant son enfance, Iverson a connu la misère. Il vivait dans un appartement dépourvu de gaz, d’eau et d’électricité.

Voilà des circonstances atténuantes pour le reste de sa vie. Le sport lui a offert une échappatoire. Il brillait en football américain et en basket. Dans ces deux sports, il a conduit son école, Bethel, au titre de l’Etat de Virginie. Mais, déjà à cette époque, son caractère capricieux lui jouait des tours. Au cours de sa dernière année à la highschool, il a été impliqué dans une bagarre raciale, dans un bowling. La police a arrêté quatre des cinquante bagarreurs. Parmi eux, Iverson. Il a été inculpé pour coups et blessures. Deux témoins ont déclaré qu’il avait démoli une chaise sur une jeune fille blanche. Le talentueux joueur de basket a nié mais il a quand même pris cinq ans. Après quatre mois, le gouverneur de Virginie lui a accordé sa grâce, à condition qu’avant de rejoindre la NBA, il obtienne son diplôme au collège.

Quelques semaines après sa libération conditionnelle, Iverson a rejoint la Georgetown University. Il n’a pas ménagé ses efforts dans ses études tout en s’illustrant en basket. En 1996, le joueur, qui marquait si facilement, s’est risqué à sauter le pas et a rejoint la NBA. Les Philadelphia 76ers l’ont choisi avant tout autre. Ils ont enrôlé un diamant brut mais ils ont rapidement découvert ses côtés non polis. Souvent, Iverson ne se présentait pas du tout à l’entraînement, ou bien trop tard, ou encore avec une seule chaussure. Il se disputait avec l’entraîneur, Larry Brown, ne se souciait pas du tout de défendre et semait la consternation, en-dehors de la salle. En 1997, il a été confondu de recel de marihuana. Il était également en possession d’une arme à feu. Il a été condamné à cent heures de services à la communauté et à une peine de prison de trois ans avec sursis.

Ses qualités sportives incontestables ne l’ont pas empêché de recevoir l’addition, suite à ses incartades. La saison dernière, il a encaissé cinquante amendes pour être arrivé en retard. Larry Brown s’est vu contraint de prendre des mesures sévères. Il a menacé son meilleur marqueur de le transférer aux Clippers, la risée de la NBA, ou aux Detroit Pistons. Cette menace a eu l’effet voulu.

« J’ai moi-même donné à mon club les munitions pour mon exécution. Il n’aurait pas eu de bâton pour me battre si j’étais arrivé à temps, si je n’avais brossé aucun entraînement ». Iverson a promis de s’améliorer : « Je me suis regardé dans le miroir et je me suis dit à moi-même : -Mon garçon, arrive enfin à temps aux entraînements et aux matches« .

C’est ainsi que cette saison, le club a découvert un tout autre Iverson. Une fois revenu en grâce, il a fait savoir qu’il voulait devenir un exemple. Il est sur la bonne voie pour exaucer ce voeu. Il arrive à temps, il se livre à fond dans les duels, il inscrit en moyenne trente points par rencontre, il a disputé un grand nombre de matches, s’est blessé rarement et a emmené son équipe à la première place de l’ Atlantic Division. Pourtant, il a eu une petite rechute. Pendant la saison, il a créé l’émoi en sortant un CD de rap dont les textes, plutôt salés, traitaient des homosexuels et des femmes en termes haineux et louaient l’usage des armes à feu. Sur le terrain, il se comporte parfaitement.

En février, il a parachevé sa renaissance en marquant 25 points au All Star Game et en jouant un rôle décisif dans la victoire 111-110 de l’Est. Il a été élu MVP. C’est peut-être le début d’une belle histoire? Iverson est fermement décidé à s’imposer à Philly. « Quand il ne s’agit que de basket et que les gens ne me jugent pas sur mes actes en-dehors du terrain, je peux devenir MVP de la NBA. Mais ça restera impossible, à cause de toutes les fautes que j’ai commises dans le passé ».

Wim van Eck, ESM

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire