Stoppeur persistant

par Bruno Govers

Dans l’escalier qui mène au premier étage de la tribune d’honneur du stade Constant Vanden Stock, un photo-montage représente à la fois les grandes équipes ainsi que les joueurs les plus célèbres de l’histoire quasi séculaire du RSCA. La petite histoire veut qu’en passant pour la première fois devant l’impressionnant document, Glen De Boeck ait manifesté son étonnement, sous prétexte que son portrait n’y figurait pas au côté des autres coryphées du club comme Robby Rensenbrink, Paul Van Himst ou encore Jef Jurion. Simple oubli, ou Boeckie se prêtait-il tout simplement des qualités que d’autres ne lui reconnaissaient pas ? Un peu des deux, sans doute, car ils ne courent pas les rues ceux qui, comme lui, peuvent se gausser d’avoir joué l’espace d’une décennie au sein du club mauve et blanc (de 1995 à 2005 pour être tout à fait précis) tout en y assumant très longtemps les fonctions de capitaine. Malgré quoi, le longiligne arrière axial n’est jamais parvenu, pour autant, à faire l’unanimité.

Au sein du groupe, où il n’a jamais été vraiment des plus populaires, surtout après être monté en grade, certaines méchantes langues l’avaient d’ailleurs affublé du sobriquet peu glorieux de cintre. Une référence quelque peu vacharde à son physique de grand escogriffe ainsi qu’à son manque de souplesse. D’autres, en revanche, s’étaient plu à le surnommer l’avocat en raison de son talent oratoire. Il est vrai qu’avec son bagout et son don des langues, il parvenait toujours à bien faire passer le message sur le terrain, voire en présence des journalistes. Même si, parmi ses coéquipiers, quelques-uns s’irritaient souvent de sa propension à voir la paille dans l’£il des autres mais nullement la poutre dans le sien.  » Il avait des qualités évidentes, sans quoi il n’aurait pas tenu la distance comme il l’a fait. Mais c’est vrai que l’auto-critique n’était peut-être pas son point fort  » admet l’ancien manager, Michel Verschueren.

Glen s’était érigé en patron de la défense dès l’âge de 21 ans, au FC Malines. Il y forma d’emblée un duo prometteur au côté d’un autre jeune dont on disait également le plus grand bien : Davy Gysbrechts. Si le patronyme de celui-ci s’est dissipé, entre-temps, dans les brumes de l’oubli, Boeckie, par contre, aura su tirer profit de ses qualités pour mener une carrière au long cours, aussi bien à Anderlecht que chez les Diables Rouges. Et il n’est pas interdit de penser qu’il aurait toujours été actif sur les terrains, aujourd’hui, s’il n’avait pas payé, la trentaine passée, un lourd tribut à ses ennuis physiques, surtout aux genoux.

Tantôt stoppeur, tantôt couvreur, le Sang et Or de formation présentait un cas : habile des deux pieds, il n’était vraiment bon, de la tête, que dans le seul registre offensif. C’est d’ailleurs sur des phases arrêtées qu’il a inscrit la plupart de ses goals au plus haut niveau. Sur le plan défensif, bizarrement, il n’a jamais témoigné d’une même souveraineté. Très tôt, le joueur a déclaré que le coaching constituait la suite logique qu’il entendait donner à sa trajectoire sportive. Après une reconversion furtive comme T2 au Parc Astrid, le Cercle Bruges lui offre à présent une toute première chance pour s’exprimer.

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