Stoppeur et sans reproche

Bruno Govers

Depuis le début de la saison, le Nigérian s’impose dans l’axe central des Rouches.

Théoriquement, Joseph Enakarhire aurait dû gonfler le flux des Standardmen qui, la semaine passée, avaient été réquisitionnés par leurs équipes nationales respectives. Mais la direction des Rouches opposa son veto à la demande de la fédération de football nigériane de pouvoir disposer du joueur dans l’optique des Jeux Panafricains qui, pour l’heure, mettent aux prises les Eaglets -23 ans à leurs homologues du Sénégal, de l’Afrique du Sud et de la Zambie. Et ce, au grand dam du principal intéressé.

 » D’un côté, je peux comprendre les réticences des dirigeants « , observe le stoppeur des Principautaires.  » Il y a tant de compétitions organisées en Afrique, des éliminatoires de la Coupe du Monde aux matches de qualification pour la CAN, en passant par la Coupe Amilcar Cabral ou son homologue afro-asiatique, qu’ils ne peuvent accéder à toutes les requêtes. Mais il faut comprendre mon point de vue aussi : les All African Games servent, cette année, à passer en revue tous les jeunes éléments dans l’optique de la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations qui se déroulera aux mois de janvier et février prochains en Tunisie. Et il va de soi qu’après avoir contribué aux bons résultats de notre équipe senior au cours des préliminaires, j’ai à c£ur de répondre présent au grand rendez-vous continental. C’est la première fois que j’entre en ligne de compte pour disputer la phase finale d’une telle épreuve. Dans ces conditions, il est normal que je veuille mettre le plus d’atouts de mon côté, notamment en évoluant avec les Eaglets. Je me console toutefois en me disant que je ne suis pas le seul à briller par mon absence lors de ces Jeux Panafricains. Mes amis louviérois Peter Odemwingie et Manaseh Ishiaku ont décliné l’invitation eux aussi, à l’instar d’autres professionnels qui évoluent également dans des championnats étrangers. Au moment d’opérer un choix définitif pour la CAN, je présume que le staff technique ne pourra pas se passer de tout le monde et que mes performances au Standard auront plaidé en ma faveur entre-temps « .

A sa place

Si on s’est montré inflexible à Sclessin avec l’arrière nigérian, il faut en voir les raisons, précisément, dans sa bonne tenue depuis le début de la saison. Alors que par le passé, le solide défenseur faisait essentiellement office de bouche-trou, tantôt à l’arrière latéral, tantôt encore au demi, il a acquis définitivement, semble-t-il, ses galons de titulaire au côté d’ Ivica Dragutinovic dans l’axe central de la défense liégeoise et est le Standardman qui a disputé le plus de matches d’affilée pour l’instant.

 » J’ai enfin la chance d’évoluer à ma meilleure place « , souligne-t-il.  » Honnêtement, je ne comprends pas pourquoi j’ai dû patienter aussi longtemps avant d’aboutir dans ce secteur. D’accord, il n’y a évidemment aucune comparaison entre le joueur que je suis, aujourd’hui, et celui qui avait abouti à la rue de la Centrale voilà trois ans. A l’époque, j’étais vraiment timide et impressionné par le beau monde qui y militait : Daniel Van Buyten, Liviu Ciobotariu et Laurent Wuillot entre autres. A ce moment-là, je l’avoue, je n’étais pas prêt à lutter à armes égales avec eux, dans leur secteur. Afin de favoriser mon acclimatation, Tomislav Ivic avait eu l’idée de m’essayer à un poste moins contraignant, tantôt au back droit, tantôt encore sur le flanc gauche. Mais je ne me suis jamais montré à la hauteur dans ce rôle. C’est logique : je me sens avant toute chose un stoppeur pur et dur. J’ai été formé en ce sens autrefois. Aussi loin que je me souvienne, ma tâche a toujours consisté à veiller au grain derrière. La preuve : en trois saisons en Belgique, j’ai inscrit en tout et pour tout un seul petit but. Et encore était-ce sur une balle perdue au GBA. Il est heureux, pour moi, que Dominique D’Onofrio ait un jour repris en mains les rênes de l’équipe fanion. Avec lui, j’ai d’emblée eu l’impression d’être enfin dans le bon. Je n’oublierai jamais, en tout cas, que c’est lui qui fut à la base de mon introduction au sein de la défense, la saison passée, quand Ivica Dragutinovic se blessa, en Coupe de Belgique, au Tivoli, avant de me reconduire dans ce rôle au côté du même joueur cette saison. Du coup, j’ai enfin le sentiment d’avoir pris mon envol. Il était temps « .

Un triple objectif

Joseph Enakarhire s’est fixé un triple objectif cette saison : avoir rang de titulaire indiscutable, participer à l’apothéose de la CAN et décrocher un ticket européen avec le Standard. Ses ambitions ne se limitent toutefois pas au club liégeois. Il ne lui déplairait nullement d’imiter ses compatriotes Joseph Yobo et Rabiu Afolabi , pour qui les Rouches servirent de tremplin vers Everton (via Marseille) et l’Austria Vienne.

 » J’ai eu peur quand, pour les besoins du match à domicile contre les Loups, le coach me fit coulisser sur le flanc droit en lieu et place d’ Onder Turaci « , dit-il.  » Sur l’instant, je m’étais fait la réflexion que tout était peut-être à recommencer pour moi suite à la venue de Gonzalo Sorondo. Mais dès le match suivant, à l’Antwerp, je retrouvais ma place de prédilection en défense centrale tandis que l’Uruguayen était aligné dans l’entrejeu. J’ose espérer que l’entraîneur poursuivra dans la même direction car je me sens bien au côté de Drago, que je considère comme un guide. Après une mauvaise passe, l’équipe a retrouvé toutes ses sensations à Deurne. Il faut persévérer à présent. Je reste persuadé que le Standard a un très bon coup à jouer cette saison. Je ne prétends pas que nous entrons en ligne de compte pour les deux passe-droit en Ligue des Champions. Mais une qualification pour la Coupe de l’UEFA, par le biais de la Coupe de Belgique ou du championnat est tout à fait envisageable. A cet égard, Genk sera sans nul doute notre adversaire le plus dangereux. Mais j’ai confiance, même si les Limbourgeois nous ont surpris à Sclessin. Jouer l’Europe, ce serait fabuleux. Mais avant d’en arriver là, je rêve de servir mon pays à la CAN. Dans un groupe composé de l’Afrique du Sud, du Maroc et du Bénin, c’est sûr que les Super Eagles n’auront pas la vie facile. Mais ils ne doivent avoir peur de personne. J’aspire aller à Tunis, car ce serait l’occasion, pour moi, de retrouver deux garçons qui font figure d’exemples à suivre à Sclessin : Joseph Yobo et Rabiu Afolabi. Tous deux ont en effet transité par le Standard avant de donner une nouvelle impulsion à leur carrière. Je ne cache pas qu’il me plairait d’imiter leur exemple. La Premier League me fait rêver, c’est l’évidence même. Mais aussi la Liga. C’est là qu’évoluent mes clubs favoris, le FC Barcelone et le Real Madrid. Chaque fois que j’en ai l’occasion, je zappe sur un programme qui concerne le football espagnol. A mes yeux, c’est le sommet. Et parfois je m’imagine face à Ronaldo ou David Beckham. Je mesure fort bien que je ne croiserai pas leur route demain. Mais après-demain, qui sait ? C’est l’espoir que je caresse, en tout cas « .

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