STEPHsonne Velud

Flash-back : vendredi passé, après l’émission de RMC After Foot, où nous avions eu l’entraîneur du Togo Hubert Velud en ligne, je lui ai encore parlé au téléphone alors qu’il était en route pour l’hôpital pour prendre des nouvelles des blessés. C’était juste après l’attaque des Forces de Libération de l’Etat de Cabinda…

Hubert, comment tu vas ?

Hubert Velud : C’est difficile car c’est terrible ce qu’il s’est passé. On aurait pu tous y passer… On a entendu des rafales de tirs et on s’est couché pendant 20 minutes sous les banquettes du bus. Il y avait du sang partout et la peur nous avait envahis.

T’as été touché, toi ?

Moi, ce n’est pas important. Une balle m’a frôlé le bras. Mais ce n’est vraiment pas grave. Par contre, mon adjoint et l’attaché de presse ont reçu une balle dans le ventre. Et j’ai aussi des joueurs qui ont été blessés. Mon gardien doit absolument être opéré.

Tu t’attendais à ça ?

Ce qui m’a étonné quand on est arrivé dans la province de Cabinda en passant la frontière entre le Congo-Brazzaville et l’Angola, c’est que notre bus était super protégé par l’armée angolaise. Cette protection nous a vraiment surpris. Peut-être que l’armée avait eu vent de quelque chose. J’ai l’impression qu’elle était au courant qu’on allait tomber dans un traquenard. Heureusement qu’elle était présente et qu’elle a répliqué, sinon on serait tous morts.

Pourquoi tu dis que l’armée était au courant de la possibilité d’une attaque ?

Parce que j’ai l’impression qu’ils font tout pour minimiser l’histoire, comme si ce n’était pas grave !

Le Comité d’organisation de la CAN a dit que vous êtes fautifs parce que vous êtes venus en car et pas en avion. Le Togo est la seule sélection qui n’a pas voyagé par les airs…

C’est complètement honteux et scandaleux de vouloir nous faire porter le chapeau. On était à 250 kilomètres de la province de Cabinda, en stage de préparation au Congo-Brazzaville. Pour une telle distance, je ne vois pas d’autre moyen de transport que le car. C’est moins cher que l’avion en plus !

Qu’est-ce que vous allez faire maintenant ? Apparemment, vous allez quand même participer à la compétition…

Oui ! Le peuple togolais est touché, mais fier ! Malgré ce qui est arrivé, mes joueurs veulent quand même jouer, et ce avec leurs tripes et en honneur des blessés et des disparus.

Tu penses que cette CAN devait vraiment être organisée en Angola ?

Vu les risques, je ne crois pas. Mais l’Angola est un pays pétrolier. La Confédération Africaine de Football a certainement ses raisons… financières. Il ne faut pas que les intérêts économiques et commerciaux prennent le pas sur la chair humaine. Nous, on fait du foot et pas la guerre !

Tu penses que ça va remettre en cause l’organisation de la Coupe du Monde en Afrique du Sud ?

Non, ce n’est pas le même contexte. Il ne faut pas non plus stigmatiser l’Angola. Il y a simplement des régions dangereuses, où sévissent des groupuscules terroristes. En Afrique du Sud, la sécurité sera mieux organisée qu’en Angola.

Tu vas savoir continuer à coacher pendant les semaines à venir ?

Je me sens obligé de faire mon métier, comme les joueurs, en honneur des blessés et de ceux qui sont partis. Mais la tristesse et la souffrance que l’on ressent demeurent inexplicables.

« DOCUMENT : Quand je parlais à Velud vendredi passé, son attaché de presse et son adjoint étaient toujours en vie et le Togo n’avait pas encore déclaré forfait. C’est une réaction à chaud de chez chaud… »

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