Steph sonne Hubert Velud

Le coach de Créteil (National française) n’a pas de bol. Après s’être fait canarder avec la sélection du Togo lors de la CAN, il s’est fait tabasser il y a un mois par trois hommes cagoulés dans le parking souterrain de son immeuble ! Aujourd’hui, le traumatisme passé, il en reparle.

Désolé, Hubert, pour ce qu’il s’est passé. Tu peux nous en dire un peu plus sur les circonstances de ton agression ?

Hubert Velud : Je rentrais d’un match perdu à Amiens. Trois hommes masqués m’attendaient chez moi et ne m’ont pas épargné. L’enquête est en cours, donc je ne peux pas te dire précisément ce qu’il s’est passé. Tout ce que je peux dire, c’est que mon agression est en relation avec le foot et le club plus précisément. Je suis un peu le bouc émissaire. Il s’agit d’un règlement de compte mais je n’ai rien de cassé : juste quelques bleus et des yeux au beurre noir. C’était très violent. Le club aurait pu se taire et passer l’affaire sous silence, mais on a décidé d’en parler. C’est un mal pour un bien : il faut que ça cesse.

Tu avais déjà été la cible de pressions ?

Non, honnêtement. Sauf il y a cinq ans, quand j’étais également l’entraîneur de Créteil. Mais ça ne s’était limité qu’à des paroles. C’est sûr que dans les clubs de banlieue, il y a des problèmes que d’autres formations ne connaissent pas. Mais on n’est quand même pas dans le 9-3. Cela dit, les difficultés, il faut les dénoncer.

Tu es dégoûté du métier ?

Non, mais je m’interroge. L’entraîneur joue souvent dans ces clubs le rôle de lien social. On prône aussi l’intégration. Si on en arrive à pareille situation, c’est qu’il y a trop de pognon dans le foot. En réalité, c’est surtout l’individualisme qui règne dans notre société, qui gâche tout. Il n’y a pas que les jeunes qui ont changé, tout le monde a changé.

Après le Togo, maintenant cette agression. T’es verni ! ? T’es un véritable chat noir, non ?

Ecoute, je ne le fais pas exprès. La fusillade de Cabinda a laissé des traces chez tous ceux qui l’ont vécue. La preuve, c’est qu’Emmanuel Adebayor refuse de revenir en sélection. Psychologiquement, il faut se remettre de pareil événement. On se pose presque quotidiennement des questions. On doute… J’avoue ne pas avoir de chance : se faire canarder au Togo, puis tabasser à Créteil, c’en est trop.

Tu gardes malgré tout des bons souvenirs ?

Mon expérience avec la sélection togolaise était géniale. L’Afrique, on ne sait pas vraiment en parler, ça se vit. Le seul regret que j’ai, c’est qu’on avait une équipe pour gagner la CAN lorsqu’on s’est fait mitrailler. Ça me rappelle que mon préparateur physique, lors de ce drame, évolue maintenant chez vous, à Eupen. C’est Philippe Simonin et je lui passe le bonjour.

Dis, la Syrie se cherche un coach ? T’es partant ?

Pourquoi pas ? Peut-être pas maintenant… Tu sais, Steph, parfois on n’a pas le choix. On croit souvent que les entraîneurs partent en Afrique ou ailleurs pour l’argent, mais il faut bien gagner notre vie. Je ne suis pas un Mourinho !

T’as un message à passer aux jeunes ?

Je ne cesse de dire que le talent ne suffit pas. Ils doivent aussi faire attention à leur entourage. Trop de jeunes passent à côté d’une grande carrière, parce qu’ils traînent avec n’importe qui. Ces gamins-là sont déjà condamnés dès le départ, car ils n’ont pas assez de mental. Le fric, ça engendre aussi des envieux et de l’animosité.n

PROPOS RECUEILLIS PAR TIM BAETE

 » Il y a cinq ans, à Créteil, je n’avais été victime que de paroles. Maintenant, des coups ! Ce sont des problèmes de clubs de banlieue ! « 

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