Steph sonne Frank Henry

La semaine passée, j’ai croisé Frank Henry, un ancien pilier du grand banditisme français. Il a passé 21 ans en prison. Depuis sa sortie, il s’est reconverti dans le cinéma et a réalisé récemment De Force, film dans lequel il a fait jouer Eric Cantona. Brut de décoffrage, le mec !

Bonjour Frankus ! Alors t’es un amateur de foot ?

Quand on vient du sud de la France, comme moi, on supporte l’OM depuis qu’on est gosse. C’est presque génétique. Et même si t’en as rien à foutre du foot, tu supportes quand même Marseille. Quand tu fais partie du grand banditisme, t’es une sorte de privilégié à ce niveau-là, puisque tu peux te permettre d’avoir un abonnement en tribune d’honneur. T’acquiers donc un peu de respectabilité. C’est aussi un milieu qui brasse énormément d’argent, donc fatalement, t’as plein de bandits qui gravitent autour.

D’ailleurs, y a plein de joueurs de l’OM qui se sont fait voler ou braquer chez eux ! ? Lucho Gonzalez, Mamadou Niang et Vitorino Hilton, quand ils jouaient encore à Marseille, se sont fait attaquer. André-Pierre Gignac, également.

Ecoute, les bandits, ils ne sont pas plus cons que les autres. Ils vont chez les footballeurs, parce que y a du pognon partout, des belles bagnoles, des bijoux, du matériel informatique dernier cri, etc. Tout est accessible… Désormais, les nouveaux riches, ce sont les footballeurs. Avant, c’étaient les bourges qui se faisaient voler. Maintenant, qui a plus de thunes qu’un jeune footballeur et qui le montre en plus ? Je te le demande, hein !

Pourquoi dans ton film, as-tu décidé de faire jouer l’ancien footballeur, Eric Cantona ?

Canto, c’est bien plus qu’un joueur de foot. A l’époque, il ne rentrait pas sur le terrain, il montait sur scène. Il était d’abord acteur avant d’être footballeur. C’est quelqu’un de hors norme. Il a aussi une tête de voyou, quelque part. C’est aussi un mec qui a un phrasé extraordinaire. Tout ce qu’il a fait dans sa carrière, ça relevait déjà du spectacle et du cinéma !

En prison, ça joue au foot ?

Bah oui, évidemment ! C’est le sport numéro un en taule. T’as vraiment deux clans bien distincts : les supporters de l’OM et ceux du PSG. A la maison d’arrêt de Fleury, y avait une équipe par bloc de bâtiment. Il fallait vraiment y gagner sa place et ça ne rigolait absolument pas. Ça jouait pour la gagne et peu importe que t’étais un petit voleur de sac à main ou un vrai braqueur. Sur le terrain, ça ne comptait pas. On a parfois aussi joué contre des matons. Ces rencontres permettaient parfois de mettre les choses au point. Et chaque semaine, on avait des tournois.

Malgré ces 21 ans en prison, t’as un souvenir particulier en rapport avec le foot ?

En 21 ans, t’as le temps de voir venir. Plusieurs fois, j’ai entendu les murs qui tremblaient à l’occasion d’une rencontre. Mais le summum fut la Coupe du Monde 98 et cette finale face aux Brésiliens. C’était terrible. En 93 aussi, lors de la victoire de l’Olympique Marseille en Coupe des Champions face à l’AC Milan. C’était la folie !

J’imagine que tu ne connais pas grand-chose sur la Belgique. Mais tu dois bien avoir connu Raymond Goethals, non ?

Oui, évidemment ! S’il avait encore été en vie, il aurait joué dans mes films.

PROPOS RECUEILLIS PAR TIM BAETE

 » Si Goethals avait encore été en vie, il aurait joué dans mes films « .

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