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STEIN HUYSEGEMS

Après un exode en Australie, Stein Huysegems est de retour au pays et évolue désormais au FC Berlaar-Heikant où il cumule son rôle d’attaquant de pointe avec celui de… facteur.

Jos Heyligen est dépité. Le natif de Ham, débarqué au Racing Genk depuis quelques semaines, voit la Supercoupe de Belgique 1999 lui passer sous le nez au profit du Lierse. Tout avait pourtant bien commencé quand Fabio Pereira avait mis les champions en titre sur orbite, mais l’égalisation de Gert Peelman et le doublé d’un ado de 17 ans et 2 mois ont mis fin aux espoirs limbourgeois. Le nom de ce gamin ? Stein Huysegems, un pur produit lierrois. Si l’événement pourrait se limiter au côté factuel, il va néanmoins influencer toute la carrière de ces deux hommes : Heyligen sera remercié par Genk quelques mois plus tard, scellant du même coup ses rêves de réussite en D1 alors que Huysegems va s’y installer en commençant par planter sept autres buts cette saison-là.

La suite, c’est une progression constante, une saison 2002-2003 à 14 pions, un transfert à Alkmaar, un but (décisif à une minute près) en demi-finale de la Coupe UEFA et une quinzaine de matchs sous la vareuse des Diables Rouges.  » Je me souviens parfaitement de mes premiers pas en équipe nationale « , glisse Huysegems.  » C’était contre l’Espagne lors des éliminatoires du Mondial 2006, j’avais joué une dizaine de minutes en remplacement de Mbo Mpenza. Ça avait été incroyable pour moi, j’avais dû me mesurer à Puyol !  » Pas de chance pour Stein, son passage chez les Diables correspond avec la période de vaches (très) maigres du football national.  » Je ne vais pas mentir : ça aurait été plus agréable de tomber avec la génération actuelle « , clame celui qui a vécu cinq nuls et sept défaites en 16 matchs avec les Diables.

L’EXODE AUSTRALIEN

Dans le même temps, il fait un joli pas en avant en 2006 en rejoignant Feyenoord… qu’il quitte après une seule saison pourtant correcte. Il enchaîne avec Twente, Genk et Roda JC sans parvenir à se stabiliser, ce qu’il espère faire en retrouvant son Lierse à l’aube de la saison 2011 avec un contrat d’un an à la clé. Résultat des courses : cinq rencontres complètes, un but et une fin de non-recevoir soumise en mai à l’ex-enfant chéri.  » J’ai eu des propositions de quatre clubs « , se souvient Stein.  » On a étudié ça avec mon agent et on a estimé que la meilleure possibilité venait… d’Australie. J’ai donc évolué au Wellington Phoenix pendant deux ans demi. J’ai eu pas mal de temps de jeu là-bas (48 matchs, 15 buts, ndlr), mais je me souviens surtout qu’on a beaucoup dû voyager : les déplacements en Australie, c’est pas comme en Belgique.  » C’est vrai qu’en comparaison avec les 7,692 millions de km2 de l’Oz, les 30 528 km2 du plat pays ne valent pas tripette. Quoi qu’il en soit, Huysegems garde un excellent souvenir de son escapade en Océanie.  » J’aimais beaucoup l’atmosphère : il y a une certaine liberté de mouvement accordée aux citoyens, c’est agréable. Et ma famille s’est bien acclimatée à cette belle société.  » Le problème, c’est qu’à la fin du premier contrat, le club ne propose qu’un an de prolongation.  » Mais à 32 ans, je voulais plus de sécurité, j’ai donc refusé et j’ai écourté mon séjour là-bas.  »

JOURNAUX, MOBYLETTE ET COCA

De retour en Belgique en 2014, le jeune trentenaire se met rapidement à la recherche d’un nouveau défi.  » Je voulais retrouver un club de D1 belge, mais quand on revient d’Australie, on a d’office une étiquette : les clubs estiment qu’on a perdu nos qualités. J’ai donc dû me tourner vers les divisions inférieures et signer un contrat semi-pro à Dessel Sport, en D2.  » Le professionnalisme mis de côté, il a dû se mettre à la recherche d’un nouveau job. Et c’est finalement vers le métier de facteur qu’il s’est dirigé…  » Je me lève généralement à 4 heures et une heure plus tard, je commence ma journée. Je vais d’abord distribuer les journaux avant de trier le courrier et ensuite l’apporter aux gens avec ma mobylette. On rentre en contact avec beaucoup de gens, c’est agréable.  » Parfois, on lui propose d’entrer boire un verre, mais Stein ne la joue pas comme dans Bienvenue chez les Ch’tis à terminer bourré en fin de journée.  » Je m’autorise surtout du coca chez les clients…  » Son ton de voix ne ment pas : il est comblé avec ce boulot qui lui permet de terminer ses journées vers 14 h et ainsi de pouvoir passer l’après-midi avec ses enfants.  » Un aspect qui ne change pas trop par rapport au foot pro… sauf que je dois me lever beaucoup plus tôt « , se marre l’ancien buteur, qui restera à jamais calé à 99 réalisations dans les divisions professionnelles.

ATTAQUANT DE POINTE

La donne est cependant différente dans les divisions amateurs… Car après deux saisons minées par les blessures à Dessel Sport, Huysegems a quitté le haut niveau belge. Sans définitivement ranger les crampons pour autant puisqu’il s’est engagé à l’été 2016 avec le FC Berlaar-Heikant, en P1 anversoise.  » Je ne voulais plus m’entraîner tous les jours et ça m’a permis de retrouver définitivement ma place d’attaquant de pointe car, lors de mes dernières années en D1, mes coachs me plaçaient parfois sur le flanc.  » Evidemment, avoir un nom comme le sien peut attiser la jalousie et il lui arrive parfois de croiser certains défenseurs qui essaient de lui faire « payer » son passé de footballeur pro. Mais qu’importe, son avenir dans le foot, Stein ne s’en soucie pas vraiment.  » Je vais faire le bilan au terme de chaque saison pour voir si je continue ou pas. Mais je ne me relancerai pas dans le foot pro, je ne me vois absolument pas devenir entraîneur. D’ailleurs je suis plutôt à fond dans le cyclisme désormais…  » Et la mobylette, aussi.

PAR ÉMILIEN HOFMAN – PHOTO BELGAIMAGE

 » Je ne vais pas mentir : ça aurait été plus agréable de jouer avec les Diables actuels.  » STEIN HUYSEGEMS

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