Star ad intérim

Forces et faiblesses d’un personnage qui fut un joueur mythique et dont le coaching reste très critiqué malgré un joli palmarès.

Ronald Koeman est-il capable de gérer des jeunes ?

 » Il faut les endurcir. Je ne veux pas que les joueurs se croient arrivés. Chaque footballeur veut la victoire mais entre exprimer ce souhait et le réaliser, il y a une marge. Fait-il le maximum pour s’imposer ? Se livre-t-il à fond pour gagner un petit match d’entraînement ? C’est cela qui m’intéresse, surtout avec les jeunes. « 

Voilà ce que Ronald Koeman disait avant de signer au PSV en mai 2006. Aujourd’hui, beaucoup pensent qu’il n’est pas fait pour bâtir quelque chose en débutant de zéro. A Vitesse, pour sa première étape comme entraîneur, les joueurs remarquent immédiatement qu’ils sont dirigés par un homme ayant toujours subi les lois d’un grand club. Marc van Hintum, alors capitaine de Vitesse et actuellement DT de Willem II, a rendu son brassard après plusieurs algarades avec Koeman.  » A Vitesse, il ne communiquait pas bien avec les joueurs « , explique Van Hintum.  » Il était habitué à certains critères et il nous plaçait sous une pression excessive. Chaque ballon devait être bon et certains avaient des problèmes avec ça. Humainement, il était lui-même mais dès qu’il endossait le costume d’entraîneur, il devenait hyper dur.  »

Koeman connaît des heurts fréquents, dès le début, surtout avec Theo Jansen, qui était déjà l’enfant terrible du football néerlandais. L’entraîneur s’irrite de voir le jeune médian confortablement installé dans le car pendant que ses aînés trimballent les sacs. Il dérape aussi fréquemment à l’Ajax, son club suivant. Koeman supporte mal la nouvelle génération et se dispute avec la moitié du noyau : Maarten Stekelenburg, Nigel de Jong, John Heitinga, Wesley Sonck, Tom Soetaers, Tom De Mul, Nourdin Boukhari, Zlatan Ibrahimovic et Ahmed Hossam. Rafael van der Vaart et Wesley Sneijder ont également des problèmes avec lui.

 » Nous avions beaucoup de jeunes et peu d’expérience « , revient Koeman sur son passage à l’Ajax.  » Les jeunes doivent normalement être encadrés par les éléments plus chevronnés mais nous n’en avions pas. « 

Il est confronté à la même situation à Rotterdam : un groupe jeune et talentueux. Il aime rappeler que beaucoup de joueurs qu’il dirigeait à l’Ajax ont rejoint un grand club européen et enrage qu’on ne lui en attribue jamais le mérite.  » Quand je gagne quelque chose, c’est toujours grâce à mon prédécesseur. Mais quand ça ne marche pas, c’est ma faute. Ce n’est pas juste. A l’Ajax, le groupe s’est développé grâce à moi. Regardez où tous ces footballeurs ont été transférés ! Parfois, il faut lâcher du lest. Je l’ai compris au Portugal. Là, les joueurs se ménagent à l’entraînement. Seul le match compte. J’ai découvert que je devais être plus décontracté. Mes idées n’ont pas changé mais je communique différemment, j’explique les choses autrement. « 

Koeman obtient un rendement optimal avec un noyau d’adultes, comme au PSV, où il travaillera un an, en 2006-2007. Il dirige une sélection chevronnée, avec des éléments tels Phillip Cocu, Heurelho Gomes, Timmy Simons et Alex. A l’AZ, il échoue. Le groupe, jeune, a été champion l’année précédente sous la férule de Louis van Gaal. Après 24 matches, Koeman est limogé pour prestations insuffisantes mais aussi parce que le groupe ne se retrouve pas dans son approche.  » Il est trop cool. Ce noyau a besoin d’un éducateur « , analyse alors le capitaine Stijn Schaars.

Ronald Koeman se distingue-t-il tactiquement ?

Koeman se sent plus proche de Rinus Michels que de Johan Cruijff :  » Michels excluait le risque de son jeu, comme moi. J’opte pour un schéma tactique qui m’offre les plus grandes chances de gagner, pas celui qui produira le plus beau football.  »

Feyenoord n’a donc pas enrôlé un entraîneur qui s’intéresse à la beauté du football mais à la victoire.  » Actuellement, ce n’est pas le pourcentage de possession du ballon qui compte mais ce qu’on en fait. La plupart des buts sont inscrits suite à une erreur de l’adversaire. On ne marque quasiment jamais quand on construit soi-même une action depuis le début. « 

Ronald Koeman ne se laisse pas enfermer dans un système. Même à l’Ajax, il a osé bafouer le sacro-saint 4-3-3 en préférant un duo d’attaque.  » Mais nous avons obtenu des résultats et c’était alléluia.  » Au PSV, Koeman abandonne aussi rapidement le 4-3-3 pour le 4-4-2. Nul ne fait de difficultés car les résultats sont bons, surtout au début. L’entraîneur Koeman est ainsi fait : il opte pour le rendement maximal. Son prédécesseur à Feyenoord, Mario Been, s’accrochait à un système lui permettant d’aligner trois attaquants, estimant que cette tactique, inculquée aux joueurs depuis le début de leur formation, leur offrait plus de stabilité.

Koeman voit les choses autrement :  » Je pars toujours de la défense. L’Ajax a parfois joué avec cinq défenseurs, sous ma direction. J’avais trois défenseurs centraux sur deux avants mais les backs, Hatem Trabelsi et Maxwell, pouvaient monter.  »

Former une équipe est son point fort, remarque-t-il à Vitesse, son premier club.  » Ce n’est pas un hasard si nous avons battu l’Ajax trois fois en une saison. Nous avons parfaitement exploité leurs espaces laissés.  » Koeman n’est pas un aventurier. A Feyenoord aussi, il va d’abord mettre en place une organisation. Ensuite seulement, il envisagera la tactique la mieux adaptée. La plus ennuyeuse ? Koeman s’insurge :  » Cette image a été créée par des gens qui n’ont pas joué sous mes ordres. « 

Ronald Koeman est-il un bon ambassadeur ?

Ronald Koeman est un nom. Son passé de joueur, son aura, sa présentation et son palmarès incitent les clubs à se tourner vers lui quand ils sont déboussolés. Ce fut le cas au PSV, dont il n’était que le quatrième choix, suite au départ de Guus Hiddink, après Co Adriaanse, Martin Jol et Dick Advocaat. Rebelote à l’AZ, qui convoitait Adriaanse, et maintenant à Feyenoord, qui espérait embaucher Adriaanse puis Louis van Gaal, avant que le directeur technique, Martin van Geel, ne songe enfin à Ronald Koeman. Celui-ci se moque de n’être jamais le premier choix, comme il se fiche de l’opinion des autres :  » Apparemment, les Néerlandais trouvent marrant que Ronald Koeman ait des problèmes. Ils aiment raconter des choses négatives ou passionnantes sur moi. Je vis depuis toujours avec cette approche, peut-être parce que je n’hésite jamais à donner mon avis.  »

Koeman ne recule effectivement pas devant la confrontation. Quand il gaspille une large avance au PSV et est sur le point de rater le titre, le président Frits Schuitema évoque son départ. Mais quand le PSV est quand même sacré champion, lors de l’ultime journée, tout le pays voit Koeman tendre une main molle au président avant de l’ignorer. Il n’a jamais fait la paix non plus avec Louis van Gaal. Les anciens amis continuent à se lancer des piques.

A Valence, Koeman se heurte à tout le monde. Il doit réorganiser le club. Il ôte leurs privilèges aux stars, bannit des monuments du club comme David Albelda, Santiago Cañizares et Miguel Angel Angulo et perd finalement la lutte face à la presse et aux mouchoirs blancs.

Le don qu’a Koeman de retrouver quand même un club est surprenant. Nul n’ignore sa réputation mais son aura prend le dessus. Il a surtout mauvaise réputation dans le public tandis que les présidents et les autres personnes actives dans les clubs s’en moquent. Ils veulent Koeman.

Ronald Koeman a-t-il un avenir à Feyenoord ?

Si Adriaanse ne s’était pas engagé au FC Twente, il entraînerait Feyenoord. Si Louis van Gaal avait dit oui, il aurait dirigé l’entraînement mais c’est Koeman qui est à Rotterdam ! Même s’il a jadis porté ce maillot pendant deux ans, ce choix est étonnant. Quelle est la politique d’un club qui passe si vite d’un entraîneur idéaliste à un réaliste ? L’arrivée de Koeman donne l’impression que Feyenoord paniquait mais surtout qu’il ne constitue qu’une solution intermédiaire.

Koeman ne se situe pas dans la lignée des entraîneurs préférés de van Geel : van Gaal, Adriaanse et Harm van Veldhoven. Van Geel aurait souhaité embaucher le Belge, après le niet de van Gaal mais au fond, il sait que l’entraîneur de Roda JC n’est pas une option envisageable. Si van Veldhoven échoue, van Geel le suit. Le directeur a donc préféré un entraîneur chevronné, qui doit avant tout rasséréner le Kuip. Van Geel peut se dissimuler derrière Koeman. Si celui-ci rate, le club le renverra et van Geel pourra clamer en toute sincérité qu’il n’avait jamais été son premier choix. Il faut reconnaître un mérite à Big Ron : il relève le défi alors que le réaliste qu’il sait pertinemment qu’il ne fait qu’ouvrir la voie à l’idéaliste et au formateur, Co Adriaanse.

MARTIJN KRABBENDAM

 » Quand je gagne, on en attribue toujours le mérite à mon prédécesseur et quand ça ne va pas, c’est ma faute. « 

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