Standardman

Le défenseur liégeois du Lierse a dû patienter six mois mais depuis janvier, il joue.

Laurent Fassotte est le dernier joueur pour le transfert duquel le Lierse ait payé: 200.000 euros. Jimmy Smet et Marius Mitu l’ont rejoint, gratuitement, après la faillite du RWDM. Le Liégeois s’est parfaitement intégré et manie déjà parfaitement le néerlandais.

Pourquoi avoir choisi le Lierse?

Parce qu’Emilio Ferrera, devenu entraîneur, me voulait. La Louvière constituait une autre option. Ariel Jacobs m’avait entraîné au RWDM aussi. En huit mois, Ferrera m’avait tellement appris que je souhaitais vivre avec lui une saison complète. Son enseignement est encore plus concret au Lierse.

Le Standard vous convoitait alors que vous l’aviez quitté avec la mention insuffisant. N’aviez-vous pas envie d’une revanche?

Michel Preud’homme s’est renseigné mais on ne savait pas qui serait entraîneur et si d’autres joueurs occupant la même place que moi seraient enrôlés. Tout était plus clair au Lierse, y compris le contrat, attractif. Je n’avais pas envie de patienter jusqu’en août, en risquant de décourager le Lierse.

Vous êtes un parfait Belge: vous avez joué à Liège, Bruxelles et maintenant en Flandre.

Je voulais progresser. J’ai figuré dans le noyau du Standard un an et demi mais en fait, c’est la saison passée que j’ai vraiment découvert la D1. Le Lierse accorde leur chance à beaucoup de jeunes Belges. Ce n’est pas comme Lokeren ou Beveren. éa m’a attiré.

Votre expérience molenbeekoise ne vous laisse-t-elle pas un goût amer?

Non. J’ai reçu ma chance et en plus, j’ai quitté ma région. J’ai grandi à Verviers, j’ai joué au CS local, au Standard et à Visé. J’ai découvert une autre mentalité. En plus, j’avais un faible pour le RWDM. Gamin, j’accompagnais mon père qui, au terme de sa carrière de joueur, a suivi les cours d’entraîneur et a suivi les matches de Freddy Smets à Molenbeek, à l’époque de Franky Vercauteren et Rubenilson. D’emblée, je me suis bien entendu avec les joueurs et avec les supporters, qui m’ont d’ailleurs élu joueur le plus méritant d’une équipe où jouaient des éléments spectaculaires comme Paul Kpaka et Alexandre Kolotilko. Après le départ du gardien Wilfried Godart, à 23 ans, je me suis même retrouvé capitaine!

En quittant le Standard, n’avez-vous pas craint que c’en soit fini de votre carrière en D1?

Non. J’ai percé sur le tard. Je n’ai jamais été repris dans les équipes nationales d’âge mais beaucoup de jeunes sélectionnés disparaissent ensuite. Moi, ce fut l’inverse. Je n’ai pas eu l’impression d’être trop court lors des quelques matches disputés parmi l’élite, même si la concurrence était grande avec André Cruz et Guy Hellers. Christian Labarbe m’avait convaincu de prendre patience, même si je devenais trop vieux pour les Espoirs et que j’en avais marre, après trois ans. Il voyait en moi un bon défenseur de D1. Des bons matches à Sclessin

Ivic vous a aligné.

Il m’a repris dans le noyau en août, sur l’insistance de Labarbe, et j’ai joué contre Charleroi, avec succès, mais la semaine suivante, j’étais 16e homme. Comme le reste de la saison. Je n’ai joué qu’un autre match, à l’arrière droit, soit dit en passant: quand nous avons infligé une raclée 6-0 à Beveren. C’est à Visé que j’ai appris à jouer en ligne. Au Standard, j’ai aussi évolué au stopper ou au médian défensif. J’ai joué une demi-heure, voire une mi-temps pendant la préparation suivante, sans être repris ensuite en championnat, même pas sur le banc. En décembre, quand six joueurs ont pu suivre Labarbe à Visé, qui luttait contre la relégation en D3, je n’ai pas hésité. Puis le RWDM m’a offert ma chance.

Ne regrettez-vous pas le Standard?

Depuis que j’ai enfilé sa vareuse, je suis Standardman. Le jour de mon premier match avec le Standard, le stress m’a rendu malade mais j’ai marqué deux buts. Contre Anderlecht, pour lequel j’avais une légère préférence gamin…

Quand avez-vous compris que c’en était fini du RWDM? Au début, vous étiez fâché, trouvant que la presse le déstabilisait.

Comme capitaine, j’étais dans une position difficile, entre le président et mes coéquipiers. J’ai fini par ne plus croire les promesses du président. En D2, la saison précédente, nous avions été payés en retard à plusieurs reprises mais tout s’arrangeait toujours. Donc, nous ne nous sommes pas tracassés de suite. Tout a dérapé en janvier. Nous n’avons pas touché notre salaire les quatre derniers mois. A la fin, nous nous entraînions une fois par semaine mais nous prenions des points quand même. Je suis intervenu quand la majorité a voulu faire l’impasse sur un match. Finalement, l’entraîneur nous a convaincus de jouer. C’était dur. Les étrangers devaient payer leur loyer alors qu’ils n’avaient plus d’argent. Au terme de la saison, ils n’avaient pas les moyens de prendre un billet d’avion et hésitaient à partir, espérant récupérer leur dû. Certains voulaient dormir au stade pour attraper le manager et le président à leur arrivée et réclamer leur argent « Jamais sûr d’être titulaire »

Vous avez choisi le Lierse pour l’entraîneur mais vous avez tardé à vous imposer.

A mon arrivée, nous étions quatre pour deux places. Je pensais être titulaire mais le manque d’entraînement au RWDM s’est fait sentir. Dan Mitu et Axel Smets étaient dans le même cas alors que mes rivaux étaient en forme. J’ai été malade pendant la première semaine de la préparation et j’ai été mauvais dans les matches amicaux qui ont suivi. Je n’ai pas joué contre le PSG ni Roda. Je suis entré au jeu contre Vitesse et j’ai entamé le championnat sur le banc.

Vous avez bien accepté votre sort.

Ferrera ne m’estimait pas prêt. J’ai respecté ses choix. Je pense avant tout à l’équipe, pas à moi. J’étais quand même réserviste dans une grande équipe. Tout a basculé lors d’un match amical à Leverkusen. J’ai ensuite été titularisé contre Mouscron mais pas le match suivant. Sans doute ai-je payé les buts encaissés dans les dernières minutes de plusieurs rencontres. Pendant la trêve, je me suis entraîné tous les jours. Je voulais être titulaire contre Lommel, lors de la reprise. J’y suis parvenu. Je ne puis affirmer être titulaire: nul n’en est sûr, avec Emilio.

Etes-vous satisfait de votre niveau actuel?

Je veux progresser. Pour cela, il faut s’entraîner en dehors des séances collectives. L’entraînement est consacré à la tactique et au physique. Il faut travailler le reste soi-même. Une fois par semaine, je fais du fitness. J’effectue régulièrement des prises de sang, je suis les conseils d’un diététicien et je bénéficie aussi d’un suivi mental. Au Mondial, Marc Wilmots n’était pas techniquement supérieur aux autres mais sa volonté a fait la différence. Tous les joueurs peuvent gagner en assurance, en rage de vaincre. Je veux aussi être serein, sur le terrain et en dehors, même si je ne souffre pas exagérément du stress. Il y a des techniques, comme le contrôle de la respiration.

Vous étiez un bon étudiant. Pourquoi n’avoir pas persévéré?

J’ai entamé des études d’éducation physique à l’université de Liège mais elles étaient peu compatibles avec le football. Parfois, le vendredi, je devais nager deux heures et jouer avec les Réserves le soir. Ensuite, j’ai suivi pendant un an des cours d’instituteur. J’ai arrêté en recevant un contrat professionnel. De 14 à 18 ans, ma vie a tourné autour du football: je ne buvais pas, je ne sortais pas, je rêvais de devenir pro. Je n’allais pas balayer ce rêve pour des études.

Où sont vos limites?

Je l’ignore. Je dois apporter davantage sur le plan offensif et il m’arrive de penser à l’étranger, ainsi qu’aux Diables Rouges. Se fixer des objectifs est précieux. D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi aucun Lierrois n’a été sélectionné en équipe nationale. Chaque semaine, nous alignons neuf Belges et nous sommes dans le peloton de tête depuis le début de la saison. Ce n’est quand même pas normal!

Geert Foutré

« Pas de Diable Rouge chez nous: anormal! »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire