Standard-sur-Lys

Gand est l’équipe du second tour. Décryptage d’une réussite.

Cela fait maintenant plus de huit mois que Gand a réussi le coup de l’année en attirant Michel Preud’homme et son staff.  » Quand il est arrivé, les supporters l’ont accueilli comme un demi-dieu « , explique le journaliste Pierre Hellebaut qui suit Gand depuis 25 ans,  » Il y avait des pancartes au centre d’entraînement disant – Michel, make our dream come true « .

 » On a très vite senti une grosse attente « , ajoute l’entraîneur adjoint Manu Ferrera, arrivé avec MPH,  » Une grosse attente mais pas une grosse pression. On nous a tout de suite dit que le projet portait sur trois ans. Evidemment, ceux qui s’étaient imaginé que Gand serait champion sont déçus.  »

Tout le monde baignait cependant dans l’euphorie. Même le président Ivan De Witte rêvait secrètement du nouvel élan, sinon d’un titre, même si son discours a toujours mentionné le long terme.  » En attirant Preud’homme, on a surtout voulu avoir un entraîneur pour trois ans « , affirme De Witte,  » Avec Trond Sollied, on savait qu’on éprouverait certaines difficultés à le tenir une année supplémentaire. Avec Georges Leekens, l’avenir était toujours incertain. Preud’homme a directement accepté d’élaborer un plan à plus long terme. Il nous apporte son expérience et sa psychologie.  »

Le premier tour fut pourtant laborieux.  » Il connaissait Gand puisqu’il avait joué quatre fois contre nous l’an passé « , explique le directeur sportif, Michel Louwagie,  » mais on n’apprend les qualités d’un noyau qu’en le côtoyant quotidiennement. Je ne vais pas dire qu’il a été déçu des qualités des joueurs, mais il y avait quand même quelques lacunes.  »

Il a donc fallu attendre le second tour, et l’arrivée de renforts comme Tim Smolders, Stef Wils, Adnan Custovic, Mbaye Leye et Erlend Hanstveit pour que la sauce prenne. Depuis lors, rien n’arrête les Buffalos. Pourtant, les bases de la réussite actuelle furent posées dès l’entame de la saison. Preud’homme a directement voulu imposer une césure avec le style de Sollied.

 » Il a amené une discipline chez les joueurs. Dans l’attitude quotidienne mais aussi dans le jeu « , explique De Witte.  » Les joueurs sont obligés d’être présent au stade à 8 h du matin « , renchérit Hellebaut,  » Ils prennent leur petit-déjeuner au club et sont obligés de faire la sieste au centre d’entraînement lorsqu’il y a deux séances par jour. « 

 » Il est très attentif à certaines choses « , affirme Smolders,  » Il demande aux joueurs de veiller à leur repos et de ne pas charger leur jeudi et leur vendredi. Quand tu es coincé dans les embouteillages, il veut que tu l’informes. Moi, ça me semble normal mais ce n’est sans doute pas le cas pour tout le monde. « 

Preud’homme a modifié tous les bureaux

A peine arrivé, Preud’homme a insisté pour effectuer certains aménagements au centre d’entraînement, transformant les bureaux de l’ancien entraîneur en douches et transférant ses propres bureaux dans une pièce plus grande. Les lits de camp ont également fait leur apparition pour la sieste. Des détails importants.

 » Il met aussi l’accent sur la condition physique « , analyse De Witte,  » Cela donne un rythme et une intensité beaucoup plus élevés. Au début, les joueurs ont perdu un peu de jus mais cela porte ses fruits actuellement et cela fonctionnera encore mieux la saison prochaine.  » Dans cette optique, il a insisté pour avoir un préparateur physique et a sondé le métier avant de jeter son dévolu sur Renaat Philippaerts, qui enseigne la préparation physique à l’Université de Gand.

 » On a voulu recréer la même dynamique qu’au Standard « , explique Manu Ferrera,  » Dans notre tête, on voulait le top. On doit composer car il n’est pas là à temps plein, mais nous sommes satisfaits de son travail. « 

 » Il faut avouer que le Standard est au premier plan, par ses infrastructures et son know-how. Ce n’est pas un hasard si cela fonctionne. Donc, leur modèle nous intéresse « , avoue De Witte. Gand a donc racheté plusieurs terrains autour du centre d’entraînement, dans le but d’y implanter, une fois que le stade sera bien avancé, un nouveau complexe.  » On travaille avec la ville pour un centre de formation et sur ce point-là, on compte copier le Standard « , continue De Witte,  » J’ai d’ailleurs l’ambition d’amener le collège des échevins à une visite de l’Académie Robert Louis-Dreyfus  » Récemment, un journaliste de Sport/Voetbal Magazine, Raoul De Groote avait d’ailleurs parlé de Gand comme d’un Standard-op-Leie, la rivière gantoise, la Lys, remplaçant la Meuse.

 » MPH a beaucoup d’impact sur les dirigeants « 

Preud’homme a donc mis au point une méthode.  » Je savais à qui j’avais affaire mais Preud’homme a réussi à me surprendre par son professionnalisme « , affirme Louwagie,  » Je ne pensais pas qu’il pouvait travailler autant. En revenant de Coupe d’Europe, de Kalmar, il a directement analysé le match jusqu’à 4 h du matin. « 

Les joueurs apprécient cet environnement.  » On sent que c’est un entraîneur hyper pro « , dit Smolders,  » Il accorde beaucoup d’attention à la tactique. Les séances vidéos sont très fouillées. Il y a des rendez-vous fréquents avec le staff médical. Et Preud’homme insiste pour avoir des entretiens individuels avec les joueurs. Par exemple, l’entraînement se fait en anglais puisqu’il y a beaucoup de nationalités mais quand il te parle, il le fait dans ta langue. Il sait très bien estimer comment un joueur se sent. Cela lui arrive de mettre le doigt sur un problème mais c’est pour mieux le résoudre. Le staff suit cette approche professionnelle. Chaque entraînement est très bien préparé. Ils ont tous un papier sur lequel est inscrit, aux moyens de couleurs différentes, le nom des joueurs et le groupe de travail qu’il doit rejoindre. « 

Avec les dirigeants, l’osmose est également parfaite.  » C’est la première fois que De Witte n’a pas dévoilé l’objectif du club cette saison « , dit le journaliste Hellebaut,  » Et ce, afin de ne pas mettre de pression sur Preud’homme. En 25 ans, je n’ai jamais vu un entraîneur avec autant d’impact sur les dirigeants. Quand les résultats ne répondaient pas aux attentes, De Witte n’a jamais émis de critiques. « 

Ce que confirme le président :  » A aucun moment, nous n’avons douté de lui. Nous savions qu’il ne pouvait pas faire des miracles et on a donc essayé de lui donner un noyau plus élaboré. Michel a installé une bonne coordination entre joueurs, staff et direction. Il y a une forme de discussion régulière et cela évite beaucoup de malentendus. Il y avait déjà ce contact avec les autres entraîneurs comme Sollied ou Leekens mais plus que les autres, Michel insiste pour aboutir à une certaine harmonie et sérénité.  » Le staff a donc pu travailler dans un environnement propice :  » Tout ce que nous avons demandé, dans les limites du possible et budgétaires, nous l’avons obtenu « , reconnaît Ferrera.  » On sent que les dirigeants ont une confiance aveugle en Michel. Ils montrent de l’intérêt et sont fort présents tout en nous laissant carte blanche.  »

par stéphane vande velde- photos: belga

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