Standard, nerfs fragiles

Pierre Bilic

Même si les play-offs ressemblent plus à un film d’Alfred Hithcock qu’à un championnat de football, les Standardmen ne doivent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Ce titre, ils l’ont donné à Anderlecht et le mesurent parfaitement. Guy Luzon peut souligner jusqu’à la fin des temps que son équipe a empoché le plus de points phase classique et PO1 confondus (82 points pour 79 du côté des Mauves), il connaissait les règles du jeu. BesnikHasi les a bien gérées, Luzon n’a su que faire d’une avance de… huit points (!) sur Anderlecht après la première journée des PO1. LaurentCiman a souligné que tout s’est joué à Anderlecht et face au Club Bruges à Sclessin, deux rencontres que le Standard méritait de gagner avant de les perdre.

Stress, peur de gagner, inexpérience, absence de WilliamVainqueur contre Bruges : tout cela a joué un rôle mais, au cours des PO1, le Standard n’a plus atteint la qualité de jeu qui fut la sienne au coeur de l’hiver. Luzon n’a pas su gérer les événements sur trois des quatre tableaux de la saison : l’Europa League, les PO1 et la Coupe de Belgique. C’est quand même beaucoup et son fameux turn over n’a finalement débouché sur presque rien.

On retiendra aussi un manque de variétés dans ses conceptions de jeu. Au repos, à Anderlecht, Hasi a su haranguer ses gars, les réveiller alors que le coaching de Luzon devenait plus hésitant : qu’a-t-il dit au repos à ses joueurs après une première mi-temps royale, la meilleure signée par un club de D1 cette saison ? La peur et le manque de fraîcheur n’ont alors pas résisté au power football des Mauves. Luzon sembla à court d’idées alors que Kanu réclamait le changement de Michy Batshuayi qui perdait de plus en plus de ballons. Luzon a plié face à un Hasi plus madré. Son équipe n’a pas tenu physiquement et nerveusement à Anderlecht.

La jeunesse et le style Luzon ont eu un impact sur l’effectif : positif et négatif. Luzon a lancé des jeunes comme Julien De Sart et Dino Arslanagic. D’autres ont confirmé leur potentiel, à l’image de Paul-José Mpoku, Batshuayi, Imoh Ezekiel, etc. William Vainqueur a confirmé son statut, tout comme Jelle Van Damme et Ciman, meilleur Standardman de la saison. Mais la nervosité de Luzon s’est retournée contre ses joueurs, aussi stressés que lui alors que le calme s’imposait. La gestion des émotions de Luzon a coûté quelques points. C’est un Standard tendu, fortement replié sur lui-même, aux idées étriquées, qui a émergé contre Genk. Tout cela servira probablement de leçon aux Liégeois et à leur coach. Jean-François de Sart, qui est en fin de contrat, a affirmé que le Standard ne changerait pas de cap : l’accent sera plus que jamais mis sur la formation. Mais il y aura des départs. Daniel Opare est cité au FC Porto et les offres ne manqueront pas pour William Vainqueur, qui ne serait pas facile à remplacer, même si De Sart a le costume de l’emploi.

Il y a le cas Batshuayi aussi, pétri de talent mais qui entretient une relation d’amour-haine avec le public de Sclessin. La preuve en a été donnée contre Genk. L’artiste a joué au soliste, a gaspillé des occasions de but au lieu de servir un équipier mieux placé, perdu le titre de meilleur buteur, etc. On n’ose imaginer la bronca du stade à son égard si Genk avait égalisé et privé le Standard d’un billet pour le 3e tour de qualification de la Ligue des Champions. Un départ s’impose pour lui. Le Standard devra chercher un buteur et un chef d’orchestre si Vainqueur s’en va. Et trouver un remplaçant à Daniel Opare…

PIERRE BILIC

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