Stabilité, SVP

Après avoir accumulé les rôles la saison passée, le Limbourgeois veut s’imposer au back droit cette année

Hugo Broos: « Si nous parvenons à inscrire deux buts à Stabaek, c’est gagné. Je ne vois pas cet adversaire en marquer autant contre nous sur son terrain ». Les prévisions du coach du RSCA formulées dans ces mêmes colonnes mercredi passé, se sont donc bel et bien vérifiées le lendemain, puisque ses ouailles se sont finalement imposées par 1 but à 2 au stade Ullevaal d’Oslo. L’équité commande toutefois d’écrire que ce succès ne reflétait guère la physionomie d’une partie au cours de laquelle les Norvégiens s’étaient montrés menaçants jusqu’au bout. Et il n’y aurait sans doute pas eu grand-chose à redire si le remuant Marel Johann Baldvinsson n’avait pas loupé l’immanquable en ratant la cible d’un fifrelin à quelques secondes à peine de la fin de la rencontre et ce, après avoir déjà frappé le cadre du but de Filip De Wilde peu avant l’heure de jeu.

En matière de réalisme, les Sportingmen, eux, se seront avérés beaucoup plus efficaces. Tout d’abord en exploitant leur seule véritable occasion des 45 premières minutes, par l’entremise de Gilles De Bilde sur un service de Clayton Zane. Puis en convertissant de manière quelque peu chanceuse, suite à un contrôle du bras, leur deuxième opportunité réelle en seconde période, via le débutant Sherjill Mc Donald. Peu de temps auparavant, sur une phase en tous points analogue, Walter Baseggio avait déjà piqué de justesse, à côté du goal de Jan Knudsen, un corner tiré une nouvelle fois au cordeau par Mark Hendrikx. Impliqué sur les actions les plus dangereuses des siens et auteur d’un match sans reproche face à l’ailier Tryggi Gudmunsson, le back droit des Mauves se rachetait là après un début de championnat en demi-teinte ainsi qu’une prestation mitigée à l’aller, face à ces mêmes joueurs nordiques, qui lui avait d’ailleurs valu de se faire siffler par le public anderlechtois.

Mark Hendrikx: « Quand l’équipe ne répond pas tout à fait à l’attente, comme ce fut le cas face à Stabaek au Parc Astrid, il est normal que les supporters manifestent leur mécontentement. Ce soir-là, leur colère s’était portée sur moi. A raison, peut-être, car je n’avais sûrement pas livré un match d’anthologie. Il était tout simplement dans la lignée de ceux que j’avais disputés depuis le début de la saison: ni bons, ni mauvais, mais tout juste passables. Curieusement, depuis cette rencontre, j’ai le sentiment d’être enfin parti du bon pied. Tout a commencé par un assist sur le premier but d’Ivica Mornar lors de notre rencontre suivante contre Mouscron, suivi par une bonne performance à Charleroi et, à présent, cette qualification européenne où j’aurai été à la base du but victorieux. C’est le signe que je suis enfin sur le bon chemin. Du moins, je l’espère ».

La polyvalence faite footballeur

Pourquoi votre entame de championnat fut-elle à ce point laborieuse?

L’année passée, déjà, elle avait été difficile. Mais pour d’autres raisons. A l’époque, à ce stade-ci de la compétition, j’avais déjà été utilisé à trois places différentes par Aimé Anthuenis: milieu gauche contre l’Antwerp, flanc droit face à Genk et back gauche à Lommel. Pour un nouveau venu, il était d’autant moins évident de se situer que l’équipe ne tournait vraiment pas. Cette fois, c’est différent. Jusqu’au match retour contre Stabaek, je n’ai été confiné qu’à un seul poste: celui de back droit. Pour la première fois depuis mes grands débuts comme attaquant, à Lommel, je me retrouve donc aujourd’hui sur une portion du terrain où je puis utiliser mon meilleur pied, le droit. C’est une aubaine pour moi et je suis content de cette évolution mais je dois encore me situer pleinement dans cette fonction, nouvelle pour moi, ainsi que dans mon entourage. Car il ne faut quand même pas perdre de vue que d’une campagne à l’autre, les trois quarts de la défense ont changé puisque seul Glen De Boeck a été reconduit dans son rôle. Il n’est pas illogique, dans ces conditions, que la ligne arrière n’ait pas toujours été des plus hermétiques.

Après trois journées, marquées par un passif d’un but à peine, chacun parlait pourtant d’un renouveau dans ce secteur en raison de la bonne tenue des deux nouvelles recrues, Tihinen et Zewlakow. Depuis lors, toutefois, le RSCA a singulièrement pris l’eau: deux buts contre La Gantoise, autant à l’Antwerp, trois contre Mouscron et un contre Charleroi et Stabaek. Les observateurs sont-ils allés trop vite en besogne en évoquant la nouvelle solidité de la ligne arrière?

Les premiers matches ont un peu tronqué la réalité. Sous prétexte que nous nous étions bien tirés d’affaire à Westerlo et au Standard, deux déplacements soi-disant périlleux, beaucoup ont effectivement conclu à une nouvelle donne. Avec le recul, et compte tenu des déboires de ces deux formations en championnat, on se rend compte que ces deux matches à l’extérieur ne représentaient peut-être pas un danger insurmontable. Par la suite, face à des équipes qui mettaient résolument le nez à la fenêtre, comme La Gantoise précisément ou encore Mouscron et Stabaek, on aura pu mesurer que tout n’était pas encore au point chez nous. A Oslo, nous avons souffert chaque fois que l’adversaire haussait le rythme des échanges après avoir récupéré le ballon. Dans ces cas-là, il y a trop de distances entre nos lignes et, dès l’instant où nous devons pour ainsi dire jouer homme contre homme derrière, nous sommes vulnérables. Il y avait déjà eu l’un ou l’autre avertissements en ce sens en championnat, sans conséquence cependant. Mais en Coupe d’Europe, le moindre manquement se paie cash. Et nous avons failli le vérifier à nos dépens.

Face à Stabaek, vous avez dû vous acquitter personnellement de trois tâches différentes: back droit au départ face à Tryggi Gudmundsson, puis médian droit suite à l’entrée au jeu de Bertrand Crasson en remplacement de Gilles De Bilde et, enfin, milieu axial après la montée sur le terrain d’Aruna Dindane en lieu et place de Sherjill Mc Donald. Vous restez le joueur polyvalent par excellence. Mais êtes-vous heureux de ce statut?

Si j’avais refusé une autre attribution au moment où je jouais encore à l’avant, à Lommel, tout porte à croire que je n’aurais pas évolué par la suite à Genk d’abord et maintenant au Sporting. Aussi, je suis d’avis que ma polyvalence m’a plutôt servi que desservi jusqu’à présent. Et si elle peut profiter à l’équipe, comme il en est allé lors du retour à Stabaek, j’en suis le premier content. Il n’en reste pas moins qu’à 28 ans, j’aspire aussi, dans une certaine mesure, à un peu plus de stabilité. J’ai prouvé jusqu’à présent que je pouvais être utile dans ou telle attribution. C’est bien, mais si je veux me perfectionner, il est peut-être temps que je reste rivé à une seule place. Et c’est pourquoi j’étais très heureux de l’évolution de ma situation personnelle en ce début de saison. Car hormis cette triple mission en un seul match, contre Stabaek, je n’avais jamais été titularisé qu’en tant qu’arrière droit. C’est un poste qui me plaît vraiment et je suis convaincu que si j’ai la possibilité de m’y maintenir, je m’étofferai encore. Mes meilleures années doivent encore venir.Des perspectives à Anderlecht et chez les Diables

Fut-ce une surprise, pour vous, de vous retrouver à droite alors que l’essentiel de votre carrière en D1 s’était déroulé à gauche?

A l’occasion du dernier match de la saison écoulée, Aimé Anthuenis m’avait pour la première fois aligné dans ce rôle. Comme il a souvent de la suite dans les idées et qu’il avait déjà été à l’origine de mon utilisation comme back, je m’attendais à ce qu’il reconduise cette expérience cette année. Et cette intention s’est vérifiée dès la reprise, aussi bien avec lui qu’avec son successeur, Hugo Broos. Il est vrai que le Sporting n’a pas vraiment l’embarras du choix dans ce secteur, contrairement à ce qui se passe à gauche où Zewlakow, Deschacht, Traoré et Ilic peuvent se relayer avec bonheur. De l’autre côté, seuls Crasson et moi-même entrons en ligne de compte comme backs, dans la mesure où tous les autres qui avaient été essayés à ce poste, tels Hasi, Pirard ou Junior ne sont pas des latéraux de formation. Pour moi, la seule véritable concurrence, c’est Berre. Et j’ai la chance de l’avoir supplanté jusqu’à présent. Je veux m’accrocher et faire mon trou désormais.

En équipe nationale, il existe peut-être des perspectives aussi entendu que personne ne s’est vraiment imposé à cette place, qu’il s’agisse de Crasson, Deflandre, Peeters ou Vreven. La preuve: dans l’optique des matches contre Andorre et l’Estonie, Aimé Anthuenis vient d’appeler un nouveau latéral droit dans son effectif: Olivier De Cock.

C’est vrai mais je n’y pense pas pour le moment. Le plus important, à mes yeux, c’est de me stabiliser dans l’équipe et de confirmer dans mon nouveau rôle. Je crois que j’ai encore une marge de progression appréciable car je ne suis qu’à 70% de mes possibilités. Mon marquage et mon positionnement sont perfectibles, sans compter que je dois encore peaufiner mon entente avec les autres. A cet égard, je dois avouer qu’Ivica Mornar est souvent tout aussi déroutant pour moi que pour son adversaire direct. Je me souviens que lors de notre match à Westerlo, tout s’était vraiment passé comme dans un rêve. Nous avions d’ailleurs été à l’origine du premier but inscrit par Ki-Yeon Seol: j’avais cédé le ballon dans ses pieds sur l’aile droite et, par le biais d’une cuillère, il m’avait lancé en profondeur le long de la ligne avant que je délivre un centre repris en un temps par le Coréen. Au cours des matches suivants, je me suis encore engouffré plusieurs fois dans la même brèche mais sans recevoir le ballon pour autant. Ivica Mornar est ainsi fait qu’il privilégie fréquemment l’action individuelle lorsqu’il n’est pas sûr qu’un une-deux ou qu’une balle en profondeur aboutira dans mes pieds. Pour moi, il est toutefois important de sentir ce qu’il fera, sinon la porte est évidemment grande ouverte pour l’opposant sur la contre-attaque.

D’autant plus que le Croate ne brille pas vraiment en matière de récupération du ballon?

Il faudra pourtant bien qu’il s’y mette si l’entraîneur veut continuer à jouer avec trois, voire quatre attaquants comme cela s’est déjà passé quelquefois cette saison. Par rapport à Bruges, où tout le monde est visiblement concerné au premier degré par le collectif, le problème, chez nous, c’est l’autodiscipline. Beaucoup ne sont pas assez conscients des difficultés qui peuvent surgir dans l’équipe dès l’instant où ils ne font pas leur part de travail. L’entraîneur a beau insister tant et plus sur ce point, la balle est surtout dans le camp des joueurs qui doivent avoir d’eux-mêmes le réflexe d’aller au secours d’un coéquipier. Le jour où tout le monde en sera conscient, nous serons imbattables. En Belgique, du moins. Ce serait déjà un bon début.

Bruno Govers

Bruno Govers

« Mornar est aussi déroutant pour moi que pour l’opposant »

« Le problème, chez nous, c’est l’autodiscipline »

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