Speedy Hernandez

Pour étouffer quelque peu l’affaire Rooney, Alex Fergusson nous a sorti un nouveau lapin de son chapeau : il est mexicain, jeune, souriant et plante des buts. Le parfait cocktail pour enivrer Old Trafford.

Reposer une cheville endolorie, reconquérir une Coleen meurtrie par ses infidélités répétées, fuir des fans qui le sont de moins en moins, ou rosir une peau qui n’en avait vraiment pas besoin, Wayne Rooney avait pas mal d’objectifs en vacances à Dubaï, quelques jours après avoir paraphé un fructueux contrat à 200.000 euros la semaine. Grâce au pay-per-view de sa chambre d’hôtel du Burj-Al-Arab, temple de l’excès et du mauvais goût, le kid de Liverpool aura certainement jeté un £il sur la relève. Après le Berbashow du début de saison, c’est désormais Javier Hernandez, surnommé et floqué Chicharito (le petit pois), d’occuper le devant de la scène.

Le 16 octobre, le jeune mexicano de 22 ans inscrit son premier but en PremierLeague face à West Bromwich Albion. Une semaine plus tard, il enfile les deux pions de la victoire à Stoke City (1-2) qui permet aux Red Devils de ramener leur premier succès away en championnat. La Chicharitomania est en marche. Lors du CharityShield face à Chelsea, on y décelait déjà les prémices. Hernandez électrise les fans mancuniens par ses premières courses et ses premiers dribles. Ces derniers sont toutefois conscients que Chris Smalling, défenseur de 20 ans venu de Fulham, et un jeune Aztèque inexpérimenté pour seules arrivées de l’été, voilà qui est plutôt maigrichon quand on veut concurrencer l’armada des Blues. Mais le manager, AlexFergusson, n’en a cure et sait vendre ses nouveaux produits.  » Nous avons acheté de l’or à moitié de prix « , déclare-t-il à l’intersaison.

Une fin envisagée à 20 ans

Personne ou presque n’a entendu parler de ce Hernandez quand en avril dernier, United le signe en échange de 8 millions d’euros. Chicharito sort d’une saison à 21 buts en 27 matches de championnat (Tournoi d’Ouverture et Tournoi de Clôture compris). Il est la star de Guadalajara et de son club Chivas où il évolue depuis ses neuf ans. Cette succès story a toutefois mis du temps à se dessiner. A 20 ans, Javier Hernandez songe même à arrêter le foot et reprendre les études. Ses deux saisons vierges de buts avec l’équipe première de Chivas le plombent d’autant que trois ans plus tôt, en 2005, il vit une énorme désillusion : le Mexique remporte son premier titre mondial de son histoire lors du championnat du monde des -17 sans lui. La veille du départ pour le tournoi, Hernandez est laissé sur le carreau et voit de son canapé les Giovanni Dos Santos et Carlos Vela briller. En 2008, Il faudra toute la force de persuasion du padre, Javier Hernandez Gutierrez (un ex-international qui a participé à la Coupe du Monde de 1986, lui-même rejeton de Tomas Balcazar membre de la sélection aztèque à la Coupe du Monde de 1954) pour que Chicharito ne remise les crampons.

Aujourd’hui, tout le monde au Mexique s’en félicite. Le numéro 14 de Manchester United est la star numéro un au pays. Lors de la dernière Coupe du Monde, le vieux Guilermo Franco a beau lui être préféré à la pointe de l’attaque, c’est Chicharitio qui s’attire les louanges de la presse internationale. Il ouvre d’abord la voie du succès face à la France après avoir effacé Hugo Lloris, et inscrit un but aussi beau qu’inutile face à l’Argentine après s’être débarrassé de Martin Demichelis d’un superbe contrôle orienté suivi d’une frappe dans le plafond qui l’était tout autant.

Baby Face Killer

A la sortie du tournoi, Sir Alex peut se frotter les mains, les huit millions dépensés ne pèsent rien par rapport à sa nouvelle valeur marchande qui est estimée au double. Chicharito fait partie des révélations en Afrique du Sud. Son nom est également imprimé dans le livre des statistiques du Mondial. Javier Hernandez tape une pointe à 32,15 km/h ce qui fait de lui le joueur le plus rapide du tournoi.

En Angleterre, cette explosivité permet à son mètre 73 et ses 62 kg d’éviter les charges des défenseurs rugueux. Malgré ce physique plutôt fluet, le bonhomme est complet et a surtout faim d’apprendre.  » C’est un grand professionnel. Il est le premier à l’entraînement et le dernier à repartir. Et ceci, chaque jour « , témoigne Fergusson. Rien de tel pour le rendre sympa aux yeux des fans mancuniens qui l’adoubent du surnom de nouveau Baby Face Killer, une sorte d’ Ole Gunnar Solskjaer des Tropiques. Et Chicharito le leur rend bien. Malgré son statut de supersub, de backup du duo Rooney- Berbatov, le premier Mexicain de l’histoire de Manchester United a pris un départ en trombe. Six buts en 11 matches (toutes compétitions confondues), seul Bobby Charlton avait fait mieux, et seul Rooney l’a égalé dans l’histoire des Red Devils. Si son retour n’est pas encore à l’ordre du jour, Roonaldo va en tous les cas devoir suer de tous ses pores pour éjecter la nouvelle coqueluche d’Old Trafford du onze de base. D’autant que quand Speedy Hernandez est lancé…

par thomas bricmont – photo: reporters

Flashé à 32,15 km/h, il est le joueur le plus rapide de la Coupe du Monde.

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