Spaghetti gaucho

Une toile d’araignée décrochée face aux Spurs, des courses effrénées et des crochets dévastateurs : présentation d’une des grandes attractions des Merengues proposée à… Anderlecht en 2006.

« Je veux un latéral, un milieu de terrain et Di Maria « . Quand José Mourinho s’installe à Madrid, c’est avec sa naturelle arrogance et ses grosses ambitions. Pourtant, le seul nom marqué à l’indélébile par le technicien portugais, c’est celui d’un Argentin de 22 ans appartenant alors à Benfica et prêt à s’envoler avec la sélection albiceleste vers l’Afrique du Sud. On est loin, très loin, des acquisitions Ballon d’Or estampillées  » Galactiques  » dès leur arrivée à Madrid début 2000. Sa clause libératoire n’est pourtant pas piquée des vers : 40 millions d’euros. Le Real, dont l’ambition n’est plus de jeter l’argent par les fenêtres, conclut le deal aux alentours de 25 millions (avec quelques grosses primes en bonus).

Mais quand Di Maria est présenté au public de Bernabeu après son court séjour sud-africain, l’Argentin ne fait pas salle comble. Il est passé à travers son mondial comme la plupart des joueurs argentins, Messi en tête. Merci Diego.

Dans ce transfert, beaucoup avancent la griffe Jorge Mendes. Considéré comme l’agent le plus puissant au monde, le Portugais a notamment dans son portefeuille Cristiano Ronaldo, Ricardo Carvalho et… Mourinho (dont il est un ami proche), tous trois actifs à la maison blanche.

Mais Di Maria, qui s’inscrit dans une campagne de transferts jeune et économe pour les normes madrilènes, va très vite dépasser le stade du joueur pistonné. Aux côtés des newcomers allemands Mesut Ozil, Sami Khedira, le gaucher gaucho va rapidement conquérir le c£ur des exigeants supporters madrilènes. Pour preuve, un sondage à la mi-novembre, le place en tête des recrues préférées.

Un physique à la Franky Vander Elst

Au-delà de sa patte gauche géniale capable de déposer dans les filets des extérieurs savoureux, ce qui plaît tant aux socios et à ses coaches, c’est la façon dont le bonhomme mouille le maillot :  » Il ne baisse jamais d’intensité, ce qui fait sa force et qui fait que c’est un très grand joueur « , adoube Special One. Très tôt, le petit Angel a mis la main dans le cambouis ou plutôt dans le charbon puisqu’il accompagnait dès quatre ans, son père, charbonnier, dans ses déplacements. C’est aussi à cet âge que le fils débute à Torito, petit club de quartier de la ville de Rosario où il est né. Et ce après une visite chez le médecin qui conseilla aux parents de faire faire du sport à l’hyperactif Angel. Le talent est tel que le club de Rosario s’en empare dès 7 ans en échange (dit-on) de 400 ballons.

Angel pousse vite mais ne s’épaissit guère, d’où les rapides surnoms El Flaco (le maigrichon) ou le plus imagé, El Fideo (sorte de spaghetti argentin). Malgré ce physique à la Franky Vander Elst, Di Maria débute à 17 ans avec l’équipe première de Rosario et fait partie de la génération montante albiceleste sacrée championne du monde des -20 en 2007 au Canada. Un an plus tôt, il est proposé à Anderlecht en échange de 700.000 euros. Sans résultat ; l’expression  » s’en mordre les doigts  » a encore de beaux jours devant elle au Parc Astrid…

Coup du foulard ou ballon piqué

Juin 2007, Di Maria s’en va finalement à Benfica en échange de 3 millions d’euros (certains évoquent la somme de six) et est présenté comme le successeur de Simao parti à l’Atlético Madrid. A coups de doubles contacts et passements de jambes, ElFideo enflamme régulièrement le Stadio de la Luz mais ne trouve jamais le chemin des filets en championnat lors de sa première saison en Superliga. Ce but, il le garde pour l’été, où en Chine il s’empare de la médaille d’or des JO avec l’Argentine de Lionel Messi en étant le seul buteur de la finale face au Nigeria grâce à un splendide ballon piqué. La suite n’est que montée en puissance pour Di Maria dont le but la saison dernière en Europa League face à l’AEK Athènes d’un génial coup du foulard face au gardien fait le plein de clics sur Youtube.

La meute des gros cubes européens, qui avait déjà fait montre de son intérêt l’été 2009 ( Pep Guardiola en faisait notamment une de ses priorités), devient en juin trop oppressante pour l’illustre club lisboète. Malgré l’attaché-case rempli de pounds à RomanAbramovitch, Di Maria choisit finalement l’Espagne et le Real. Et personne à Madrid n’y trouve à y redire. D’autant que l’Argentin est plutôt discret en dehors des prés : sorte d’anti- Beckham, évoluant à gauche, buteur-perforeur, et au physique plutôt difficile, il est capable de mélanger grâce et hargne sur un terrain.  » C’est un joueur spectaculaire comme on en voit dans les cours de récréation « . Signé Diego.

THOMAS BRICMONT – PHOTO: REUTERS

 » Il ne baisse jamais d’intensité ! C’est sa force et ça en fait un très grand joueur.  » (Mourinho)

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