SOUS PRESSION

Après avoir relevé la tête face à Waasland Beveren, le Club doit confirmer cette fois. Au risque de retomber dans ses travers.

L’entraîneur laisse dire, même s’il reconnaît que l’hommage que lui a rendu le public brugeois dimanche soir lui a fait plaisir et a confirmé le fait qu’à ses yeux, la famille restait unie. Mais pour qu’il en soit vraiment ainsi, il faudrait que Sinan Bolat effectue d’urgence quelques arrêts déterminants et prenne des points, sans quoi sa relation avec le public du stade Jan Breydel pourrait en pâtir.

Pour le moment, les supporters réagissent de façon un peu cynique aux bonnes interventions du nouveau gardien et se moquent un peu trop lorsqu’il commet une erreur. Bolat, qui n’a toujours pas rendu une seule clean sheet, risque donc d’avoir des soucis avec la famille.

LACUNES DÉFENSIVES

Le Club a vécu une semaine un peu folle. Après le 5-0 à Naples, Victor Vazquez en a pris plein la figure. Etrange quand on sait qu’au pied du Vésuve, c’est surtout la défense qui a pris l’eau. Et même si chacun a un rôle à remplir en perte de balle, ce n’est sans doute pas la faute de l’Espagnol si l’arrière gauche et l’arrière droit sont passés complètement au travers, si les arrières centraux ont éprouvé toutes les peines du monde à garder le cap et si le vétéran Timmy Simons, qui disputait son 350e match sous le maillot du Club, a craqué.

Au niveau défensif – la seule chose qui compte pour un club ayant des ambitions européennes – Bruges a montré ses lacunes à Naples. Plusieurs coaches de Jupiler Pro League le faisaient déjà remarquer au cours des dernières saisons : il y a un problème défensif récurrent à Bruges. Mat Ryan a longtemps été l’arbre qui cachait la forêt (à Torino mais aussi en championnat) mais lorsqu’il n’a plus été aussi bon -pendant les play-offs- la meilleure défense de la phase régulière s’est écroulée.

Une défense à laquelle plusieurs éléments ont été ajoutés au cours des derniers mercatos (Davy De fauw en 2014, StefanoDenswil en hiver, DionJohanCools et JeanCharlesCastelletto cet été) mais dont le problème n’a toujours pas été résolu. ThomasMeunier est fort mais, dans les grands matches, ce n’est pas son boulot défensif qui ressort, De fauw s’est planté quelques fois l’an dernier et Cools a livré quelques bons matches mais la transition n’est pas simple. OscarDuarte est, certes, international mais il est souvent blessé et joue dans une défense à trois, pas en zone.

En possession de balle, Waasland Beveren l’a laissé libre et ses relances furent mauvaises. On pourrait continuer : BrandonMechele a le caractère de Simons mais pas encore sa force physique ni sa lucidité (souvenez-vous de son carton rouge à Manchester) tandis que LaurensDe Bock doit retrouver dans les grands matches l’agressivité qui était la sienne à ses débuts au Club, tout en évitant les cartons rouges. Il est souvent bon mais pas dans les grands matches.

C’est là que le bât blesse. Après le 0-4 face à Manchester United, le 5-0 de Naples était surtout à porter au compte de la défense qui a manqué de talent face à un extérieur droit formé au Real Madrid (JoséCallejon), un finaliste argentin de Coupe du monde (GonzaloHiguain) et un Belgemotivé (DriesMertens), soutenus par un entrejeu expérimenté formé de MarekHamsik (capitaine de la Slovaquie) et Jorginho. C’en était tout simplement trop pour le Club Brugeois qui, à part Duarte, ne compte aucun international et ça s’est vu tant à Manchester qu’à Naples.

BOUC ÉMISSAIRE

Mais, pour beaucoup, le bouc émissaire, c’était Vazquez, qui avait pourtant dirigé la manoeuvre face au Standard (7-1). A Naples, il est souvent venu demander le ballon fort bas, entre RuudVormer et Simons. Loin des trois avants (BoliBolingoli, Abdoulay Diaby, Pereira) qui sont tous rapides mais n’ont pas trouvé les espaces. Et l’écart entre les lignes était trop important pour qu’ils soient dangereux. Dans ce cas, Vazquez ne sert à rien. Ses passes en profondeur auraient été plus utiles face à Waasland-Beveren, qui jouait bas mais, dimanche, HansVanaken a bien rempli son rôle, amenant même le 2-0.

Ce qu’il a fait, Vazquez aurait pu le faire aussi. Qu’on ne s’y trompe pas : l’Espagnol couvre beaucoup de terrain, les statistiques le prouvent. Dans certains matches, il fait même aussi bien voire mieux que certains médians en Ligue des Champions. Cela ne l’impressionne cependant pas.  » Ils courent moins mais plus intelligemment « , dit-il. Son arrogance lui joue parfois des tours. Il n’a pas de quoi être fier de ses play-offs et il a joué avec le feu en disant qu’il voulait partir alors qu’il n’y avait pas de candidats-acquéreurs.

D’autant qu’il sent derrière lui le souffle de Vanaken, chouchou des consultants et du public (sauf de celui de Bruges). Cela ne peut fonctionner que si l’Espagnol reconnaît les qualités du joueur qui reviendra dimanche à Daknam et ne le considère plus comme un concurrent mais comme un équipier, un membre de la famille. Car le 7-1 face au Standard a démontré qu’ils pouvaient jouer ensemble. Mais le fier Catalan le veut-il vraiment ?

Le match face à une équipe de Waasland-Beveren bien faible a ramené un peu de sérénité : cinq buts inscrits, des choix clairs (Vanaken, Diaby en pointe et pas perdu sur un flanc, retour de JoséIzquierdo) et de l’engagement.

DUEL DE PRESTIGE

C’est sur ces bases qu’il doit construire son avenir. D’abord à Maasmechelen, où il défendra la coupe dont il est détenteur. Ensuite à Lokeren, où il n’a plus perdu depuis le 24 octobre 2010 et où l’occasion lui est offerte de mettre un terme à une série noire en déplacement – un nul et six défaites, toutes compétitions confondues. Suivront ensuite un match européen à domicile et la rencontre au sommet face à Gand qui, après la Super Coupe (1-0 pour Gand) constituera un nouveau duel de prestige entre Hein Vanhaezebrouck et Michel Preud’homme. Pour que Bruges respire à nouveau, il faut qu’il passe sans encombre cette série de matches (et qu’il récupère Lior Refaelov ainsi que Felipe Gedoz) avant de recevoir Ostende, d’aller à Varsovie puis à Anderlecht. Quant au problème défensif, il faudra attendre le mois de janvier pour le résoudre.

PAR PETER T’KINT – PHOTO BELGAIMAGE

L’arrogance de Vasquez lui joue parfois des tours.

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